COP 29 : que retenir de la conférence de Bakou 2024 sur les changements climatiques ?
Le 24 novembre dernier, s’est achevée, à Bakou, la dernière Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques. Au programme ? Un accord de financement, à hauteur de 300 milliards de dollars, censé subventionner l’adaptation au changement climatique et le développement des énergies renouvelables dans les pays dits « émergents ». Ce n’est pas tout, puisque les participants sont également accordés sur la mise en place d’un nouveau marché carbone. Mais voyons plutôt…
Un accord financier sous forme de goutte d’eau dans l’océan ?
300 milliards de dollars alloués à la lutte contre le changement climatique
Après une COP28 à Dubaï, la COP29 organisée sous l’égide de l’ONU, s’est cette fois-ci tenue du 11 au 23 novembre à Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan. De nouveau, un pays producteur d’hydrocarbures.
Ce grand rendez-vous international visait entre autres à définir les modalités des financements de la lutte contre le changement climatique, ainsi que la répartition des efforts entre les pays dits du « Nord » et les pays du « Sud ». En effet, si la COP28 de Dubaï avait permis d’appeler (très timidement) à la sortie progressive des énergies fossiles, la question en suspens demeurait donc celle du soutien financier envisagé auprès des pays dits « émergents » face à l’ampleur de la tâche. C’est donc désormais chose faite : après une prolongation des négociations de 24 heures, les participants ont adopté un accord final de financement, autrement appelé « Nouvel objectif collectif quantifié ». 300 milliards de dollars, versés chaque année par les États « développés », ont été débloqués à cette fin.
La déception des pays du Sud
S’il s’agit là d’un triplement des ressources (sur le papier) par rapport aux précédents dispositifs d’aide mis en place lors de la COP15 de Copenhague en 2009, cette enveloppe représente en réalité pour la représentante indienne Chandni Raina une « somme dérisoire ».
Dans un élan de déception partagé, l’Inde a en effet dénoncé dimanche 24 novembre l’accord conclu entre les pays riches. La déléguée a affirmé que l’accord adopté « n’est rien de plus qu’une illusion d’optique » qui « ne répondra pas à l’énormité du défi auquel nous sommes tous confrontés ». « Nous sommes déçus par cette décision, qui met clairement en évidence le manque de volonté des pays développés d’assumer leurs responsabilités », a-t-elle ajouté, face aux délégués des pays riches.
Une déception largement partagée par les autres pays du Sud, parmi lesquels la Sierra Leone, qui a rappelé que ces 300 milliards de dollars représentent « moins d’un quart de ce que la science montre comme étant nécessaire et à peine suffisant pour éviter une catastrophe ». D’après une étude de Climate Policy Initiative, il faudrait « financer annuellement entre 8 100 et 9 000 milliards de dollars d’ici 2030, puis plus de 10 000 milliards dès 2031 »1 pour décarboner l’économie des pays en développement et leur permettre de faire face aux répercussions du changement climatique.
Un deuxième objectif a également été fixé. Celui de mobiliser 1 300 milliards de dollars par an pour l’action climatique, avec la contribution de sources publiques et privées. Une conclusion toujours largement insuffisante pour de nombreux pays en développement qui appelaient à un financement plus ambitieux.
Quid des marchés carbone
Un autre temps fort de cette COP29 a été l’accord sur les marchés du carbone, entériné dès les premiers jours. Ce sujet pour le moins complexe n’avait pas trouvé de conclusion lors des précédentes conférences pour le climat. Pourtant, ces nouvelles mesures visant à régir les échanges d’émissions de CO₂ entre États et entreprises souffrent, elles aussi, de nombreuses lacunes.
Pour faire simple, le mécanisme évoqué devrait permettre aux pays de réduire plus rapidement leurs émissions de gaz à effet de serre. Désormais, pour atteindre leurs objectifs climatiques, les pays très pollueurs pourront acheter des crédits carbone aux pays ayant dépassé leurs objectifs de baisse d’émissions. Et il aura fallu pas moins de neuf ans de négociations pour arriver à un compromis concernant les règles du jeu ! Une durée impressionnante pour un résultat que d’aucuns estiment bien en deçà des attentes. Si pour Luca Lo Re, analyste sur les marchés du carbone à l’Agence internationale de l’énergie, il s’agit là d’un « accord historique, un bon compromis et un très bon signal pour la coopération internationale », pour l’ONG Carbon Market Watch, ces règles « préoccupantes » pourraient avoir pour conséquence de « saper les efforts de réduction des émissions au lieu de les favoriser ». « Payer pour polluer ne sera jamais une solution mais plutôt un désastre climatique », juge, de son côté, Erika Lennon, de l’organisation Center for International Environmental Law. Car, au travers de cet accord, c’est bien de cela dont il est question : le « droit à polluer » pour les pays les plus riches. Droit qu’ils pourront ensuite compenser via des échanges de crédits carbone, auprès des pays qui ont quant à eux redoublé d’efforts pour atteindre leurs objectifs climatiques.
Une nouvelle fois cette année, la COP29 se conclut sur un bilan pour le moins mitigé et témoigne d’une tiédeur que l’on ne saurait que trop regretter. L’objectif principal lors de la prochaine COP30, qui aura cette fois lieu à Belém (Brésil) en 2025, sera désormais de renforcer les engagements pris par chaque pays pour réduire leurs émissions de GES, et s’adapter au changement climatique.
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