Comprendre : l’opposition au projet de construction de l’A69
La construction de cette nouvelle autoroute entre Tarbes et Toulouse est l’objet de nombreuses critiques, notamment quant à son impact environnemental.
Dimanche 25 septembre, Thomas Brail, militant écologiste a été délogé par les autorités d’un arbre dans lequel il s’était posté pour protester contre le projet d’autoroute reliant Castres à Toulouse. Il était installé dans un platane face au ministère des Transports à Paris, depuis une dizaine de jours tout en effectuant une grève de la faim (depuis 24 jours). Les autorités ont mis en avant la nécessité « d’assurer sa prise en charge médicale », selon l’AFP.
Le militant écologiste, fondateur du GNSA (Groupe National de Surveillance des Arbres) est membre du collectif « La voie est libre » qui s’oppose au projet d’autoroute A69 au nom de l’environnement et du climat, et demande la suspension des travaux, qui ont démarré au printemps. Le collectif a également initié plusieurs manifestations contre ce projet autoroutier aux côtés de la Confédération paysanne. D’autres collectifs, notamment les Soulèvements de la Terre s’opposent aussi à la nouvelle construction.
53 km d’autoroute
Pour relier Toulouse à Castres, le gouvernement a décidé, en 2010, de créer l’A69, une autoroute concédée et privée. La société Atsoca a ainsi été choisie pour construire et exploiter cette nouvelle autoroute pour une période de 55 ans. La nouvelle voie rapide fera 53 km de long et devrait être mise en service en 2025. Les sympathisants au projet invoquent notamment le gain de temps pour les automobilistes et le développement économique du territoire.
Les opposants du projet estiment quant à eux que cela n’est pas nécessaire, dans la mesure où la route actuelle reliant les deux villes (la N126) n’est pas congestionnée, et que des travaux d’aménagement de la N126 auraient simplement pu être engagés. Le collectif « La voie est libre » a également imaginé un projet alternatif avec un développement du ferroviaire, des transports en commun et une véloroute entre Toulouse et Mazamet.
Un projet « anachronique »
Mais c’est surtout l’impact écologique de l’A69 qui est montré du doigt par les opposants. En septembre 2022, le Conseil national de la protection de la nature a rendu un avis défavorable à cette construction en indiquant qu’elle est « en contradiction avec les engagements nationaux en matière de lutte contre le changement climatique, d’objectif du zéro artificialisation nette et du zéro perte nette de biodiversité ». Même constat du côté de l’Autorité environnementale (dont l’avis n’est que consultatif, comme celui du Conseil national de la protection de la nature) qui a qualifié le projet d’ « anachronique au regard des enjeux et ambitions actuels de sobriété ».
En effet, 343 hectares de terres agricoles et de terre naturelles seront artificialisés, et l’augmentation de la vitesse et du trafic va par nature augmenter les émissions de CO2. Pour le collectif « La voie est libre », près d’un millier d’arbres seront abattus. Le concessionnaire de l’autoroute, Atsoca, estime que seulement 200 arbres seront abattus et met en avant des mesures compensatoires (notamment la plantation d’arbres à d’autres endroits) pour réduire les impacts.
Actions choc
Plusieurs recours ont été formés contre le projet. Une requête devant le tribunal administratif de Toulouse doit encore être examinée et un pourvoi a été déposé au mois d’août 2023 pour demander la suspension des travaux.
À la suite du délogement de Thomas Brail, un collectif de 200 scientifiques a demandé l’arrêt immédiat des travaux de l’A69, dans une lettre ouverte à plusieurs politiques, dont Clément Beaune, le ministre des Transports et Carole Delga, la présidente du Conseil régional d’Occitanie, publiée dans Mediapart.
Thomas Brail va continuer sa grève de la faim, aux côtés de 13 autres militants, dont Camille Chaudron, ou Girl Go Green, qui l’a annoncé il y a quelques jours. Le collectif a organisé un rassemblement à Paris devant le ministère de la Transition écologique et un rassemblement à Toulouse, le 25 septembre en fin de journée. Ainsi, entre 200 et 400 personnes, dont plusieurs élus se sont rassemblées lundi soir à Paris pour dénoncer le projet, et plus largement la politique écologique du gouvernement.
À lire aussi :
Qu’est-ce que la mobilité durable et quel est son impact sur l’environnement ?