Gaz renouvelable : évolution et développement en France

Par Anaïs Hollard , le 2 octobre 2023 - 6 minutes de lecture
Méthaniseurs installés en pleine campagne

© Patrick Siccoli

Si les énergies renouvelables ne cessent de faire parler d’elles, du solaire à l’éolien en passant par l’hydroélectricité, il en est une que l’on évoque moins. Il s’agit du biogaz, ou gaz renouvelable. Cette source d’énergie, essentiellement issue de déchets d’origine organique représente pourtant une alternative durable aux énergies fossiles. Alors où en est le biogaz en 2023 et que peut-on espérer de cette énergie verte zéro déchet ?

Tout savoir sur le gaz renouvelable

Le gaz renouvelable : qu’est-ce que c’est ?

Le biogaz compte parmi les énergies renouvelables, au même titre que l’énergie solaire, éolienne ou hydraulique. Il est essentiellement produit grâce à la fermentation de matières organiques (comme les résidus agricoles ou encore les boues d’épuration) sous l’action de micro-organismes, au cœur d’environnements dépourvus d’oxygène. Ce processus est appelé méthanisation. Le biogaz ainsi produit est principalement composé de méthane (CH4). En plus de permettre le développement des énergies renouvelables, la méthanisation présente l’avantage de participer à une dynamique d’économie circulaire, puisqu’elle concourt simultanément à traiter les déchets organiques, mais également à fournir de l’énergie ou même produire des fertilisants.

D’autres moyens existent afin de développer ce gaz renouvelable, tels que l’électrolyse de l’eau (ou power-to-gas) pour produire de l’hydrogène, ou la pyrogazéification pour produire du biométhane de synthèse.
Au contraire des énergies fossiles, comme le pétrole, le gaz naturel et le charbon, dont la présence sur terre est limitée, le biogaz, en tant qu’énergie renouvelable, est une source énergétique illimitée.

Un allié de poids dans la transition énergétique

Tout comme le gaz naturel, le gaz renouvelable peut être utilisé à des fins diverses, notamment dans la production d’électricité, de chaleur ou de carburants. Grâce à son impact environnemental bien inférieur à celui de son homologue fossile, il contribue à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et au développement des renouvelables. Selon Laurence Poirier-Dietz, directrice générale de GRDF, la combustion du biogaz produirait d’ailleurs jusqu’à 10 fois moins de CO2 que le gaz naturel !

Les avantages du biogaz résident également dans sa propension à valoriser les déchets organiques, à produire de l’énergie renouvelable et à réduire l’empreinte carbone. C’est donc une composante essentielle de la transition vers des sources d’énergie plus durables et respectueuses de l’environnement.

État des lieux du gaz renouvelable en France

Comme évoqué plus avant, le gaz renouvelable se présente donc comme une solution d’avenir, respectueuse de la planète. Toutefois, dans le paysage énergétique hexagonal, le secteur de la méthanisation apparaît vite comme le parent pauvre de la transition énergétique. En effet, selon les chambres d’agriculture, en 2021, la part de biométhane injectée sur le réseau hexagonal a représenté environ 0,9 % de la consommation totale, soit 4,3 TWh. À titre de comparaison, d’après GRTgaz, la consommation de gaz naturel au cours de cette même année s’était élevée à 474 TWh. Une dynamique qui tend toutefois à s’améliorer, à en croire les évolutions du secteur. Selon Téréga, gestionnaire du réseau de transport de gaz naturel dans le quart sud-ouest, en 2020, l’Hexagone comptait seulement 214 unités de production sur son territoire. En 2022, ce chiffre était passé à 514. Par ailleurs, c’est sans compter les ambitions de la filière du gaz renouvelable qui envisage de porter la part du biométhane à 20 % de la consommation nationale gazière d’ici 2030 !

Quel est l’avenir du biogaz en France ?

Le Gouvernement français a à maintes reprises affiché son soutien aux énergies renouvelables, en portant une attention toute particulière au développement du gaz renouvelable. À ce titre, certaines dispositions sont d’ores et déjà convenues : 

👉 La Loi de Transition Énergétique pour la Croissance Verte (LTECV) fixe l’objectif de porter à 10 % la part de biogaz dans la consommation française de gaz naturel à l’horizon 2030 ;
👉 La Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) prévoit quant à elle un objectif d’injection de 7 à 10 % de biométhane à l’horizon 2030, ainsi qu’un objectif 14 et 22 TWh pour 2028.

Du côté des ressources disponibles, d’après une étude réalisée par Solagro et Inddigo pour le compte de l’Ademe en 2013, les gisements potentiels de substrats utilisables en méthanisation ont été évalués à « 130 millions de tonnes de Matière Brute, soit 56 TWh d’énergie primaire en production de biogaz ». Ils sont composés à 90 % de matières agricoles1. Un niveau bien supérieur à celui prévu par la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE).
Pour sa part, le Syndicat des énergies renouvelables (SER) réclame un soutien accru au développement de cette énergie locale et renouvelable de la part du Gouvernement et estime que « si l’État fait accélérer l’instruction des dossiers en file d’attente par ses services et garantit un dispositif de soutien stable, on connaîtra une forte accélération du nombre de nouveaux projets. Dans ces conditions, les gaz renouvelables peuvent représenter 20 % de notre consommation de gaz en 2030 »2

Le biogaz en France : chiffres clés

Le biogaz représente donc un véritable tremplin vers la décarbonation de nos consommations. Avant d’atteindre les 20 % de consommation estimés par les acteurs du secteur, il lui reste toutefois un grand nombre d’étapes à franchir pour s’installer durablement dans le paysage énergétique du pays. Voici quelques chiffres à connaître concernant la filière du gaz renouvelable en 2023 : 

🌱 591 : c’est le nombre d’installations qui ont injecté du biométhane, après production et épuration de biogaz, dans les réseaux de gaz naturel ;
🌱 10,5 TWh : c’est la capacité de production de biométhane en France ;
🌱 4,3 TWh : c’est la quantité de biométhane injectée sur le réseau hexagonal au 1er trimestre 2023.

1Source : Ministère de la transition écologique, Bigaz
2Source : Communiqué de presse du SER et des gestionnaires des réseaux gaziers – GRDF, GRTgaz, Les gaz renouvelables, l’opportunité à saisir pour notre indépendance énergétique

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Anaïs Hollard

Captivée par les sujets liés à l’énergie, Anaïs a longtemps collaboré avec de grands acteurs du secteur, avant de choisir la voie de l’indépendance, en tant que journaliste web. Aujourd’hui, elle continue de délivrer son expertise en matière d’énergie et de transition écologique. Ses passions : la lecture, l’écriture (forcément) et les DIY créatifs !

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