« Mini-victoire » contre l’A69 : les trois militants en grève de la faim et de la soif y mettent un terme
Victoire d’étape dans le combat contre l’autoroute Toulouse-Castres. Le 10 octobre, en fin de matinée, la préfecture de la région Occitanie a annoncé la suspension temporaire de l’abattage des arbres concernés par le chantier de construction. Un sursis de 72 heures pour les trois militants écologistes qui ont mis un terme à leur grève de la faim et de la soif.
Sur la passerelle de Léopold-Sédar-Senghor, proche du Ministère de la transition écologique à Paris, l’ambiance du mardi après-midi contraste avec celle de la veille. « On sort à partir de maintenant de la grève de la soif et c’est grâce à vous » annonce Reva Seifert aux côtés de Celik Sadik, tous deux prêts à donner leur vie contre le projet de construction de l’A69. Sous une chaleur inquiétante, les deux militants entrechoquent leurs gourdes avant de prendre une grande lampée, mettant fin à près de 30 jours sans manger et 24 heures sans boire. La nuit d’avant, Thomas Brail avait été hospitalisé en urgence après avoir perdu connaissance. Très affaibli, le fondateur du Groupe National de Surveillance des Arbres (GNSA) de 49 ans avait cessé de s’alimenter depuis le 1er septembre, mais refusait « toujours de s’hydrater et d’être hydraté à l’hôpital ». Il continuait de « réclamer la suspension des travaux » comme l’avait expliqué Vincent Allirol, l’un de ses proches également engagé contre le projet.
Réunion décisive vendredi
Alors que planait le doute d’un dénouement funeste pour les trois grévistes de la faim et de la soif, les élus régionaux ont brisé le silence assourdissant dans lequel ils se drapaient. Sur demande du ministre des Transports Clément Beaune, la préfecture d’Occitanie annonce finalement la programmation d’une réunion ce vendredi 13 octobre « avec les maires et les élus du territoire ». Seront présents autour de la table : le préfet d’Occitanie, le préfet du Tarn, des élus du territoire et des représentants des associations « concernées par le projet ».
D’ici là, « les opérations de défrichement importantes n’auront pas lieu ». Pour M. Beaune, qui a assuré avoir « suivi heure par heure » la santé des trois grévistes, « cette pause doit permettre un apaisement avant la réunion de vendredi ». « On a bon espoir que cette réunion puisse déboucher sur des choses positives et la grève de la faim et de la soif devenait très problématique d’un point de vue santé » confie Alexis Boniface, co-président du GNSA. Une « mini-victoire de trois jours » pour Thomas Brail qui, comme le collectif La voix est libre (LVEL) auquel il appartient, préfère rester prudent quant à la suite des opérations. « Ce n’est pas du tout une suspension des travaux, il faut être bien clair là-dessus, les travaux sont en train de continuer » précise-t-il sur son compte Instagram.
Un projet rejeté par scientifiques et locaux
Teintée de désespoir, cette action pro-arbres aura porté ses fruits. Depuis des mois, les opposants multiplient les rassemblements et les recours en justice pour obtenir la suspension du chantier, débuté avant l’été. Le 4 octobre, plus de 1 500 scientifiques, dont plusieurs membres du Giec comme Christophe Cassou et Valérie Masson-Delmotte, leur affirment leur soutien. Dans une tribune publiée dans l’Obs, ils appellent Emmanuel Macron à renoncer au projet de l’A69. « Nous, scientifiques de différentes disciplines et de différentes institutions de recherche françaises, considérons que ce projet maintient la France sur une trajectoire incompatible avec la transition écologique telle qu’inscrite dans la loi » expliquent-ils, d’autant que « ni l’intensité du trafic, ni les gains de temps envisagés sur le trajet Toulouse-Castres ne justifient la construction d’une autoroute ».
Pourtant, les élus locaux campent sur leurs positions. Le président PS du conseil départemental du Tarn, Christophe Ramond, estime que l’autoroute est « une absolue nécessité pour le Tarn » et facteur de « désenclavement » du bassin de population de Castres-Mazamet. Dans le Tarn, insiste M. Ramond, les familles ont besoin d’une voiture ou deux au quotidien. « Non pas par passion de la bagnole, mais parce que dans nos territoires ruraux et montagneux, sevrés de transports en commun, avoir un véhicule est indispensable pour se déplacer ». Si le combat est visiblement loin d’être gagné, pour de nombreux militants écologistes, comme Camille Etienne, c’est un signe que l’activisme marche. Une nouvelle mobilisation est prévue par plusieurs mouvements écologistes pour le week-end des 21 et 22 octobre, sur le tracé de l’autoroute décriée.
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