Tatiana Silva : « Je tente de conscientiser les téléspectateurs sur le changement climatique »
Depuis 2017, Tatiana Silva est devenue une figure incontournable des prévisions météorologiques sur les chaînes TF1 et LCI. À travers une transparence et une sincérité qui la caractérisent, elle témoigne d’un profond respect envers le monde du vivant, adoptant une approche raisonnée et consciente de ses actions, tout en acceptant son imperfection et ses failles. Son mantra est de vivre en harmonie avec elle-même, les autres et la nature, en recherchant constamment cet équilibre essentiel. Rencontre avec une personnalité inspirante.
Aujourd’hui, êtes-vous éco-anxieuse ? Si oui, pourquoi ?
Je ne suis pas une éco-anxieuse même si je me fais régulièrement rattraper par le stress qu’engendrent les dénonciations du non-respect de notre environnement. Garder la tête un peu plus froide et tenter d’agir à mon niveau est le chemin que j’ai choisi aujourd’hui.
Pourquoi avoir choisi le métier de journaliste de météo ?
C’est un choix qui m’a été offert il y a treize ans et que j’ai accepté par ouverture. Aujourd’hui c’est un choix qui fait sens au vu du changement climatique. Ma profession est chaque jour au coeur des débats. Bien que je ne puisse renverser la vapeur, je tente, à travers mes bulletins, de conscientiser les téléspectateurs sur le changement climatique.
Comment faire pour que votre métier soit plus écolo ?
C’est un petit geste mais j’achète très rarement des tenues neuves pour l’antenne. Elles sont pour la plupart de seconde main.
Quel est le mot écologique du moment ?
Sécheresse. Le manque de pluie s’est fait ressentir jusqu’aux épisodes orageux actuels.
Quels sont vos gestes simples mais efficaces en matière d’environnement ?
Il en existe une multitude : manger local, saisonnier, utiliser les transports en commun… Pour ma part, ma contribution est faite de nombreux petits gestes : prendre des douches froides (moins de 30 secondes), utiliser des cosmétiques naturels, m’habiller principalement de seconde main, ne pas laver systématiquement mes vêtements si ce n’est pas nécessaire, installer un filtre à eau, rouler en électrique (même si l’impact éthique et écologique existe), utiliser des produits ménagers 100 % naturels, prendre le train plutôt que la voiture… J’espère que la somme d’entre eux pèsera dans la balance même si c’est un peu naïf.
A contrario, quel est LE geste pas écolo que vous n’arrivez pas à changer ?
Prendre l’avion. Un jour, j’ai fait un test pour réaliser mon impact sur l’environnement. Il était très bon jusqu’à mentionner que je prenais l’avion.
Êtes-vous dans la culpabilité en tant que consommatrice ?
J’ai appris à comprendre ma culpabilité et accepter que seule je ne sauverais pas le monde. Mes choix sont aujourd’hui faits en conscience.
Comment expliquez-vous qu’encore autant d’êtres humains ne se sentent pas concernés par l’avenir de notre planète ?
Les réponses sont certainement multiples et propres à chaque personne. Vivre en ville nous déconnecte beaucoup de la nature et de son mode de fonctionnement. C’est la première à nous alerter lorsqu’un changement se déclenche. On ne peut rester indifférent au changement climatique lorsqu’on est agriculteur et que l’on voit ses cultures anéanties par les inondations.
Certaines personnes vivent des quotidiens à la limite de la survie, cela représente 14 % de la population française. Sans doute que la préservation de la planète n’est pas une priorité pour eux aujourd’hui.
Et pour d’autres c’est un choix conscient de préférer s’intéresser à d’autres problématiques que celle-ci.
Quelles sont les premières étapes pour faire bouger chaque citoyen ?
Les étapes seront différentes selon les individus, chacun a sa corde sensible.
Mon cheminement personnel m’a poussée à trouver une cohérence dans mes choix, mes actions pour tenter d’être en harmonie avec la nature.
En parler, sans juger, sans culpabiliser, rester factuel et surtout amener des solutions peut porter des résultats probants.
Quelles sont les remarques les plus absurdes et récurrentes que vous entendez autour de vous sur l’écologie ?
Dans mon entourage, la plupart des gens s’accordent à dire que la planète ne va pas bien. Mais il règne une forme d’impuissance, un sentiment que les petits gestes du quotidien n’y changeront rien car cela nous dépasse.
Quels sont les écologistes ou personnalités qui vous ont inspirée ?
J’ai été marquée par Vandana Shiva auteur et écologiste féministe indienne. Son combat pour les agriculteurs en Inde m’a inspirée. Aussi, le jeune Hollandais Boyan Slat qui a créé le projet Ocean Clean Up ; Pierre Rabhi, pour son essai Vers la sobriété heureuse que tout le monde devrait lire ; et plus récemment, Camille Etienne pour ses propos pertinents et son travail auprès du gouvernement.
Enfant, vous sentiez vous déjà concernée par l’avenir de notre planète ?
Non du tout, je vivais en ville un peu déconnectée de la nature.
Avez-vous un message destiné aux enfants ?
Vivez en conscience.
Vous êtes ambassadrice de l’Unicef. En quoi est-ce important pour vous ?
Depuis près de 20 ans, je soutiens des ONG. Mon engagement auprès d’Unicef s’est fait il y a bientôt 10 ans.
C’est ma manière de redonner tout ce que je reçois, ainsi un sens est donné à mon quotidien. Jeune, j’ai perdu mon insouciance et je sais ô combien la préserver est essentiel à un bon équilibre émotionnel et psychologique. Défendre les droits des enfants dans le monde, c’est tenter de leur offrir un cadre stable pour qu’ils puissent au mieux se déployer.
Selon vous, où en serons-nous dans 50 ans ?
Dans un monde très différent je l’espère, où la nature aura retrouvé sa souveraineté. Elle sera au cœur de chaque décision gouvernementale, sa préservation sera naturelle pour chacun d’entre nous.
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