Sûreté nucléaire : le recours de l’ISRN à un cabinet de conseil montré du doigt
La ministre de la Transition énergétique a interpellé la semaine dernière le patron de l’IRSN, sur son recours à un cabinet de conseil qui aurait visé à trouver des arguments pour s’opposer au projet de réforme de l’État prévoyant de fusionner l’IRSN et l’ASN.
Fin octobre 2023, la ministre de la Transition énergétique a écrit au patron de l’IRSN, l’expert de la sûreté nucléaire au cœur d’un projet de réforme gouvernemental, pour lui demander des comptes sur son recours à un cabinet de conseil, a-t-on appris vendredi auprès des acteurs du dossier.
Agnès Pannier-Runacher laisse entendre que la mission confiée à ce cabinet visait à influencer les parlementaires pour s’opposer à la réforme de la sûreté nucléaire qu’elle porte, ce dont le directeur général de l’Institut de radioprotection et sûreté nucléaire (IRSN), Jean-Christophe Niel, se défend.
La réforme, décidée à l’Élysée, retoquée en mai par le Parlement mais que le gouvernement entend de nouveau lui soumettre, vise à fusionner l’IRSN et l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), au grand dam de l’intersyndicale de l’institut, d’élus ou d’experts qui redoutent une perte de transparence et de qualité de l’expertise.
Dans un courrier du 25 octobre adressé à Monsieur Niel, révélé vendredi par La Lettre et consulté par l’AFP, Agnès Pannier-Runacher exprimait sa « surprise ». La ministre rapporte des propos d’un député Renaissance, Damien Adam, tenus le matin même lors d’une audition de la direction de l’IRSN à l’Assemblée nationale. Le député, précise-t-elle, évoquait « un contrat que l’IRSN aurait passé avec un cabinet de lobbying privé » pour défendre auprès des Parlementaires la séparation actuelle entre l’ASN et l’IRSN.
Recours à des prestations externes
« Vous comprendrez ma surprise alors même que l’intitulé de cette mission semble en contradiction avec le mandat que je vous ai confié », ajoute la ministre, demandant au directeur général de l’IRSN de lui fournir tous documents liés à ses missions externes. « L’IRSN n’a rien à cacher, elle a une pratique rigoureuse de la transparence et n’a pas fait d’influence », a déclaré Monsieur Niel à l’AFP.
« Je suis un serviteur de l’État loyal et honnête. Je ne me suis jamais exprimé sur ce projet de réforme dans les médias, je me suis seulement exprimé en auditions parlementaires, sur les enjeux et points de vigilance d’un tel rapprochement » entre IRSN et ASN, a-t-il fait valoir. L’IRSN recourt depuis les années 2010 à des prestations externes de conseil pour ses relations institutionnelles « car elle préfère affecter ses ressources humaines à son coeur de métier, l’expertise nucléaire », explique-t-on à l’institut.
Dans le cas présent, le contrat a été passé début 2021 avec le cabinet Boury, Tallon et associés afin d’expliquer entre autres aux décideurs le fonctionnement dual de la sûreté nucléaire, avec l’IRSN et l’ASN, avant même l’annonce en février 2023 du projet de fusion de ces deux institutions, a précisé auprès de l’AFP le directeur général du cabinet, Pascal Tallon. « Aucune action n’a été menée depuis le lancement de la réforme, abordant ce thème, à la demande expresse de l’IRSN », a-t-il assuré.
(Avec AFP)
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