Huit nouveaux puits de pétrole s’apprêtent à être forés en France

Par Charlotte Combret , le 24 novembre 2023 - 4 minutes de lecture
Après l’incendie de la Teste de Buch de l’été 2022, le paysage est transformé

Après l’incendie de la Teste de Buch de l’été 2022, le paysage est transformé. Crédit : JP Pariente / SIPA

Alors que l’exploitation d’hydrocarbures va être progressivement interdite en France d’ici à 2040, un projet contesté de forages pétroliers du groupe canadien Vermilion Energy à La Teste-de-Buch, près d’Arcachon en Gironde, a reçu un avis favorable à l’issue de l’enquête publique.

Au moment où la France propose un plan pour sortir des énergies fossiles, de nouveaux puits pétroliers sont en passe d’être creusés. Sous les arbres de la forêt de La Teste-de-Buch, victimes d’incendies ravageurs qui l’ont amputé de près de 7000 hectares l’été dernier : du pétrole. L’entreprise Vermilion Energy le sait, elle l’exploite depuis les années 1960. Faisant fi des multiples alertes des scientifiques, elle poursuit ses recherches vers toujours plus d’or noir. Trouvé. Vermilion prévoit de forer huit nouveaux puits afin « d’atteindre des réserves pétrolières jusque-là non exploitées » sur le site de Cazaux, où une cinquantaine de puits sont déjà en activité. Production actuelle estimée : 1.500 barils par jour. 

« Abomination environnementale »

À l’issue de l’enquête publique menée du 28 août au 26 septembre, la commissaire enquêtrice Carole Ancla a reçu 102 contributions, « reflet des inquiétudes légitimes du public face aux grands enjeux liés aux émissions de gaz à effet de serre et au réchauffement climatique », peut-on lire dans son rapport. Inquiets de ces nouveaux forages pétroliers, certains riverains qualifient le projet d’« abomination environnementale » ou encore de « parodie écologique », rapporte le Figaro. Si elle reconnaît des « inquiétudes certainement exacerbées » à la suite des incendies monstres de 2022, la commissaire relève qu’aucun riverain n’a fait état de « dysfonctionnement grave » ou de « nuisance majeure » liés à la concession de Cazaux.

Du pétrole en circuit-court 

Disant avoir fait « abstraction des considérations générales sur le devenir de l’extraction pétrolière en France » au-delà de 2040, elle relève également que « le pétrole qui ne serait pas produit en France serait certainement importé avec un coût environnemental bien plus élevé ». Un avis critiqué par Vital Baude, conseiller régional Europe Ecologie-Les Verts (EELV), qui se dit « navré, atterré ». « Cet argument qui consiste à dire qu’on va faire des circuits courts du pétrole pour moins polluer, je trouve ça d’un cynisme incroyable », réagit ce conseiller municipal d’Arcachon auprès de l’AFP.

Pour lui, il est particulièrement symbolique que cet avis favorable soit rendu alors que l’observatoire européen Copernicus vient de faire état, pour la première fois, d’un dépassement de plus de 2°C, sur une journée, de la température moyenne mondiale par rapport à la moyenne saisonnière à l’ère pré-industrielle. « Pourquoi pas faire une arme recyclable ou un tank à énergie verte, c’est le même niveau de cynisme criminel » ironise la militante écologiste Camille Étienne. « C’est un vrai scandale environnemental qui est passé complètement en dessous des radars » dénonce-t-elle.

Trois mois pour statuer

L’avenir du projet de Vermilion est désormais entre les mains du préfet de la Gironde. Il a trois mois pour choisir de prendre un arrêté d’autorisation ou de refus du projet. En 2017, l’exécutif avait fait voter une loi qui prévoyait l’arrêt progressif de l’exploitation des hydrocarbures à l’horizon 2040. Mais elle permettait « sous conditions » de continuer l’exploitation des puits. Le groupe Vermilion, premier producteur de pétrole en France avec 130 salariés, est titulaire jusqu’au 1er janvier 2035 de la concession de Cazaux. Passé cette date, il devra dans tous les cas, cesser d’aspirer le pétrole du sous-sol girondin. 

(Avec AFP)

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Charlotte Combret

Issue d’une grande école de commerce, Charlotte délaisse rapidement les open spaces parisiens pour s’engager dans la voie de l’indépendance. Son désir de lier pédagogie et poésie la conduit à devenir journaliste rédactrice, dans les Landes, pour des entreprises et médias engagés. Ses passions : le cinéma animalier, les voyages en train, les lectures féministes et les jeux de mots en tout genre.

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