À cause du réchauffement climatique, les ours de Sibérie n’hivernent plus
Les températures anormalement élevées de cet automne perturbent le cycle d’hivernation des ours de Sibérie. Dans un état de semi-somnolence, ces grands mammifères bruns errent dans les forêts boréales. Un phénomène révélateur des conséquences du dérèglement climatique sur le comportement des espèces sauvages.
« Dans certaines régions, des ours à moitié endormis se promènent encore dans leurs tanières » alertait fin 2023 le Département pour la protection de la faune de la région de l’Amour, en Russie, sur son compte Telegram. Alors qu’ils entrent habituellement en hivernation vers la fin du mois d’octobre, après avoir accumulé suffisamment de réserves de graisse pour passer l’hiver, les ours bruns de la région n’ont pas rejoint les bras de morphée. En cause ? Les températures anormalement douces pour l’automne dans la région, conséquence directe du dérèglement climatique. Cette perturbation du cycle naturel d’hivernation concerne à ce jour les ours bruns mâles de Sibérie, les femelles suivies de leurs oursons ayant rejoint leur tanière « strictement dans les délais prévus », d’après les autorités locales.
En cause : le dérèglement climatique
Alors que Deklic s’interrogeait sur les conséquences des activités anthropiques sur les comportements de la faune sauvage, le cas des ours de Sibérie se présente comme une indicateur probant. L’ours brun de cette région du grand nord, désorienté, se retrouve en incapacité de suivre le cycle naturel qu’il reproduit d’ordinaire de façon instinctive. Ce dérèglement fait son lit dans celui du climat. Dans l’Extrême-Orient russe, les mois d’octobre et de novembre ont vu s’afficher des températures saisonnières record. Le pays, qui se réchauffe 2,5 fois plus vite que le reste de la planète, connaît régulièrement des conditions météorologiques anormales, rapporte le département gouvernemental.
En Sibérie… mais pas que
Ce n’est pas la première fois que sont observées des modifications du cycle d’hivernation des ours à cause du dérèglement climatique. En 2015, en Alaska aux Etats-Unis, les grizzlis du parc Yellowstone avaient été sortis de leur long sommeil hivernal plusieurs semaines en avance en raison de températures exceptionnellement élevées pour la période. Relayée par le New York Times, une étude révèle que les ours hivernent en moyenne six jours de moins pour chaque degré supplémentaire enregistré. En Europe, des changements similaires d’hivernation des ours bruns ont également été rapportés, souligne le magazine Science et Vie.
Et les ours des Pyrénées ?
Ce phénomène pourrait-il bientôt concerner les ours des Pyrénées ? « On ne peut pas écarter cette hypothèse, mais ce n’est pas encore le cas », partage Patrick Leyrissoux, membre de l’association Férus sur France 3 Occitanie fin janvier. D’autres facteurs impactés par le réchauffement climatique, à commencer par l’évolution de la végétation locale, pourraient également jouer un rôle dans le dérèglement du comportement de ces grands mammifères. « La disparition de certains végétaux et plantes et des températures plus chaudes pourraient en effet inciter les ours pyrénéens à moins hiverner. Mais de nouvelles plantes peuvent aussi apparaître et finalement ne rien changer » analyse-t-il.
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