Quatre enseignements du peuple indigène Arhuaco de la Sierra Nevada colombienne face au changement climatique

Par Charlotte Combret , le 22 février 2024 - 3 minutes de lecture
Des femmes indigènes Arhuaco tissent à Nabusimake dans la Sierra Nevada de Santa Marta, en Colombie

Des femmes indigènes Arhuaco tissent à Nabusimake dans la Sierra Nevada de Santa Marta, en Colombie, le 12 février 2024. Crédit : Raul Arboleda / AFP

« Gardiens » de la plus haute chaîne de montagnes côtières du monde, les indigènes Arhuaco vivent en « harmonie » au sein de la Sierra Nevada de Santa Marta, dans le nord de la Colombie. Depuis le village de Nabusimake, ils partagent avec l’AFP leurs enseignements contre le changement climatique.

1. Se connecter à la terre

Depuis le IIIe siècle, des peuples indigènes vivent dans ces montagnes sacrées en étroite relation avec la nature : leurs maisons sont en terre et paille, ils utilisent la laine de leurs moutons pour fabriquer leurs tenues et cultivent leur nourriture. 

« L’humanité doit être au service de la nature », affirme auprès de l’AFP Leonor Zalabata, première personne indigène à représenter la Colombie à l’ONU. « Les dirigeants du monde doivent connaître la nature, mais cela ne semble pas être le cas, ils la connaissent seulement dans l’histoire et les universités », ajoute-t-elle lors d’une visite dans son village avant de retourner à New York.

2. Penser collectif

Reconnues par l’Unesco comme patrimoine immatériel de l’humanité, les connaissances ancestrales des Arhuacos privilégient le collectif sur l’individuel. « La vie collective est dans tous les espaces, dans l’humanité (…) Cependant, la mentalité que nous avons créée est que nous sommes maîtres de l’individuel et l’individuel nous fait abandonner le collectif », analyse Leonor Zalabata.

Seydin Aty Rosado, l’une des chefs du village dit se sentir connectée à « toutes les femmes du monde ». « Il y a un seul homme, une seule femme. C’est pour ça que s’il arrive quelque chose à un homme, où qu’il soit, il est relié à tout le monde. Il en va de même pour les femmes », explique-t-elle, s’inspirant des montagnes qui l’entourent pour décorer ses tissages.

3. Respecter la vie

Pour Leonor Zalabata, il n’y a pas « d’êtres inertes » sur terre. « Ils ne le sont pas pour nous. Ils font partie d’un tout qui assure l’équilibre dans la nature », dit-elle. « Une pierre préserve le climat, l’environnement d’un lieu, et il devrait être sacré de respecter chaque pierre là où elle est ».

« Les endroits où il y a des forêts, où il y a de l’eau, des rivières et des montagnes enneigées sont sacrés pour nous. Ce sont des espaces de vie que nous devons préserver pour garantir l’avenir de nos enfants », explique son fils et leader communautaire Arukin Torres.

4. Trouver un équilibre

Il n’est pas rare de trouver un téléphone portable dans leurs sacs tissés. Bien qu’ils aient conservé leurs vêtements traditionnels et leurs croyances ancestrales, les indigènes Arhuaco ne sont pas coupés du monde occidental. Ils ont de l’électricité dans leurs huttes communautaires grâce à des panneaux solaires, apprennent l’espagnol dès l’enfance et certaines familles envoient leurs enfants étudier dans les universités des villes voisines.

Mais ils s’efforcent de préserver un équilibre entre les deux mondes. « Nous pensons et croyons que la vie est possible, tant qu’il y a un équilibre », dit Arukin Torres. « C’est pourquoi nous insistons sur le fait que nous ne pouvons pas altérer davantage l’environnement », ajoute-t-il.

(Avec AFP)

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Charlotte Combret

Issue d’une grande école de commerce, Charlotte délaisse rapidement les open spaces parisiens pour s’engager dans la voie de l’indépendance. Son désir de lier pédagogie et poésie la conduit à devenir journaliste rédactrice, dans les Landes, pour des entreprises et médias engagés. Ses passions : le cinéma animalier, les voyages en train, les lectures féministes et les jeux de mots en tout genre.

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