Qu’est-ce que l’éco-anxiété ?
Incendies, pollution, vagues de chaleur… Les premières conséquences du réchauffement climatique sont déjà bien perceptibles. De quoi s’inquiéter sur les conséquences à venir, méconnues pour certaines. Une peur ou angoisse, qui atteint de nombreuses personnes, que l’on nomme « éco-anxiété ».
Même si le phénomène n’était pas nouveau, le terme d’éco-anxiété est apparu en 1997, conceptualisé par la chercheuse canadienne et belge, Véronique Lapaige. Il est formé à partir des termes écologie et anxiété. Ainsi il s’agit de l’apparition d’un sentiment d’inquiétude ou d’anxiété face aux catastrophes écologiques à venir. Reflet d’une prise de conscience grandissante de la crise environnementale à laquelle nous sommes confrontés, cette émotion touche en premier et de manière plus intense les personnes engagées dans la protection de l’environnement. Elle peut être le manifeste d’un profond mal-être lié à la détérioration de notre planète et aux actions insuffisantes prises par les sociétés et les gouvernements pour y remédier. Cependant l’éco-anxiété n’est pas une maladie. Bien qu’elle ne figure pas dans le DSM-5, l’outil de classement des troubles mentaux, il reste que les symptômes vécus peuvent, dans certains cas, être très importants et déboucher sur un burn-out ou une dépression.
L’éco-anxiété : une angoisse lucide
En effet, pour le psychologue Jean-Baptiste Desveaux, auteur de La crainte de l’effondrement climatique, Angoisses écologiques et incidences sur la psyché individuelle, l’éco-anxiété ne doit pas être perçu comme un symptôme psychique, mais plutôt comme « une angoisse lucide » face à la survenue d’événements dont la réalité à venir n’est plus à démontrer. Une analyse partagée par la plupart des spécialistes. Le terme d’éco-anxiété a été popularisé autour de 2019 par la presse française, lors des températures caniculaires atteintes cet été-là. Depuis, d’autres effets du réchauffement climatique ont fait parler d’eux, la sécheresse et les incendies en premier lieu. De quoi susciter effectivement l’inquiétude des éco-anxieux. Selon une étude publiée dans The Lancet Planetary Health en 2021, intitulée Young People’s Voices on Climate Anxiety, Government Betrayal and Moral Injury : A Global Phenomenon, 84 % des jeunes entre 16 et 25 ans sondés (dans dix pays différents), se disaient « inquiets », face à l’avenir de la planète, 59 % « très inquiets » et la moitié d’entre eux se sentaient anxieux, tristes ou en colère.
Éco-anxiété Vs solastalgie
L’éco-anxiété est différente de la solastalgie, terme utilisé par le philosophe de l’environnement Glenn Albrecht en 2003. La solastalgie est une anxiété face à ce qui a déjà été perdu, en particulier la destruction des écosystèmes et de la biodiversité. Le philosophe a introduit ce concept lors de ses travaux sur la santé mentale des habitants de la Hunter Valley en Australie, face à l’arrivée de l’industrialisation dans la vallée et l’ouverture des mines à ciel ouvert. Les habitants étaient affectés par ces changements qui ont bouleversé leur monde, et ainsi frappés de « solastalgie ». L’éco-anxiété, au contraire, est plutôt vue comme une peur ou angoisse de ce qui nous attend dans les années à venir, notamment s’agissant des conséquences du réchauffement climatique.
Comment s’en sortir ?
Si l’éco-anxiété peut mener à l’immobilisme et au découragement, cet état peut aussi conduire à la mise en mouvement. « Il ne faut pas voir l’éco-anxiété uniquement comme un problème mais aussi comme un moteur pour changer les choses », expliquait Véronique Lapaige dans un entretien donné au National Geographic. L’éco-anxiété peut ainsi pousser les personnes atteintes à se mobiliser individuellement ou collectivement pour la planète, en exigeant par exemple des changements significatifs de la part des décideurs comme a pu le faire la militante suédoise, Greta Thunberg, en organisant la « grève de l’école pour le climat », qui s’est tenue tous les vendredis d’août 2018 à juin 2023.
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