JO 2024 : l’épreuve de surf sera maintenue à Tahiti malgré les tensions

Par Charlotte Combret , le 14 décembre 2023 - 4 minutes de lecture
Un surfeur surfe une énorme vague sur la plage de Teahupoo en Polynésie française

Un surfeur surfe une énorme vague sur la plage de Teahupoo en Polynésie française. Crédit : Tim McKenna / AFP

Le président polynésien a annoncé dimanche à Tahiti (lundi à Paris) que l’épreuve de surf des Jeux olympiques 2024 allait pouvoir être maintenue sur le site de Teahupo’o, depuis des mois au cœur de tensions entre les autorités, les organisateurs des JO et les populations locales. Après le fiasco des premiers essais techniques, les travaux sont en passe de reprendre.

Problème résolu ? « La solution qu’on a réussi à faire adopter ce soir permet que les JO se tiennent ici et que la WSL (World Surf League) maintienne une étape annuelle du tour mondial », s’est réjoui Moetai Brotherson à l’issue d’une réunion avec les associations environnementales.

L’histoire d’un naufrage

Depuis des mois, le remplacement d’une tour en bois par une structure en aluminium pour les juges est source de crispations. Devenu ambassadeur de la lutte locale, le surfeur professionnel Matahi Drollet avait lancé un premier appel à l’aide en octobre face aux risques que présentait un tel projet pour la biodiversité du lagon. « Juste parce qu’ils veulent de la climatisation, des toilettes, cette nouvelle construction va détruire une grande partie du récif » dénonçait-il. Face à l’ampleur de la mobilisation, la pétition lancée ayant rassemblé plus de 215 000 signatures, les organisateurs et le gouvernement polynésien avaient revu leur copie avec un projet de tour des juges allégée pour « limiter au maximum les atteintes à l’environnement ».

Mais ce compromis a de nouveau été dénoncé par la communauté locale. « Il semble impossible de construire douze nouvelles fondations sans détruire le reef » a alerté Matahi Drollet dans une nouvelle vidéo partagée le 26 novembre sur son compte Instagram. « Je peux affirmer avec certitude que creuser 56 trous supplémentaires représente un risque considérable pour le platier » a confirmé Mati Hoffmann, l’un des constructeurs de la fondation de la tour actuelle en 2003.

Capture d’écran de la vidéo de Matahi Drollet partagée sur son compte Instagram le 26 novembre 2023
Capture d’écran de la vidéo de Matahi Drollet partagée sur son compte Instagram le 26 novembre 2023. Crédit : Matahi Drollet / Instagram

Quelques jours plus tard, le 1er décembre, les essais techniques se sont transformés en un véritable fiasco. Filmés par des associations de défense de l’environnement, une barge prévue pour l’installation de cette nouvelle tour a brisé du corail, poussant le gouvernement polynésien à suspendre les travaux. Tandis que la fédération internationale de surf (ISA) a salué cette décision, la ministre des Sports et des JO, Amélie Oudéa-Castéra, a expliqué que le test qui avait échoué sur le site de Teahupo’o n’avait pas « été bien préparé », excluant l’hypothèse d’un plan B de déplacer l’épreuve.

Un travail de balisage « dès cette semaine »

Finalement, les travaux devraient reprendre d’ici la fin de l’année. Moetai Brotherson a présenté dimanche 10 décembre un calendrier qui doit aboutir à une tour fonctionnelle le 13 mai, quelques jours avant l’étape du tour mondial de la WSL. Cette compétition fera figure de test avant l’épreuve des Jeux Olympiques de juillet. 

Un travail de balisage d’accès au chantier va être mené « dès cette semaine », a précisé le président du comité d’organisation des JO Tony Estanguet, par des spécialistes qui s’occupent chaque année de monter la tour des juges en bois dans le cadre de la compétition organisée par la WSL. Ce chenal ainsi créé permettra d’avoir accès « aux travaux afin qu’un nouveau test puisse être mené avec une nouvelle barge » tout en veillant bien à « ne pas dégrader les coraux », a expliqué l’ex-champion olympique. 

Un soutien unanime ? 

Le président polynésien s’est réjoui d’avoir obtenu le soutien « unanime de tous les maires, de la fédération de surf et même des associations, à part une, et d’un surfeur, qui pense représenter la communauté des surfeurs ». Le surfeur en question, c’est Lorenzo Avvenenti. Alors que le tahitien affirme que « les plus grands noms du surf comme Kelly Slater, Gabriel Medina, Filipe Toledo ou Carissa Moore ont signé la pétition contre les fondations et la tour en aluminium », Moetai Brotherson répond qu’ils l’ont signée sans disposer des « bonnes informations ». 

De son côté, la présidente de l’association de protection de l’environnement Vai ara o Teahupoo, Cindy Otcenasek a rappelé sur la chaîne locale TNTV que « La position actuelle, c’est qu’on ne veut aucune nouvelle fondation ».

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Charlotte Combret

Issue d’une grande école de commerce, Charlotte délaisse rapidement les open spaces parisiens pour s’engager dans la voie de l’indépendance. Son désir de lier pédagogie et poésie la conduit à devenir journaliste rédactrice, dans les Landes, pour des entreprises et médias engagés. Ses passions : le cinéma animalier, les voyages en train, les lectures féministes et les jeux de mots en tout genre.

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