Un monde plus écologique est-il déjà en route ?

Entre éco-anxiété et fatalisme, difficile de faire le tri et d’envisager un avenir plus optimiste. S’il est tentant de ne s’attarder que sur le chemin qu’il reste à parcourir, de nombreuses initiatives existent d’ores et déjà. Pour cette raison, le podcast « La Terre au carré » s’est interrogé sur une question qui a de quoi redonner un peu d’espoir : le monde de demain est-il déjà là ?

Un changement d’ores et déjà en place

Face aux menaces environnementales constantes : réchauffement climatique, perte de biodiversité, multiplication des catastrophes naturelles… il est parfois difficile, voire pour certain.es impossible, d’envisager un avenir radieux pour la planète. À grands renforts de films et séries catastrophes aux allures post-apocalyptiques, nous alimentons sans cesse cet imaginaire mortifère, qui voudrait que le monde de demain se résume à un vaste champ de bataille aride, où s’affrontent plantes anthropophages et bêtes sanguinaires. Alors avant d’imaginer cette poignée de survivants, reclus au fin fond d’un bunker et luttant contre une nature déréglée et menaçante, n’est-il pas temps de s’attarder un instant sur le chemin parcouru ? 

Pour l’économiste Aurélie Piet, le monde de demain est en train de se construire sous nos yeux, sans que nous en ayons conscience. C’est l’idée qu’elle développe dans son livre « 2 milliards de réenchanteurs », publié chez Actes Sud. « Le changement de civilisation est déjà en route et il vient d’en bas. Déjà des milliers de citoyennes et de citoyens réalisent des révolutions tranquilles à travers la planète ». Elle rappelle par ailleurs au micro de La Terre au carré qu’un changement considérable est d’ores et déjà en place, au niveau des villes, mais également des grandes instances internationales, des entreprises ou même des collectivités territoriales. Selon elle, il existe « une triple révolution […] qui est en train d’émerger, à la fois une révolution scientifique, une révolution technologique, une révolution sociétale ». Aujourd’hui, en France, il existe déjà pas moins de 1 000 entreprises à missions, c’est-à-dire, qui incluent dans leur statut juridique le fait, au-delà du profit, d’aller vers des objectifs sociaux et environnementaux. Pour Aurélie Piet, il s’agit là d’une preuve incontestable que nous nous tournons davantage vers l’économie de la fonctionnalité, l’économie régénérative, l’économie circulaire aussi. Le signal, peut-être faible, mais pas inexistant, d’une évolution positive au sein de nos sociétés. 

Résoudre les crises écologiques avec de belles histoires, c’est possible ?

Et si finalement, la clé du changement résidait dans le fait de mettre l’accent sur ce qui fonctionne ? Si l’idée peut à priori sembler un brin candide, elle n’en est pas moins dépourvue de bon sens. C’est d’ailleurs le fer de lance de Cyril Dion, le réalisateur – entre autres – d’Animal ou encore Un monde nouveau. Pour lui, il faut avant tout recentrer notre regard sur les initiatives favorables, avant de rappeler qu’ « il ne s’agit pas simplement de les faire à petite échelle, mais qu’il s’agit ensuite de changer l’architecture, le système ». Comme le rappelle Radio France, à la tête de La Terre au carré, pour Cyril Dion, « raconter une histoire qui fait du bien serait une bonne façon d’aider à résoudre les crises écologiques, économiques et sociales que traversent nos pays ». Un credo depuis longtemps adopté par le réalisateur et militant écologiste. « Les scénaristes ont une responsabilité dingue lorsqu’ils écrivent une série. Parce que si on montre un horizon sans cesse bouché et dystopique, on s’installe dans une prophétie autoréalisatrice », avait-il déjà martelé, lors d’une conférence donnée au festival SériesMania, sur « ce que peuvent les séries pour l’écologie ». 

Face à l’urgence climatique, nous sommes toutes et tous tentés de baisser les bras et de nous préparer à la catastrophe. Et si, le temps d’un instant, nous changions de lunettes pour constater que le monde de demain est en route et qu’il ne tient qu’à nous de faire croître les changements positifs déjà installés ?

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