Pas-de-Calais : comment expliquer ces inondations historiques ?
Le Pas-de-Calais fait face à des crues historiques depuis plusieurs jours. Comment expliquer ce phénomène ? Éléments de réponse.
Communes submergées, habitants évacués, écoles fermées… Le Pas-de-Calais est confronté à des inondations exceptionnelles depuis plusieurs jours. Le département a ainsi été placé en vigilance rouge à la fois pour « crues » et « pluie-inondation » pendant plusieurs jours consécutifs. Ce lundi 13 novembre, ce sont près de 250 communes qui sont toujours concernées par les inondations en particulier autour de Saint-Omer, Boulogne et Montreuil.
L’organisme de mesure Vigicrues a précisé qu’il s’agissait des plus fortes jamais connues dans la zone depuis 2002, année durant laquelle des inondations exceptionnelles avaient touché le Pas-de-Calais. Pourquoi une telle intensité de nouveau 20 ans après ? Trois raisons expliquent ces crues importantes.
Des cumuls de pluies exceptionnels
La première cause est évidemment l’intensité record des précipitations. Depuis le 18 octobre, les Hauts-de-France n’ont pas connu un jour sans pluie. Selon Météo-France, le cumul de pluie à l’échelle du département au cours des trois dernières semaines atteint quasiment 250 millimètres, soit un chiffre bien supérieur aux normales pour les mois d’octobre (89 millimètres) et novembre (99 millimètres).
Localement, il est tombé en un mois plus de 400 millimètres d’eau, soit quatre fois ce qui tombe habituellement en novembre, période déjà la plus arrosée de l’année. Ces pluies sont par ailleurs tombées sur des sols très secs qui n’ont pas été en capacité d’absorber correctement toute cette eau tombée du ciel.
Des sols déjà saturés et des cours d’eau qui ont débordé
Les deux tempêtes Ciaran et Domingos ont engendré des phénomènes de vagues submersion : de forts vents d’ouest couplés à des coefficients de marée élevés ont conduit à une hausse du niveau de la mer. En conséquence, des fleuves ont eu beaucoup de difficulté à se déverser dans la Manche et ont débordé. Certains cours d’eau ont même dépassé les épisodes de référence enregistrés. C’est notamment le cas de l’Aa, où des niveaux records ont été recensés. D’après les données de la station de Lumbres-Bléquin, le niveau de ce fleuve côtier est monté à 2,40 m contre 1,31 m lors de la crue de 2002.
La Liane a enregistré un pic de crue de 5,27m. Entre Isques et Notre-Dame-au-Mont, où le lit de la Liane fait habituellement quelques mètres de large, l’eau s’étendait à certains endroits, sur près de 200 mètres de large, mardi 7 novembre.
Une région vulnérable
Le département est aussi particulièrement vulnérable aux inondations. La région entre Calais, Dunkerque et Saint-Omer est un polder, une étendue artificielle de terre gagnée sur l’eau, généralement avec un niveau plus bas que celui de la mer, créée à partir de marais, d’estuaires, de lacs ou de zones côtières.
A la différence des territoires vallonnés, qui évacuent de façon naturelle l’eau avec les vallées, les territoires plus plats peuvent être confrontés à des eaux qui restent sur plusieurs semaines. Aussi, dans ces secteurs-là, les fonds de vallée ont été urbanisés et aménagés, donc les eaux s’écoulent beaucoup moins bien qu’auparavant malgré l’existence de quelques digues.
Enfin,, le quart nord-est de la France, et principalement les côtes, sont les zones les plus exposées au passage des dépressions et des tempêtes durant la saison froide
Inondations et réchauffement climatique
Les inondations sont des catastrophes particulièrement coûteuses : entre 1970 et 2019, elles ont représenté 44 % de toutes les catastrophes et 31 % des pertes économiques.
Raison de plus de rappeler l’importance cruciale d’anticiper et de s’adapter aux changements climatiques pour atténuer les impacts futurs sur les populations et les économies.
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