Coupe du monde de football 2030 : un non-sens écologique en préparation ?
Le Mondial 2030 aura lieu sur trois continents. Après le drame humain et écologique qui s’est joué au Qatar en 2022, cette nouvelle décision de la Fédération internationale de football (FIFA), dévoilée début octobre, désespère les défenseurs de l’environnement.
Même du côté des fans du ballon rond, cette annonce est loin de soulever des stades. « La Fifa poursuit son cycle de destruction contre le plus grand tournoi du monde », a réagi sur X (ex-Twitter) l’association Football Supporters Europe. « À un moment donné, nous jouerons sur l’Everest parce que nous pourrons y créer un terrain de jeu et le commercialiser » a encore asséné l’entraîneur du RB Leipzig, Marco Rose, en conférence de presse. Alors que l’édition 2028 de la grande messe du foot international se déroulera aux Etats-Unis, au Canada et au Mexique, en 2030, le président de la FIFA Gianni Infantino veut doubler la mise. L’Espagne, le Portugal et le Maroc seront officiellement les trois pays hôtes. Mais l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay organiseront également les trois premières rencontres pour « fêter le centenaire » de la Coupe du monde dont la première édition s’était tenue à Montevideo.
Une planète foot hors-sol ?
La folie des grandeurs semble toujours collée aux crampons d’une industrie souvent pointée du doigt pour ses débordements. Si pour Emmanuel Macron cette future Coupe du monde « incarne l’amitié entre les nations » qu’il faudra célébrer « comme aucune autre », nombreux sont ceux qui ne partagent pas cet avis. « La Fifa prend le chemin d’une compétition plus éclatée que jamais, alors qu’elle avait l’occasion de dessiner pour 2030, année décisive pour le climat, ce qui aurait pu être une révolution écologique dans le format des événements internationaux », s’insurge Jérôme Suissa, délégué général de Notre affaire à tous, dans les colonnes de L’Équipe. « C’est un choix catastrophique en décalage complet avec les enjeux et l’urgence climatique », regrette encore Antoine Miche, président de l’association Football Écologie France.
« Aberration écologique »
C’est tout un océan qu’il faudra franchir pour revêtir sur place, le maillot de l’équipe nationale. À titre d’exemple, plus de 10 000 kilomètres séparent Madrid de Buenos Aires. « En 2030, les émissions de CO2 autour de la compétition vont exploser : joueurs, supporters et dirigeants voyageront sans cesse par les airs, pendant un mois, traversant soit l’Atlantique soit la Méditerranée » anticipe l’agence et média Ecolosport. Outre le coût environnemental des déplacements de tout ce beau monde, Maël Besson, spécialiste de la transition écologique du sport, alerte également sur le stress hydrique qui menace déjà les pays organisateurs. À l’allure où progresse le dérèglement climatique, en 2030, « la disponibilité en eau sera encore plus restreinte, ce qui va augmenter la quantité d’eau nécessaire pour l’entretien des terrains, dans des pays où il y en aura de moins en moins ». Une « aberration écologique », selon lui.
Les Bleus sur les rails
À échelle locale, des efforts sont pourtant fournis. Le 19 octobre, la Fédération française de football (FFF) annonce que pour toutes les rencontres internationales situées à moins de trois heures de Paris, les Bleus prendront le train plutôt que l’avion. Cette sage décision intervient dans le cadre de son « plan de sobriété énergétique » visant à réduire de 50 % sa consommation et concerne l’ensemble des sélections tricolores. Une petite victoire qui intervient plus d’un an après la polémique déclenchée par Christophe Galtier, alors entraîneur du PSG, qui avait ironisé sur un éventuel déplacement en « char à voile » sous les rires de Kylian MBappé. Le sport est « une vitrine » de la sobriété énergétique, s’est félicitée la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher le 26 octobre. Mais au regard de l’organisation de la Coupe du monde 2030 sur trois continents, qui sera sûrement suivie d’une édition 2034 en Arabie Saoudite, la partie est loin d’être gagnée.
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