Remaniement : L’énergie ne dépendra plus du ministère de l’Écologie mais de l’Économie
Alors que disparaît le ministère de la Transition énergétique, le ministère de l’Économie va récupérer l’énergie à la faveur du remaniement gouvernemental. Une nouvelle qui suscite l’inquiétude des défenseurs de l’environnement.
Disparition confirmée. Le ministère de la Transition énergétique, rattaché à celui de l’Écologie, ne sera bientôt plus. À l’avenir, c’est Bercy qui sera en charge de ces questions, ô combien clés dans la lutte contre le dérèglement climatique. « Avoir la responsabilité de l’énergie, c’est se donner les meilleures chances d’accélérer la réindustrialisation du pays et la réalisation du programme nucléaire français », s’est félicité Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, dans Le Figaro. Ce transfert de l’énergie sera confirmé dans des décrets d’attribution dont la date de publication n’a pas été précisée, a indiqué son entourage à l’AFP. Parmi les gros dossiers figure le nucléaire, alors que le président Emmanuel Macron avait annoncé en 2022 un programme de six nouveaux réacteurs EPR, avec huit supplémentaires en option.
Jusqu’à présent, la question des énergies était portée par une ministre de plein exercice, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique dans le précédent gouvernement, également chargée du climat. Elle passera prochainement ministre déléguée en charge de la Santé.
« Un très mauvais signal »
Pour les défenseurs du climat et de la biodiversité, ce changement n’est pas bon signe. Sur X, l’avocat en Droit de l’environnement et de l’énergie Arnaud Gossement parle d’une « mauvaise nouvelle » à plusieurs niveaux. « Cette séparation signifie le retour d’une conception d’abord industrielle et économique de l’énergie que nous avions fait évoluer, notamment pour développer les énergies renouvelables » explique le docteur en droit. « C’est le retour à une politique en silos : la nature d’un côté, l’énergie de l’autre. Alors que la lutte contre le changement climatique nous impose de concevoir l’écologie comme un tout indivisible avec des enjeux qui sont tous liés les uns aux autres » analyse-t-il encore.
Plusieurs associations dénoncent également ce choix. « C’est casser une organisation qui datait de 2007 où la transition écologique était le fil conducteur entre l’énergie, les transports, le logement » et « un très mauvais signal », a aussitôt regretté auprès de l’AFP Anne Bringault, directrice des programmes au Réseau Action Climat (RAC), après l’annonce du nouveau gouvernement de Gabriel Attal. C’est Nicolas Sarkozy qui avait forgé un « super ministère » réunissant notamment les questions d’énergie, de transports, de logements ou encore de biodiversité, à l’issue du Grenelle de l’environnement en 2007.
« Des ministères et des intérêts opposés »
Le WWF France a également qualifié d’« inquiétante » la « disparition du ministère de la transition énergétique dans l’organigramme gouvernemental et son rattachement au ministère de l’Economie ». « C’est un recul de 15 ans. Comment le Premier ministre pourra-t-il encore prétendre être en charge de la planification écologique et de la planification énergétique alors que ces deux portefeuilles seront à nouveau écartelés entre des ministères et des intérêts opposés ? », regrette encore l’ONG dans un communiqué. Elle juge en revanche que le maintien de Christophe Béchu à la Transition écologique est « gage de stabilité ».
« Il nous reste tant à faire », a de son côté réagi Christophe Béchu sur X (ex-Twitter), citant « l’adaptation de notre pays aux conséquences du dérèglement climatique, le développement d’une économie plus durable, la planification écologique dans tous nos territoires ». En attendant, 2023 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée au niveau mondial, à +1,48°C par rapport à l’ère pré-industrielle et 2024 est déjà marquée par des niveaux record de la température moyenne des océans.
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