COP28 : le projet de sortie des énergies fossiles est-il en train de partir en fumée ?

Par Anaïs Hollard , le 11 décembre 2023 - 4 minutes de lecture
Sultan al-Jaber

© Peter Dejong

À quelques heures de la fin de la 28ème conférence climatique des Nations unies, la sortie des énergies fossiles reste au cœur de l’ensemble des débats, attisant au passage bon nombre de tensions avec le bloc mené par l’Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole. 

Le groupe présidé par l’Arabie saoudite accusé d’obstruction

Ce lundi 11 décembre, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a de nouveau appelé la COP28 à faire preuve de « flexibilité maximum » et de « bonne foi », pour assurer la sortie de « toutes les énergies fossiles ». Une requête alignée sur les objectifs ambitieux de réduction des émissions de CO2 et la limite de 1,5°C de réchauffement planétaire.
C’est sans compter la résistance tactique de l’Arabie saoudite, premier exportateur de pétrole, de l’Irak, ainsi que de quelques alliés. Ces États, ainsi que le Qatar, producteur géant de gaz, dépendent des hydrocarbures pour financer leurs économies et leurs projets de développement, explique Laury Haytayan, directrice pour la région MENA du Natural Resource Governance Institute, basée à Bruxelles.

Des opposants qui campent sur leurs positions hostiles à toute sortie ou réduction des énergies fossiles, comptant sur les technologies balbutiantes de captage du carbone et brandissant au passage la menace d’un bouleversement de l’économie mondiale. Alors que la Chine est jugée constructive par les négociateurs, ces pays exportateurs de pétrole sont quant à eux accusés d’obstruction. À quelques heures de la fin supposée de cette COP28, Sultan Al Jaber, qui préside l’événement, a néanmoins promis un accord « historique » dès le 12 décembre, jour anniversaire de l’accord de Paris, dont il assure que l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5°C, sérieusement menacé, demeure « son étoile polaire ».
« Tout le monde doit faire preuve de flexibilité », a-t-il déjà lancé dimanche.

Le soutien aux pays les moins développés au cœur des échanges

Si la question des énergies fossiles demeure centrale, celle du financement des pays les plus pauvres reste inscrite sur toutes les lèvres. Le texte à forger à la COP28 doit ainsi explicitement appeler au déclin des énergies fossiles sans oublier que l’accès à l’énergie reste un problème dans une partie du monde et le sera plus encore avec la croissance démographique attendue. 

Pour António Guterres « nous sommes engagés dans une course contre la montre » pour trouver un consensus, sans toutefois occulter les disparités entre les Nations. Si cette COP28 aboutit bel et bien au déclin des énergies fossiles et à l’avènement des énergies renouvelables, « cela ne veut pas dire que tous les pays doivent sortir des énergies fossiles en même temps », a-t-il précisé. En effet, un grand accord final dépend aussi des gages donnés aux pays émergents, comme l’Inde, qui produit encore les trois quarts de son électricité en brûlant du charbon, et aux pays en développement qui exigent des pays riches de l’aide pour installer l’énergie solaire ou les éoliennes dont ils auront besoin, ou pour s’adapter aux ravages du changement climatique (digues, bâtiments, santé, agriculture…). Alors que la COP28 pourrait s’avérer déterminante quant au sort réservé aux énergies fossiles, il reste encore à lever des freins de taille avant d’arriver à un accord final. Le destin du gaz, du charbon ou encore du pétrole dépendent aussi des gages donnés aux pays émergents.

L’optimisme est toujours permis

Malgré les tensions palpables et la lenteur des négociations, des ONG aux négociateurs, les participants expriment toutefois le même sentiment : celui qu’un accord n’a jamais été aussi proche pour signaler le début de la fin des énergies fossiles, dont la combustion depuis le XIXème siècle a permis l’essor économique mondial au prix d’un réchauffement de 1,2°C. Lors d’une grande réunion dimanche, organisée en cercle sur le modèle des « majlis », tradition des pays musulmans, des ministres du monde entier ont souscrit les uns après les autres à la sortie des énergies fossiles.

(Avec AFP)

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Anaïs Hollard

Captivée par les sujets liés à l’énergie, Anaïs a longtemps collaboré avec de grands acteurs du secteur, avant de choisir la voie de l’indépendance, en tant que journaliste web. Aujourd’hui, elle continue de délivrer son expertise en matière d’énergie et de transition écologique. Ses passions : la lecture, l’écriture (forcément) et les DIY créatifs !

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