Jean Jouzel : «Les énergies renouvelables sont la première énergie à mobiliser pour lutter contre le dérèglement climatique»
Cette année, les « Rencontres des entrepreneurs de France » (REF) du Medef accueillaient un invité inattendu : Jean Jouzel, climatologue. Au cours d’un débat, le chercheur a alerté sur la nécessité d’accélérer la transition énergétique vers le renouvelable.
« Nous n’avons plus que cinq ans d’émissions au rythme actuel »
Aujourd’hui, « pour limiter le réchauffement à 1,5 °C nous n’avons plus que cinq ans d’émissions au rythme actuel, et un peu moins de 15 ans si on veut le limiter à deux degrés. En réalité, nous partons de façon quasi délibérée vers un réchauffement qui pourra atteindre 3 °C, voire 4 °C en France ». Les mots de Jean Jouzel, paléoclimatologue français, ont résonné dans l’assemblée d’entrepreneurs réunis le mardi 29 août pour cette cinquième édition des REF.
L’ancien responsable du GIEC a rappelé l’urgence de la situation dans laquelle se trouve l’humanité. « C’est maintenant qu’il faut agir, c’est très clair, et malheureusement ce n’est pas ce que nous faisons puisque les émissions (de gaz à effet de serre) liées aux combustibles fossiles continuent à augmenter ». « Face à ce constat, je ne peux que partager l’appel d’Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, à arrêter tous les investissements dans les combustibles fossiles » a-t-il poursuivi. Lors d’une conférence de presse qui s’était tenue au siège de l’ONU le 15 juin 2023, ce dernier avait appelé à « laisser le pétrole, le charbon et le gaz dans le sol, là où ils doivent être, et stimuler massivement les investissements dans les énergies renouvelables ».
Les énergies renouvelables en solution n°1
Devant ce bilan alarmant partagé par l’ensemble de la communauté scientifique, Jean Jouzel souligne lui-aussi, la nécessité d’accélérer la transition vers des sources d’énergie propres. « Les énergies renouvelables sont la première énergie à mobiliser pour lutter contre le dérèglement climatique, qui impose désormais d’agir très vite ». Un constat partagé par Xavier Piechaczyk, président de RTE. « D’ici 2035, il n’y a pas d’autres solutions que de faire des énergies renouvelables le plus vite possible » avait-il partagé au micro France Inter le 26 août 2023, après avoir évoqué les limites du nucléaire.
Alimentées par le vent, le soleil, les chutes d’eau, la chaleur de la terre ou encore les marées, les énergies renouvelables sont à ce titre bien moins émettrices de gaz à effet de serre que ne le sont leurs homologues fossiles. « Que va-t-on pouvoir faire d’ici 2030 à l’échelle planétaire ? Et bien quand on regarde le potentiel de réduction des émissions, c’est de l’ordre de dix milliards de tonnes de CO2 pour le renouvelable, alors que c’est de l’ordre de un milliard de tonnes pour le nucléaire et 1 milliard de tonnes pour la capture et le stockage du CO2 » a expliqué Jean Jouzel.
Plus simple que ça en a l’air
Parmi un parterre d’entrepreneurs peu réceptifs, Bertrand Piccard, président suisse de la fondation Solar Impulse, a de son côté appelé à « changer de paradigme ». « On croit que c’est difficile car on passe d’une situation aujourd’hui assez simple, où on a du fossile et du nucléaire, à une situation où les sources d’énergie seront multiples et intermittentes » a-t-il avancé. « C’est beaucoup plus simple techniquement que l’on croit mais c’est plus difficile parce qu’il faut sortir de ses habitudes et se remettre en question ».
En France pourtant, les énergies renouvelables représentaient seulement 13 % de la consommation d’énergie primaire et 19,3 % de la consommation finale brute d’énergie en 2021.
(Source AFP)