Julie, éco-activiste de 15 ans, engagée pour l’écologie sur instagram avec son compte @sauvonslaterrejl

Par Gaëlle Coudert , le 18 octobre 2023 — interview - 8 minutes de lecture
Julie, Sauvons la terre

Crédit : DR

À seulement 15 ans, Julie, fraichement lycéenne, poursuit son engagement dans des combats environnementaux qui lui tiennent à cœur. Son compte Instagram @savonslaterrejl compte plus de 30 000 abonnés. Elle nous parle de sa passion pour l’écologie.

Que peut-on trouver sur ton compte Instagram ?

Sur mon compte, on peut trouver plein de choses, parce que ça fait plus de trois ans que je suis sur Instagram sous ce nom-là. Dernièrement, si on s’arrête à mes dernières publications, on peut voir qu’il y a toutes les photos des ramassages de déchets que j’ai effectués pendant les vacances avec mon challenge de ramassage des mégots qui a duré tout l’été. Il doit y avoir un peu plus d’une dizaine de posts, où l’on voit les déchets et les mégots que j’ai ramassés. Il y a une petite explication où j’explique combien j’en ai, combien de temps ça a duré, où je les ai ramassés. Après on trouve aussi des photos de moi en rapport avec d’autres actions que je mène. Et si on remonte un peu plus loin, il y a quelques mois, je faisais aussi des posts « le saviez-vous ? » mais depuis quelque temps, c’est vraiment axé sur mes actions. Dès que je fais une action, je la poste sur les réseaux sociaux, et j’explique ce que j’ai fait et pourquoi. Par exemple pour les mégots, j’avais prévu de les récupérer pour pouvoir en faire autre chose, pour pouvoir les redonner, et je l’ai expliqué aussi.

Qu’as-tu lancé comme pétition dernièrement ? 

J’ai lancé plusieurs pétitions en ligne. La dernière que j’ai lancé est basée sur une ancienne pétition. En février dernier, je me suis lancée dans un nouveau combat : les verres de présentation chez l’opticien. C’est un sujet qui était méconnu, et je pense qu’il est encore très peu connu, même si j’ai la chance de pouvoir passer à la télé, et faire quelques articles de journaux pour expliquer un peu le sujet. Après avoir passé mon été à ramasser les déchets, je me suis dit que c’était le moment de reprendre mon action en main, et l’option la plus simple que j’ai trouvé c’était de refaire une nouvelle pétition que j’ai beaucoup développé. En février, quand je me suis lancée dans ce combat, je n’étais pas du tout informée. Et en un peu plus de huit mois, j’ai beaucoup appris. Au fond, c’est la même pétition, les mêmes problèmes, les mêmes solutions. Elle est juste plus développée, plus explicative.

Qu’est-ce que tu demandes dans cette pétition ?

J’expose le fait que les verres de présentation, qui sont des verres en plastique mis par les fabricants optiques qu’on peut voir exposés dans des magasins sont très peu recyclés voire pas du tout. Vu qu’il y n’y a pas assez de quantité et que les verres de présentation ne sont pas tous faits dans la même matière, c’est très compliqué à recycler. Moi ce que je dis, c’est que le plus simple à faire serait de complétement arrêter cette production inutile.

Quand as-tu commencé à t’intéresser aux sujets liés à l’écologie ?

J’ai commencé mon engagement à l’âge de 11 ans pendant le confinement de 2020. Au début, ça a commencé avec une amie ? On a créé un site internet qui n’est plus disponible. Elle a arrêté parce que ça ne l’intéressait plus, mais pour moi, une vraie passion est née. Pendant les quelques mois où je ne faisais rien avant l’ouverture de mon compte sur Instagram en août 2020, je me suis rendu compte que ce que j’ai fait a changé ma vie. Je me suis rendu compte à quel point c’est important pour moi d’avoir cette bataille. 

Est-ce que quelque chose de précis a déclenché ton intérêt pour l’écologie ?

Déjà, mes parents n’ont jamais été de gros pollueurs, loin de là, on avait du compost, des panneaux solaires, j’ai toujours été sensibilisée au sujet. Mais le déclic, c’était en 2020, pendant le confinement. L’amie avec laquelle j’ai créé le site internet m’a montré un article de Greta Thunberg qui disait que nous, les génération futures, on a besoin d’agir. Ses mots, je les ai trouvés très poignants. A 11 ans, c’était la première fois que j’entendais ça. C’est à ce moment-là qu’est née ma passion pour l’environnement. J’avais 11 ans, notre site internet, ce n’était pas nul, mais c’était un truc d’enfants. On faisait des petits « le saviez-vous » mais c’est avec ces petits trucs tout bêtes que j’ai compris l’importance de s’engager. 

T’attendais-tu à ce que ton compte Instagram ait un tel succès ?

Honnêtement non, je ne m’attendais pas à un tel succès ! Je pense que mon compte a eu la chance d’arriver au bon moment. Et au départ, j’étais très active, les premières années, j’étais anonyme, il n’y avait pas mon nom et mon âge. Puis, je me suis dévoilée. Je ne pensais pas que ça marcherait autant, encore moins que les médias s’y intéresseraient, comme en février 2023 avec cette fameuse pétition des opticiens. 

C’était la première pétition que tu lançais ?

Pour les opticiens oui, mais j’avais déjà lancé d’autres pétitions en ligne, notamment contre le broyage des poussins mâles qui avait fait 50 000 signatures, mais il n’y avait rien eu de médiatique. La première pétition des opticiens avait recueilli plus de 19 000 signatures. Et la dernière est à un peu plus de 13 500 (à début octobre – ndlr).

Qu’est ce qui t’anime dans ce que tu fais ?

Je suis assez ouverte d’esprit, je me bats pour plein de causes différentes. Je ne m’arrête pas à un thème. C’est cette liberté que j’aime beaucoup, parce que je fais ce que j’aime et j’arrive à trouver les combats qui me plaisent, que j’ai envie de porter et que j’ai la force de porter. Parce que c’est compliqué quand même. Là par exemple pour les opticiens, j’aurais pu abandonner plusieurs fois. Je me retrouve devant des personnes qui me traitent de « débile » parce que j’ai 15 ans, que je devrais passer le bac et faire mes devoirs, et pourtant je n’arrête pas parce que j’ai compris que la cause était importante à mes yeux. Et ce que j’aime c’est avoir cette chance de se battre pour quelque chose, parce que le combat ne sera jamais fini. Ça fait aussi plaisir de voir que les choses avancent, parce que je me dis que j’ai peut-être un peu aidé, et c’est toujours ça de gagné. 

Arrives-tu à tout gérer de front avec le lycée ?

C’est très compliqué avec le lycée, ce n’est pas le même rythme d’heures de cours ou de travail à la maison. Mais dès que je peux, je réponds aux messages, je vérifie les commentaires à ma pétition. Je fais de mon mieux mais c’est vrai qu’il y aura des semaines où je serai beaucoup moins active. Mes parents m’ont aussi expliqué que si je veux continuer ce que je fais, il faut aussi que je tienne un bon rythme scolaire, et ça c’est la condition ! C’est vrai que j’ai un emploi du temps très chargé, mais ça me plaît. Je fais de mon mieux à l’école, et je fais de mon mieux pour ma passion. Ma passion pour l’écologie c’est une passion comme une autre ! 

Plus tard, aimerais-tu faire un métier en lien avec l’écologie ?

Je ne sais pas du tout.  Je me pose beaucoup de questions par rapport à ça. Ces dernières années, je n’ai jamais envisagé ça, mais plus je grandis, plus ça m’attire. Je n’ai pas vraiment encore une idée de mon métier. Mais je me vois bien sûr continuer le combat. En tout cas, si je ne fais pas de l’écologie mon métier, je veux pouvoir avoir le temps de faire ça à côté et que ce soit beaucoup plus présent que dans ma vie de lycéenne.

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Gaëlle Coudert

Ancienne avocate parisienne reconvertie en journaliste basée dans les Pyrénées-Atlantiques, Gaëlle s’est spécialisée sur les sujets liés à l'écologie. Elle a cofondé le magazine basque Horizon(s), a été rédactrice en chef d'ID, l’Info Durable et rédige aujourd’hui des articles pour divers médias engagés dont Deklic. Ses passions : le sport (surf, yoga, randonnée) et la musique (guitariste et chanteuse du groupe Txango)

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