A69 : le projet controversé continue de susciter la colère des habitants du Tarn
Ce samedi 9 décembre, des centaines de manifestants ont défilé dans le Tarn. Les raisons de leur colère ? Le projet contesté d’autoroute A69 Toulouse-Castres et, plus précisément, les « usines à bitume » qui doivent s’installer sur place pour produire les quelque 500 000 tonnes de revêtement nécessaires à la construction de cette future voie rapide.
Un projet vivement contesté
Parti du village de Saint-Germain-des-Près (Tarn), le plus proche du chantier de l’une de ces deux « centrales d’enrobé bitumineux à chaud », le cortège mêlant habitants des environs, parents et élèves des écoles locales, ainsi que militants d’associations et collectifs écologistes, devait rallier une petite commune voisine. Cependant, les manifestants ont finalement changé de trajectoire pour se diriger vers le chantier de l’une de ces futures centrales.
Il faut dire que la colère qui entoure le projet d’autoroute, dont l’ouverture est prévue en 2025, ne date pas d’hier. Alors que les travaux ont démarré en mars dernier, dès le mois de juin 2023, plusieurs associations ont déposé un recours contre les autorisations environnementales permettant la réalisation du chantier, dans le but d’obtenir la suspension des travaux et l’abandon définitif. De son côté, le militant et écologiste Thomas Brail, qui proteste contre la construction de cette voie rapide, synonyme d’abattage de centaines d’arbres et de disparition de nombreux hectares de terres et zones humides n’a cessé d’appeler à la cessation du projet d’A29. Perché en haut d’un arbre, il avait, en septembre dernier, entamé une grève de la faim de plusieurs semaines pour protester contre la reprise des travaux.
Les voix s’élèvent contre l’autoroute A29 Depuis des mois maintenant, nombreux sont les militants et écologistes à multiplier les appels pour mettre un terme au projet d’autoroute. ➡️ Faites le point, pour mieux comprendre l’opposition au projet de construction de l’A69. |
Pour l’heure, rien ne semble endiguer la volonté de poursuivre le chantier de ce tronçon de 53 km, jugé par certains totalement inutile. Toutefois, habitants et militants continuent de s’opposer à ce qu’ils qualifient de « projet écocide », comme en témoigne cette nouvelle journée de manifestation.
« Pour eux le pognon du péage, pour nous le poison du bitume ! »
Ce samedi 9 décembre, ils étaient donc plusieurs centaines (1 800 selon les collectifs organisateurs, 800 selon la préfecture) à lever leurs banderoles pour s’opposer à l’autoroute A69 et le « poison » de ses « usines à bitume » qui doivent s’installer sur place pour produire le revêtement de ce projet contesté. Certains brandissaient au passage des pancartes avec le nom de substances chimiques (oxyde d’azote, hydrocarbures, benzopyrène, oxyde de soufre, etc.) émises selon eux par les centrales d’enrobé bitumineux à chaud.
« Ils nous prennent pour des imbéciles, pour des ploucs, en nous disant que ce qui va sortir de l’usine, c’est de la vapeur d’eau. Ils se sont dit “on est à la campagne, avec des paysans”, ils nous ont pris de haut et là ils sont un peu étonnés », affirme à l’AFP Sabine, 68 ans, retraitée du bâtiment et habitante de Villeneuve-lès-Lavaur (Tarn) où doit être installée la deuxième centrale. En effet, ce samedi, l’inquiétude qui grondait portait essentiellement sur les risques pour la santé et l’environnement présentés par les fumées de ces installations provisoires, qui vont produire le revêtement de l’autoroute A69 durant plusieurs mois. « C’est la goutte d’eau » pour les Tarnais et Tarnaises, qui affirment n’avoir découvert que très récemment la construction de ces usines à bitume. Bien que la NGE, l’entreprise responsable du chantier, ait minimisé la semaine dernière les préoccupations locales, les jugeant « complètement disproportionnées », selon les propos de son chef de chantier, Hans Stoufs, cela n’a pas dissuadé les manifestants d’exprimer leur mécontentement.
Malgré l’intervention d’une dizaine de gendarmes faisant usage de gaz lacrymogènes, un groupe de militants plus important a réussi à pénétrer sur le futur site de production. Sur place, ils ont escaladé les collines constituées de « fraisat » (matériau recyclé issu de routes) destiné à être utilisé par la centrale. Au cours de cette action, un algeco a été incendié par des militants, générant une dense fumée noire pendant quelques minutes. À l’issue de cette mobilisation, plusieurs collectifs opposés au projet d’autoroute A69 ont organisé une soirée intitulée « Du Beat contre le bitume ». Pour l’heure, aucune date n’a été communiquée concernant une éventuelle manifestation, mais les habitants ainsi que les militants promettent toutefois de ne pas abandonner, à l’image de Sabine, habitante de Villeneuve-Lès-Lavaur, où s’implantera la deuxième centrale à bitume. « Ils ne veulent pas lâcher, et bien on ne lâchera rien non plus », promet la retraitée.
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