COP28 : les États parviendront-ils à trouver un accord pour le climat ?
Nous ne sommes plus qu’à quelques jours du lancement de la COP28 qui se tiendra à Dubaï, aux Émirats arabes unis, du 30 novembre au 12 décembre 2023. Avant le sommet, examinons les points à l’ordre du jour et l’atmosphère générale qui entoure cet événement.
Pendant treize jours, les délégués des 197 États et de l’Union européenne, signataires de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), s’engageront dans des négociations visant à parvenir à un accord afin de renforcer la lutte collective contre le réchauffement climatique. Comme à chaque COP, les négociations doivent normalement déboucher sur un texte final, adopté par consensus et non par vote. Un jeu d’équilibriste vu les intérêts souvent divergents de chaque « Partie » et leur adaptation protéiforme face au changement climatique.
Si la COP21 à Paris a abouti à un consensus historique avec l’accord de Paris, cela n’a pas été le cas lors de chaque COP. On pense notamment à Copenhague, en 2009, où aucun accord n’a été trouvé à l’issue des négociations de la COP15, si ce n’est un texte impliquant la Chine et les Etats-Unis.
Lors des COP, en marge de ces négociations, divers lobbyistes, représentants d’ONG ou organisations internationales se réunissent. S’en suivent annonces et engagements volontaires sur la question du climat.
Faire le bilan
Quant aux négociations entre les représentants des pays, trois thèmes principaux sont à l’ordre du jour. En premier lieu, le bilan mondial depuis la signature de l’Accord de Paris (« global stocktake »). Ce bilan mondial de l’accord de Paris oppose ceux qui souhaitent se contenter d’un bilan, qui montre indéniablement que les efforts fournis à ce stade sont insuffisants, à ceux qui voudraient y insérer un appel à réduire les énergies fossiles.
Le sort des énergies fossiles devrait en effet également être discuté lors de la COP 28. Pour rappel, dans son dernier rapport, le GIEC a rappelé qu’il sera très difficile d’atteindre les objectifs de l’accord de Paris si les investissements dans les énergies fossiles continuent. Mais cette hypothèse pourtant cruciale n’est pas au goût de tous. Si plusieurs pays, dont la France, l’Irlande ou le Kenya ont appelé à la sortie progressive des énergies fossiles lors des négociations « pré-COP » les 30 et 31 octobre à Abu Dhabi, les discussions ont seulement abouti à « la réduction de l’énergie produite grâce au charbon » comme objectif. Un sujet brulant à suivre cependant lors des négociations à venir. Certains pays, dont le pays hôte, évoquent une sortie des énergies fossiles qui ne sont pas adossées à des systèmes de stockage et de captage de CO2, une solution qui leur permettrait de continuer à produire du pétrole ou d’autres énergies fossiles.
Tensions évidentes
Début octobre, tandis que certains imaginaient un objectif commun de renoncement aux énergies fossiles, Sultan Al Jaber, les président de la COP 28, appelait les gouvernements à plutôt renoncer à leurs « fantasmes », en référence à l’abandon des infrastructures énergétiques existantes, pour atteindre les objectifs en matière de climat.
Rappelons que Sultan Al Jaber est le ministre de l’Industrie des Émirats arabes unis, le septième extracteur mondial de pétrole et le cinquième plus gros émetteur de CO2 de la planète, mais aussi le PDG d’Abu Dhabi National Oil Company (ADNOC), la principale compagnie pétrolière du pays. Une présidence qui questionne et a suscité l’incompréhension de nombreuses ONG. Si les lobbies du pétrole seront eux aussi bien présents à la COP, comme lors des précédentes éditions, Joe Biden a décidé quant-à-lui, selon un responsable américain, de ne pas se rendre à cet important sommet pour le climat. Une décision qui va l’encontre de sa volonté affichée de faire de la lutte contre le réchauffement climatique un enjeu central, étant une « menace ultime pour l’humanité », a rappelé le New York Times.
Parmi les autres reproches qui pourraient être faits aux Etats-Unis : celui de ne pas s’engager suffisamment pour assister les pays du Sud particulièrement menacés par le dérèglement climatique. En effet, la mise en place d’un fonds pour financer les « pertes et dommages » des pays les plus pauvres doit également être discutée à partir du 30 novembre.
Faut-il baisser les bras ?
Alors que les tribunes appelant les États à agir se succèdent, l’issue des négociations reste à ce jour incertaine tant les mots résonnent comme des coups d’épée dans l’eau. Faut-il pour autant baisser les bras ? Certainement pas, rappelle un collectif d’ONG, regroupant Greenpeace France, le WWF France ou encore Oxfam, dans une autre tribune publiée dans Le Monde le 13 novembre 2023. Le collectif rappelle la nécessité de contrer la présence des lobbies des énergies fossiles et souligne ce que peut être le revers d’une COP organisée chez l’un des plus grands producteurs de pétrole : celui de « briser un tabou » et « mettre enfin la question de la sortie des énergies fossiles sur la table ».
Selon l’AFP, l’Elysée dit s’attendre à « des négociations ardues » lors de la COP. La France portera toutefois plusieurs objectifs : le triplement des capacités renouvelables dans le monde d’ici 2030, le triplement des capacités nucléaires d’ici 2050, accélérer la fin des financements privés pour des centrales à charbon, préserver les puits de carbone et démontrer le lien entre lutte contre la pauvreté et engagements climatiques ou de biodiversité.
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