Comment faire du sport en limitant son impact carbone ?

Par William Buzy , le 5 octobre 2023 - 6 minutes de lecture
La jeune stratup SquareChamps proposaient aux particuliers (en plus des entreprises et associations) de partager une séance de sport (tennis, athlétisme, cyclisme, boxe, basket) avec des sportifs de haut niveau. Crédit CELINE BREGAND/SIPA

La jeune stratup SquareChamps proposaient aux particuliers (en plus des entreprises et associations) de partager une séance de sport (tennis, athlétisme, cyclisme, boxe, basket) avec des sportifs de haut niveau. Crédit CELINE BREGAND/SIPA

La pratique sportive peut rimer avec empreinte carbone négative pour la planète. Mais, du choix des activités jusqu’à celui des équipements ou des tenues, les leviers d’action sont nombreux pour agir à son échelle.

Faire du sport, c’est bon pour la santé… mais pas toujours pour la planète. Il faut dire que la France est le plus gros consommateur européen (et le quatrième au monde) d’articles de sports et de loisirs . Or, note l’ADEME, « ces articles ne sont pas sans incidence sur la planète car ils demandent des ressources et de l’énergie pour être fabriqués, acheminés en points de vente et traités quand ils sont mis à la poubelle ». D’autant que, de l’accessoire superflu aux objets connectés, ils ne sont pas tous forcément indispensables. « Nous sommes souvent victimes des effets de mode et des nouvelles technologies qui n’apportent pas forcément plus de performances et de plaisir. »

Une tenue écologique ?

Reste qu’il faut bien avoir une tenue adéquate, et là, difficile de limiter son impact tant les pièges sont nombreux. La grande difficulté côté textile résident dans les matières utilisées. Le polyester, issu du pétrole, ou le coton, qui nécessite des pesticides ainsi que d’énormes quantités d’eau au cours de sa production, sont les plus utilisées. Difficile de s’en passer, mais quelques possibilités pour en limiter l’impact existent.

Récolter les déchets plastiques et les recycler est une première piste. Le plastique est broyé en petites paillette, elles-mêmes broyées en granulés. Ceux-ci sont fondus pour former un fil, qui, une fois tissé, deviendra un vêtement. Ainsi, on limite la production inutile de polyester supplémentaire, l’utilisation des ressources naturelles et la pollution qui vont avec. Mais attention, le polyester, même recyclé, libère des micro-particules de plastique en se dégradant, et pollue les sols et les cours d’eau.

Côté coton, on peut également passer par la case recyclage. En retirant les fibres des chutes de fabrication ou des vieux vêtements, puis en les mélangeant à du coton vierge, on peut recréer une source de coton avec un impact réduit. Encore une fois, il ne s’agit pas d’une solution miracle, simplement d’un moyen de limiter ses émissions. « Depuis quelques années, de plus en plus d’équipementiers sportifs proposent des produits éco-conçus techniques et pointus », souligne l’ADEME. L’achat d’occasion ou le troc, qui évite la consommation d’énergie et la création de nouveaux déchets, sont bien entendu des alternatives, tout comme, à l’évidence, la sobriété : inutile de remplir son armoire de tenues de sport de toutes les couleurs.

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Des équipements responsables

Un classique qu’il est toujours bon de rappeler : oubliez la bouteille d’eau en plastique et la barre de céréale suremballée, qui « génèrent des déchets inutiles et faciles à éviter ». La gourde ou la poche à eau sont de bonnes alliées, tout comme les fruits. On peut aussi cuisiner ses propres barres de céréales.

Concernant les raquettes, ballons, protections et autres tapis indispensables à votre nouvelle envie sportive, on peut toujours lorgner du côté du prêt ou de la seconde main. Votre voisin qui vient d’abandonner le yoga ou le club du coin qui renouvelle son jeu de raquettes peuvent être de bonnes sources pour s’équiper tout en limitant son impact.

Des sports aux impacts variés

Bien entendu, tous les sports ne se valent pas en matière d’impact sur la planète. Si la passion ne vous a pas encore pris, essayez d’éviter de tomber amoureux des sports motorisés, du ski (neige artificielle et entretien des remontées mécaniques), de la natation en piscine (produits d’entretien chimiques) ou du golf (grosse consommation d’engrais, de pesticides et surtout d’eau), qui sont parmi les plus polluants. Préférez-leur la randonnée, la nage en eau libre, l’escalade ou le yoga, dont la pratique nécessite moins d’équipements et surtout très peu d’infrastructures, puisqu’ils se pratiquent essentiellement en extérieur.

L’ADEME attire quand même notre attention sur quelques principes de base à respecter quand on choisit une pratique sportive au plus près de la nature. « Pour éviter l’érosion des sols, de déranger les animaux et de détruire la flore, quelques règles sont indispensables à respecter. » On veillera notamment à ne pas cueillir les plantes, « éléments essentiels à l’équilibre écologique »,  à repartir avec ses déchets, particulièrement les mégots, à rester sur les sentiers balisés ou encore à ne pas faire de bruit. Autant d’éléments qui peuvent sembler évidents, mais qu’il est toujours bon de rappeler pour les plus étourdis…

Côté spectateur, des gestes à adopter aussi

Si vous appréciez grandement les joies du spectacle sportif, mais n’êtes pas encore prêts à vous jeter dans le bain actif, ne vous croyez dispensé pour autant. Car en réalité, c’est bien souvent les spectateurs d’une manifestation sportive qui ont l’impact le plus négatif pour la planète. Les bilans carbone des dernières Coupes du monde de football et de rugby, par exemple, font apparaître que 75 à 85% des émissions de gaz à effet de serre imputées à la compétition sont dues au transport des personnes, notamment des supporters.

Pour montrer l’exemple, le comité d’organisation de la Coupe du monde de rugby en France a demandé aux équipes de privilégier les déplacements en train. Une requête acceptée par la plupart des sélections. 70% des déplacements se feront sur rail, et certaines équipes, comme l’Irlande, ont opté pour le train lors de tous leurs matches jusqu’à présent. Des associations ou des entreprises accompagnent également les organisateurs de grands événements sportifs pour en limiter l’impact. À l’échelle de la pratique locale et amateur, le ministère des Sports a lancé un programme de soutien pour les clubs et les fédérations sportives qui s’engagent en faveur de la planète.

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William Buzy

Écrivain et journaliste, William Buzy a fondé le média Impact(s), spécialisé dans la journalisme de solutions, et fait partie d’un collectif adepte du journalisme littéraire et du documentaire. Auteur de plusieurs romans, il a également publié des récits et des essais sur le journalisme.

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