Goran le permaculteur cartonne sur les réseaux
À seulement 21 ans, Goran Puig, jeune agriculteur dans la Drôme, propose à plus de 500 000 abonné·e·s sur Instagram et Tiktok des vidéos autour de la permaculture. Il nous raconte ce qui l’a poussé à se lancer dans son projet de micro-ferme, et à en parler autour de lui avec son ami Hugo Mottin avec lequel il réalise les vidéos.
Que peut-on trouver sur tes comptes Instagram et Tiktok ?
Sur Instagram, Tiktok et bientôt Youtube, il s’agit de vidéos avec des conseils de jardinage : comment entretenir ses plantes, comment les tailler, comment nourrir ses plantes, préparer son sol… Je donne des astuces et petits tips pour le potager. Et sur Instagram uniquement, je présente l’évolution de ma micro-ferme avec les aléas qui s’y passent, l’évolution des légumes et les projets en cours.
À quel moment as-tu décidé de créer un compte sur les réseaux sociaux pour parler de permaculture ?
On s’était dit, avec mon ami Hugo, que quand il rentrerait de son voyage en sac à dos en Asie, on ferait des vidéos et un site internet sur ce que je propose à la ferme, pour que le jour de l’ouverture officielle, on ait une petite base de choses à montrer. On a démarré il y a quatre mois, en avril. On s’est lancé un objectif : 30 jours, 30 vidéos, donc une vidéo par jour où on donne plein d’astuces pour le jardin, les semis, les légumes. Au bout de la quatrième vidéo, on avait déjà atteint les 10 000 abonnés sur Tiktok ! C’est allé crescendo derrière. En un mois on était à un peu plus de 60 000 abonnés, et une semaine après 150 000. Après ça ne s’est plus arrêté. Début juin on a commencé sur Instagram et en deux mois on est passé de 3000 abonnés à 512 000. Sur Tiktok on est à 350 000 abonnés.
Est-ce que tu t’attendais à un tel engouement pour vos vidéos ?
Ça a été une très grande surprise. On ne s’attendait pas à ce que ça plaise autant ! Je pensais vraiment que j’allais faire face à plein de critiques, à plein de personnes malveillantes. Mais on est sur 99,9 % de bienveillance ! Sur la totalité des vidéos, on a un commentaire négatif par vidéo. C’est vraiment hyper encourageant, hyper positif. Et ça motive.
Pourquoi as-tu décidé de te lancer dans la permaculture ?
C’est un projet de vie. En fait je me suis rendu compte que tout ce que je pouvais faire dans cette micro-ferme, c’était vraiment des choses qui me ressemblaient, des choses qui pour moi incarnent la liberté, le fait de pouvoir faire ce qu’on veut, selon les saisons, en accord avec la nature, d’être en plein air, de se lancer des objectifs… C’était vraiment une sorte de gros challenge, qui au final s’est transformé en véritable passion. Je n’ai pas fait d’études d’agriculture. Pendant que j’étais en études de philo, je me suis beaucoup questionné sur ce que je voulais faire dans la vie et j’ai découvert la permaculture. Pendant plusieurs mois, je me suis beaucoup renseigné avec des vidéos et des livres. J’ai recueilli le maximum d’informations pour avoir les connaissances nécessaires pour monter une micro-ferme. Et au bout de six mois, j’ai commencé à monter le projet sur un terrain que j’ai hérité de mes parents. C’était en février 2021.
Peux-tu nous en dire plus sur ce projet de micro-ferme ?
Ma micro-ferme est encore en aménagement. J’ai un hectare, à Romans-sur-Isère dans la Drôme. Il y a déjà un peu de production, mais personnelle. L’idée c’est de l’ouvrir dès le printemps ou l’été prochain. Aujourd’hui, il y a beaucoup de plantes et quelques animaux : des oies, un chien, des poussins, des poules. À terme, l’idée c’est d’avoir encore plus d’animaux : chevaux, vaches, moutons, chèvres, lapins… Pour de la pédagogie, pas pour de la consommation animale. L’idée c’est de faire une production maraichère sur cette ferme et de faire de la pédagogie, en recevant des écoles, des collèges, des lycées. Proposer des journées d’initiation, des stages, des visites, expliquer aux enfants et adultes comment ça fonctionne.
Aujourd’hui, est-ce que ce que tu fais t’anime ?
Je pense que c’est le choix que j’ai fait qui me permet le plus de m’épanouir dans ma vie et qui dans les futures années me permettra de m’épanouir de plus en plus. C’est vraiment une vocation. Tous les choix que je fais aujourd’hui, personne ne me les a imposés, je me les suis imposés moi-même. Je n’ai pas repris l’exploitation de mes parents par exemple. C’est vraiment mon initiative.
Comment est venue ta conscience écologique ? Petit à petit ou par un déclic ?
A la base, je viens de la campagne, donc j’ai toujours eu quand même cet esprit nature. Quand j’étais petit, je faisais beaucoup de vélo, on sortait souvent marcher, on allait dans la forêt, on faisait des cabanes. J’ai toujours eu ce grand plaisir de la nature. C’est venu plutôt crescendo que ce soit une passion qui vire même jusqu’à l’obsession !
Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui voudrait se lancer dans la permaculture ?
Je conseillerais surtout de s’accrocher parce que ce n’est pas de tout repos ! C’est beaucoup de sacrifices, mais c’est beaucoup de plaisir aussi. Et je pense qu’il faut croire en soi et se former par tous les moyens : de son côté, en travaillant chez un maraicher, en faisant des études… Bien se former et aussi être prêt à toute éventualité, à ce qu’il y ait des hauts et des bas. Et surtout, ne pas hésiter à venir me voir !
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