Pour économiser l’eau l’été, Toulouse vise un tarif saisonnier
Dans un Sud-Ouest de plus en plus confronté au changement climatique, Toulouse souhaite mettre en place un tarif saisonnier de l’eau pour faire face aux sécheresses estivales récurrentes et
inciter ses habitants à économiser la ressource.
La réponse différenciante de Toulouse au changement climatique
Le projet, qui ferait de la Ville rose la première grande métropole française à adopter ce type de mesures, a été officiellement présenté mercredi 20 décembre lors d’une réunion de la commission Eau de Toulouse-métropole, l’établissement public regroupant Toulouse et ses 36 communes voisines.
Jean-Luc Moudenc, le maire DVD de la quatrième ville de France et président de Toulouse-métropole, l’avait déjà évoqué quelques jours auparavant, lors d’un conseil métropolitain, en expliquant vouloir faire « évoluer les comportements » des habitants de l’agglomération.
« Il s’agit de faire en sorte que face à la sécheresse, il y ait une prise de conscience qui ne soit pas simplement une prise de conscience officielle des institutions, mais aussi des citoyens », a-t-il déclaré.
Un tarif plus cher pour plus de sobriété ?
« Il y a fort à parier qu’avec une telle méthode, des économies de consommation seront automatiquement faites pendant l’été et que les métropolitains contribueront à préserver la ressource », a-t-il ajouté.
Concrètement, « si on veut que cette tarification soit incitative – le but, c’est d’obtenir plus de sobriété – on est obligé de faire une augmentation conséquente l’été par rapport à l’hiver », a expliqué à l’AFP Robert Médina, vice-président de Toulouse-métropole en charge de l’eau, qui a présenté le projet mercredi.
« On manque d’eau à Toulouse du 1er juin au 31 octobre, durant la période d’étiage (en hydrologie, le débit minimal d’un cours d’eau, ndlr), on n’a aucun problème le reste du temps », a-t-il précisé, ajoutant que le principe envisagé serait donc d’augmenter le tarif de l’eau de 42% sur les cinq mois
« d’été » et de le baisser de 30% sur les sept autres mois.
Au final, a-t-il insisté, la facture annuelle pour le consommateur resterait quasiment identique à celle acquittée actuellement.
Certains sont sceptiques
La tarification saisonnière est d’ailleurs, font valoir ses promoteurs toulousains, l’une des préconisations d’un tout récent rapport du Conseil économique, social et environnemental (CESE) sur l’eau potable.
Mais la mesure ne convainc pas Eau Secours 31, association d’usagers des services de l’eau de Toulouse-métropole.
« C’est une fausse bonne idée », avance Claude Touchefeu, membre du conseil d’administration de l’association qui plaide pour une tarification progressive en fonction des usages de l’eau.
« Il n’y a pas qu’en été qu’il faut économiser de l’eau. La baisse de la consommation de l’eau doit être toute l’année », a-t-elle dit à l’AFP, regrettant que la métropole toulousaine « écarte d’un revers de la main » la possibilité d’analyser les consommations individuelles pour instaurer une
progressivité des tarifs.
La métropole estime en effet que 70% des consommateurs de la métropole toulousaine dépendant de compteurs collectifs, la mise en place d’une tarification progressive en fonction des consommations n’est pas applicable.
Du côté des élus verts de l’opposition au sein de Toulouse-métropole, on ne se dit « pas défavorable » à la tarification saisonnière.
Mais une approche tarifaire sur les quantités consommées, par exemple en rendant gratuits les premiers mètres cubes consommés, aurait un caractère plus social et écologique, a affirmé à l’AFP Antoine Maurice, élu vert et ancien candidat à la mairie de Toulouse.
Une tarification saisonnière à suivre
Selon M. Médina, la tarification saisonnière devrait pouvoir être débattue en avril en conseil métropolitain, en vue d’une entrée en application dès le 1er juin de l’année 2024.
(Avec AFP)
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