COP28 : résumé des points clés de l’accord

Par Anne-Lise Lecointre-Baladi , le 14 décembre 2023 — COP28 - 6 minutes de lecture
Le président de la COP28 , Sultan Ahmed Al Jaber (à droite), et le secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), Simon Stiell, se serrent la main lors d'une séance plénière lors du sommet des Nations Unies sur le climat à Dubaï le 13 décembre 2023. Crédit GIUSEPPE CACACE / AFP

Le président de la COP28 , Sultan Ahmed Al Jaber (à droite), et le secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), Simon Stiell, se serrent la main lors d’une séance plénière lors du sommet des Nations Unies sur le climat à Dubaï le 13 décembre 2023. Crédit GIUSEPPE CACACE / AFP

Après près de trois décennies de tergiversations autour de la cause principale du réchauffement climatique, les négociations de l’ONU sur le climat, à la COP28 de Dubaï, ont appelé le monde à « effectuer une transition hors » (transitioning away en anglais) des énergies fossiles.



Le texte, dont chaque mot a été âprement négocié, mentionne tous les combustibles fossiles (pétrole, gaz, charbon) mais ne parle pas de « phase out » (suppression progressive), un terme réclamé de longue date par une centaine de pays et des milliers d’ONG mais véritable signal d’alarme pour certains États pétroliers, notamment.



Malgré tout, cela « marque le début de la fin de l’ère des combustibles fossiles », a salué Dave Jones du groupe de réflexion spécialisé dans l’énergie Ember.



Le texte appelle également les pays à prendre des engagements plus ambitieux en matière de climat à partir de l’an prochain.



Mais il laisse « beaucoup de place à l’interprétation », a souligné Simon Stiell, le responsable des Nations unies pour le climat, avertissant que « les lacunes (de l’accord, ndlr) nous rendent vulnérables aux intérêts particuliers des combustibles fossiles, ce qui pourrait compromettre notre capacité à protéger les populations du monde entier contre les effets croissants du 
changement climatique ».
   
  

Voici les principaux points à retenir :
   


Adieu aux fossiles : la COP28 sonne le glas des énergies du passé

Les combustibles fossiles représentent environ trois quarts des émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine.
Le texte adopté mercredi 13 décembre stipule que le monde doit « transitionner hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques, d’une manière juste, ordonnée et équitable, en accélérant l’action dans cette décennie cruciale, afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050 conformément aux préconisations scientifiques ».
Si les négociations des Nations unies sur le climat ont déjà mentionné les fossiles par le passé, c’était pour appeler à une suppression progressive des subventions « inefficaces ».

S’attaquer à l’ensemble de ces combustibles est « sans précédent », note David Waskow, directeur de l’action internationale pour le climat au World Resources Institute.

Selon les observateurs, l’appel à une accélération « au cours de la présente décennie » constitue un autre point positif. Ce délai est crucial car, selon les spécialistes du climat de l’ONU (Giec), les émissions doivent être réduites de près de moitié d’ici à 2030 pour ne pas dépasser 1,5°C de réchauffement, l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris. 

Sur le charbon, la COP28 s’est inscrite dans la lignée de celle de Glasgow il y a deux ans, au cours de laquelle les négociateurs avaient convenu de « réduire progressivement » la production d’électricité à partir de ce combustible sans recours aux technologies de captage des émissions de carbone.
   
   


Cap sur les renouvelables : tripler la capacité et doubler l’efficacité d’ici 2030
   


Le texte de Dubaï appelle à « tripler la capacité des énergies renouvelables au niveau mondial et doubler le taux annuel moyen mondial d’amélioration de l’efficacité énergétique d’ici à 2030 ».
Au début des négociations, plus de 130 pays avaient signé un engagement volontaire en ce sens, mais les observateurs estiment que leur inclusion dans la décision finale de la COP28 est essentielle.
L’élan en faveur de cet objectif s’est renforcé, notamment en raison de l’augmentation spectaculaire de la capacité des énergies renouvelables au cours des dernières années.

« Pour la première fois, le monde a reconnu l’ampleur de l’ambition requise au cours de cette décennie pour construire le nouveau système d’énergie propre », analyse M. Jones. 

Tripler les renouvelables et doubler l’amélioration de l’efficacité énergétique « constituent les actions les plus importantes susceptibles d’entraîner une réduction rapide des combustibles fossiles au cours de cette décennie » a-t-il jugé.

Échappatoires, préoccupations persistantes… des points n’ont pas été abordés  

Les observateurs s’inquiètent du fait que l’appel à l’abandon des fossiles ne concerne que le secteur de l’énergie, laissant de côté les plastiques et les engrais polluants. 

Le texte indique également que « les combustibles de transition peuvent jouer un rôle » dans le passage à une énergie propre, ce qui fait référence au gaz. 

Il inclut également des « technologies d’élimination », notamment pour les secteurs où la décarbonisation est particulièrement difficile, comme la production de ciment.

Le captage, l’utilisation et le stockage du carbone (CCUS), consistant à capter les émissions à la source des centrales ou des usines et à les injecter en profondeur dans des réservoirs géologiques ou à les réutiliser, ont été vantées par les producteurs d’hydrocarbures. Mais pour Friederike Roder, vice-présidente de Global Citizen chargée de la politique et du plaidoyer, ce ne sont que « distractions et des échappatoires ».
   


Finance et inégalités : un pas en avant, mais il reste des défis

La COP28 a mis en exergue le « fossé croissant » (estimé à près de 7 500 milliards de dollars d’ici 2030) entre les besoins des pays en développement confrontés à des impacts climatiques croissants et à des dettes exponentielles, et l’aide qui leur est apportée pour atteindre leurs objectifs en matière de climat.
Pour nombre d’analystes, cela manque toutefois de précision. Cela laisse présager que le financement deviendra la question clé de 2024, à la fois lors des négociations de la COP29 qui se tiendront en Azerbaïdjan, et dans d’autres organismes comme la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. 

« La réduction progressive des combustibles fossiles ne sera possible qu’avec un programme de financement adéquat pour les nations pauvres et vulnérables », déclare Mme Roder, tout en saluant la référence à la fiscalité en tant que nouvelle source potentielle de financement de la lutte contre le changement climatique.

La COP28 a également lancé le fonds « pertes et dommages » pour aider les pays pauvres à faire face aux catastrophes climatiques, avec un financement de 792 millions de dollars. Mais jusqu’à maintenant les financements en direction de ces pays ont été insuffisants. Et pour Mme Roder, la réitération par la COP28 d’une promesse de doubler les dépenses d’adaptation n’équivaut à « aucun progrès ».
   


Nature en danger : la COP28 met en lumière l’urgence de la protection environnementale

La COP28 a souligné l’importance de la protection de la nature dans la réalisation des objectifs climatiques, faisant spécifiquement référence au fait de « stopper et inverser la déforestation et la dégradation des forêts d’ici 2030 ». Un point salué par l’Union internationale pour la conservation de la nature.
   


(Avec AFP)


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Anne-Lise Lecointre-Baladi

Rédactrice en chef Deklic

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