L’interview écolo de Noémie de Lattre : « Cette image m’a traumatisée »

Par Joséphine Simon-Michel , le 19 septembre 2023 - 6 minutes de lecture
Noémie de Lattre, Crédit DR

Noémie de Lattre, Crédit DR

Féministe engagée et « éco-concernée », la comédienne et écrivaine déplore le manque de mesures radicales de notre gouvernement envers l’écologie. Interdire certaines pratiques polluantes des multinationales et laisser tranquilles les citoyens, épuisés d’entendre les discours autour de la sobriété, c’est ainsi qu’elle imagine l’avenir.

Êtes-vous éco-anxieuse ?

Non, je ne peux pas dire éco-anxieuse. Je suis juste éco-concernée.

Êtes-vous dans la culpabilité en tant que consommatrice ?

Cela m’arrive de temps en temps, sans pour autant m’auto-flageller. J’essaie de faire au mieux mais je reconnais que ce n’est pas assez. Il faut choisir ses combats. Le mien serait de laisser les animaux en paix.

Qu’est-ce qui vous a donné le Deklic green ?

Une rencontre avec Aymeric Caron a ouvert une porte chez moi. Et puis le livre  Sapiens, une brève histoire de l’humanité de Yuval Noah Harari. Je me souviens particulièrement d’un paragraphe. Pour que les mammifères produisent du lait, il faut des petits pour allaiter. Mais pour les empêcher qu’ils tètent abondamment, on leur met des barbelés autour de la bouche. Cette image m’a traumatisée. C’est d’un tel machiavélisme de la part des humains.  C’est ça qui me fait ressentir de la culpabilité.

Qu’avez-vous banni de votre quotidien ?

Suite à la lecture du livre de Yuval Noal Harari il y a cinq ans, j’ai arrêté de consommer les bébés animaux. Et puis l’année dernière, j’ai pris la décision de ne plus acheter du tout de viande ou d’en manger au restaurant. Par conscience et non pas par goût. En revanche, si on me sert de la viande lors un diner chez des copains, je ne ferai aucune remarque et suivrai le reste des convives.

Qu’est-ce qui n’est pas écologique chez vous ?

Je m’accorde encore un bain de temps en temps et j’allume la lumière quand j’en ai envie.

Quel est pour vous LE mot écologique du moment ? 

Le mot  « soin », prendre soin. Si on avait tous cette lumière envers la nature, envers le vivant, il y aurait davantage de répercussions positives.  

Comment vous déplacez-vous ? 

J’ai troqué mon scooter à essence il y a un an pour le vélo électrique. Il m’arrive aussi parfois d’utiliser les scooters électriques en libre-service. Je privilégie le train à l’avion et je ne possède pas de voiture.

Quelles sont les premières étapes pour faire bouger chaque citoyen ?

Je pense sincèrement qu’il faut leur foutre la paix. La vie est déjà si compliquée pour beaucoup de citoyens alors pourquoi leur demander de faire plus d’efforts. Ils en ont marre de la sobriété. Ce sont plutôt à ceux qui nous gouvernent de prendre conscience de l’urgence et de mettre en place des nouvelles lois plus radicales. Encore faut-il avoir suffisamment de courage pour se confronter aux lobbys des grandes entreprises polluantes et non respectueuses de notre environnement.

Quelles sont les remarques les plus absurdes que vous entendez autour de vous sur l’écologie ?

« Vous les vegans, les woke, les écolos, vous suivez juste la tendance du moment… » ou « L’écologie, c’est carrément un phénomène de mode… ». Et puis la remarque la plus absurde : « On ne sait pas tout, on ne nous dit pas… La situation écologique n’est pas si catastrophique que ça… ».

Comment expliquez-vous qu’encore autant d’êtres humains ne se sentent pas concernés par l’avenir de notre planète ?

Parce qu’on ne les éduque pas. SI un enfant voit son père jeter des détritus dans la nature, il ne verra pas où est le problème.

Quels sont les écologistes ou personnalités qui vous ont inspirée ?

J’ai eu la chance de rencontrer Camille Etienne. J’ai senti en elle une force inépuisable qui m’a redonné espoir en l’humain. J’aime aussi beaucoup le discours de Gaëtan Gabriel sur Instagram. L’homme politique Pierre Larrouturu a trouvé le financement pour la transition écologique. Ça prouve que toutes les solutions existent, mais qu’elles ne sont pas prises en compte. Alors quand on me demande de faire des efforts, ça me rend assez furieuse.

Enfant, vous sentiez vous déjà concernée par l’avenir de notre planète ?

Pas du tout. J’étais très concernée par l’avenir de l’humanité sans jamais pour autant penser au concret. Comme beaucoup de ma génération, j’ai jeté mes mégots et mes chewing-gums par terre, laissé couler l’eau pendant le brossage des dents… Ça me paraît ahurissant aujourd’hui. 

Comment éduquez-vous vos enfants pour qu’ils soient éco-responsables ?

Mon fils de 8 ans et demi a déjà conscience des gestes responsables. Il fait attention à l’eau, et à l’électricité avec tellement de naturel. Cette nouvelle génération est très inspirante.

Pourriez-vous vivre dans un écolieu ?

Ça semble super cool, mais c’est incompatible avec mon rythme de vie. Je suis une militante féministe très active et je ne peux pas cultiver des tomates tout en voulant sauver les femmes du monde, élever un enfant et gagner ma vie.

Si vous étiez Présidente de la République, vous…

Je prendrais des mesures draconiennes et sans nuances pour la protection de la planète. Je m’entourerais des meilleurs experts, analystes et oserais m’attaquer à Total et aux autres grands pollueurs de la planète.

Pour aller plus loin :

🎤 L’interview écolo de Thomas Dutronc : « Le plastique et tous les gadgets chinois m’exaspèrent. »

🎤 L’interview écolo de Kareen Guiock-Thuram : “Nous vivons au-dessus des moyens de la Terre »

🎤 L’interview écolo d’Alexandra Rosenfeld : “Si rien ne change, l’humanité en paiera le prix”

🎤 L’interview écolo Philippe Vandel : « Être écolo, c’est agir local, penser global »

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Joséphine Simon-Michel

Journaliste infotainment, Joséphine excelle dans l'art des interviews. Pour Deklic, elle interroge des personnalités de différents univers (cinéma, télé, humour, politique…), toutes engagées pour la protection de l’environnement et conscients que la transition écologique est l’affaire de tous.

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