Qu’est-ce qu’un pays mégadivers ?
Développé par le primatologue et anthropobiologiste américain Russell Alan Mittermeier en 1988, le concept de pays mégadivers concerne une liste de nations à très haute biodiversité. Ces pays, qui ne couvrent que 10 % de la surface de la terre, abritent environ 70 % de la biodiversité terrestre mondiale. Rien que ça ! Mais quelles sont précisément ces nations pas comme les autres ?
Pays mégadivers : les piliers de la biodiversité mondiale
Il ne s’agit pas de se proclamer « mégadivers » pour l’être. Ainsi, au panthéon des nations concernées, on retrouve seulement 17 pays (et un de plus, d’après certains listings). Ils ont tous en commun d’héberger une grande quantité d’écosystèmes et une variété considérable de formes de vies, aussi bien végétales, qu’animales (terrestres et marines). À eux seuls, tous ces pays accumulent plus de 70 % de la biodiversité de la Terre ! Ils sont également caractérisés par un fort endémisme, c’est-à-dire la présence d’une multitude d’espèces endémiques. Une espèce est dite endémique dès lors qu’elle est présente exclusivement dans une région géographique délimitée. En France, en 2022, on comptait par exemple pas moins de 21 976 espèces de ce type d’après naturefrance. C’est notamment le cas de la sittelle Corse, un tout petit oiseau. Mais revenons à nos moutons mégadivers…
Si le concept a été développé par Russell Alan Mittermeier en 1988, sur la base d’une analyse préliminaire des priorités vis-à-vis de la protection des primates dans le monde, c’est par la suite au Centre mondial de surveillance pour la conservation de la nature (une entité qui appartient aux Nations Unies) qu’a été dressée la liste de ces joyaux de la biodiversité. L’objectif d’une telle classification : accroître la protection des territoires les plus mégadivers de la planète pour l’avenir.
En partant du constat que la biodiversité n’est en aucun cas répartie uniformément sur notre planète et que certains pays, en particulier sous les tropiques, présentent des concentrations de biodiversité beaucoup plus élevées que d’autres, il est fondamental de maximiser les ressources investies dans la conservation de ces États. L’investissement qui leur est accordé doit être au moins proportionnel à leur contribution globale à la biodiversité mondiale. C’est en tout cas l’objectif premier du concept de mégadiversité.
Pour être classée parmi les pays méga divers, une nation doit répondre à des critères spécifiques. Elle doit notamment héberger au moins 5 000 espèces de plantes endémiques et posséder des écosystèmes marins à l’intérieur de ses frontières. Dans leur grande majorité, les pays mégadivers sont des pays tropicaux, toutefois, on les retrouve sur presque l’ensemble des continents.
Quels sont les pays mégadivers ?
Les 17 pays mégadivers, identifiés par le Centre mondial de surveillance continue de la conservation de la nature (WCMC) des Nations unies sont les suivants :
🌿 L’Afrique du Sud ;
🌿 L’Australie ;
🌿 Le Brésil ;
🌿 La Colombie ;
🌿 L’Équateur ;
🌿 Les États-Unis ;
🌿 L’Inde ;
🌿 L’Indonésie ;
🌿 Madagascar ;
🌿 La Malaisie ;
🌿 Le Mexique ;
🌿 Le Pérou ;
🌿 La Papouasie-Nouvelle-Guinée ;
🌿 Les Philippines ;
🌿 La République démocratique du Congo ;
🌿 La République populaire de Chine (dont Taïwan) ;
🌿 Le Venezuela.
Cette liste a été adoptée par l’organisation Conservation International. Toutefois, sur la base des critères retenus, un petit nouveau a fait plus tard son entrée au panthéon des pays mégadivers et il s’agit de… 🥁… La France, pardi ! En effet, en raison du poids en espèces endémiques de ses DOM-TOM, l’Hexagone a rejoint sur le tard les 17 pays qui recèlent la plus grande biodiversité, portant donc la liste à 18, d’après certains classements.
En 2002, au cours de leur réunion au Mexique, les pays ont formé une alliance, le Groupe des pays mégadivers similaires, Like-Minded Megadiverse Countries, afin d’accroître leur collaboration et promouvoir leurs intérêts et leurs priorités en matière de conservation et d’utilisation durable de la diversité biologique.
Les pays mégadivers en danger
Déstruction des habitats naturels, changement climatique, pollution… Autant de fléaux qui guettent et menacent la biodiversité mondiale à chaque instant, à l’image des feux de forêts qui dévastent une part considérable de la Colombie en ce début d’année 2024. L’énorme richesse naturelle des pays mégadivers les place au centre des défis environnementaux mondiaux de grande envergure. Il en va de la responsabilité de l’ensemble des États de mener des politiques ambitieuses en matière de protection des espèces animales et végétales au cœur de ces sanctuaires de biodiversité.
D’après une étude publiée en mai 2023 dans la revue Biological Reviews, sur les 71 000 espèces analysées (mammifères, oiseaux, amphibiens, reptiles et poissons), 48 % subissent un déclin de leur population, 49 % restent stables et seulement 3 % des espèces voient leur population augmenter. “Un constat nettement plus alarmant que les estimations issues de la liste rouge des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature” (UICN), indique le rapport. L’heure est donc plus que jamais à la protection de ces centres névralgiques de la faune et de la flore.
À lire aussi :
⭐ Comprendre : les cinq extinctions de masse
⭐ Quels sont les effets du réchauffement climatique sur la biodiversité ?
⭐ En images : ces espèces animales menacées d’extinction en France