L’interview écolo de Redouanne Harjane : « Moi aussi je suis végétarien, mais c’est parce que je n’aime pas les animaux ! »
Redouanne Harjane est sur scène parce qu’il n’a pas d’autres choix. Il pratique pour survivre au quotidien, offrant ainsi une bouée de sauvetage à tous ceux qui ont la sensation de se noyer dans ce monde de fous. Entre bienveillance et audace, il évoque les rapports hommes femmes, les défis écologiques, technologiques, climatiques, sociétaux auxquels est confrontée l’humanité. Redouanne pose un regard aiguisé sur notre quotidien et reste assez sceptique quant à l’avenir de l’être humain.
Êtes-vous éco-anxieux ?
Comme je suis plutôt lucide, je vois le monde de manière assez sombre. Donc, oui, on peut dire que je suis éco-anxieux.
Êtes-vous dans la culpabilité en tant que consommateur ?
L’offre en général est beaucoup trop abondante : trop de rayons dans les supermarchés, trop de produits, trop de plastique. Tout est trop dans notre société.
Qu’est-ce qui vous a donné le Deklic green ?
J’ai arrêté de consommer de la viande il y a quatre ans. Au départ, c’était seulement par goût. Et puis j’ai eu une vraie prise de conscience avec cette citation de George Bernard Shaw : « Les animaux sont mes amis…Je ne mange pas mes amis ».
Par ailleurs, j’ai lu une récente étude japonaise selon laquelle il y aurait un lien entre la surconsommation de laitage et de fromage sur le cancer du sein. Cette étude me touche personnellement car j’ai perdu ma maman de ce cancer.
Qu’avez-vous banni de votre quotidien ?
Les cons… Plus sérieusement, j’essaie de limiter au maximum les robots, les Siri, les Alexa… Je ne suis pas dans la surconsommation de la technologie.
Qu’est ce qui n’est pas écologique chez vous ?
Mon téléphone portable, mais je ne vois pas comment je peux faire sans. C’est mon outil de travail, avec mon cerveau. C’est devenu une addiction pour nombreux d’entre nous, toujours à l’affut d’une prise pour recharger la batterie, le réseau wifi…
Quel est LE mot écologique du moment et pourquoi ?
« Catastrophe pas naturelle ». On pense que la terre est en colère avec les tremblements de terre, les inondations. On parle de catastrophe naturelle mais ce n’est pas naturel car l’humain interfère. Les océans pollués par le plastique, le cimetière de lithium… A qui la faute ?
Comment vous déplacez-vous ?
En transport en commun ou à vélo. Pédaler, c’est l’avenir.
Quelles sont les premières étapes pour faire bouger chaque citoyen français ?
Chaque citoyen devrait vivre dans des conditions extrêmes au moins une fois par an. Pour réaliser de la fragilité de la planète. Pour réaliser de la chance que l’on a de naitre au bon endroit, avec un confort climatique.
Quelles sont les remarques les plus absurdes et récurrentes que vous entendez autour de vous sur l’écologie ?
Je ne les écoute pas. En revanche, j’en parle dans mon spectacle et plaisante sur les personnes qui se disent végétarienne car elles aiment les animaux. Moi aussi je suis végétarien, mais c’est parce que je n’aime pas les animaux !
Comment expliquez-vous qu’encore autant d’êtres humains ne se sentent pas concernés par l’avenir de notre planète ?
Le monde va beaucoup trop vite. C’est vertigineux. Un adolescent ne sait plus tenir un stylo car il naît avec une tablette numérique dans la main. Et puis il n’y a plus de connexion avec la nature. Comme nous sommes déconnectés de la terre, on oublie que l’on vit chez elle.
Quels sont les écologistes ou personnalités qui vous ont inspirés ?
Le scientifique Albert Jacquard. Il expliquait avec des mots très simples les problèmes de la société moderne tels que la pollution, le gaspillage, les brutalités en entreprises, les rangs sociaux. Il m’a permis d’être plus proche des choses essentielles.
Enfant, vous sentiez vous déjà concerné par l’avenir de notre planète ?
Je n’étais pas concerné tout simplement parce que je n’y pensais pas. En revanche, je sentais que je faisais partie d’un tout. L’enfant que j’étais est l’homme que je suis aujourd’hui. Un homme qui vit dans le concret. Je reconnais que c’est parfois très angoissant.
Pourriez-vous vivre dans un écolieu ?
Lors de mon périple en Inde, j’ai découvert Auroville, une ville expérimentale à côté de Pondichéry et qui a pour vocation d’être un lieu de vie communautaire universelle ou les habitants apprennent à vivre en paix. J’étais fasciné par cette ville à la fois écologique avec des toilettes sèches…
Comment faire pour que votre métier soit plus écolo ?
Pour être écolo, il faut savoir s’organiser. Lors de mes spectacles, j’utilise une gourde et j’achète le moins possible des aliments sous plastique.
Si vous étiez président de la République, vous…
Je ferais en sorte d’inciter mes compatriotes à voyager dans notre pays. En France, nous avons la chance d’avoir la mer, l’océan, les montagnes… Alors pourquoi partir à l’étranger ?
Son actualité :
Redouanne joue son spectacle PHOENIX, tous les vendredis et samedis à l’Apollo à Paris. Et il sera le vendredi 3 novembre à Bruxelles au centre culturel d’Auderghem.
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