Discours de politique générale de Gabriel Attal : et l’écologie dans tout ça ?
Le point sur le traitement de l’écologie par le Premier ministre, Gabriel Attal, lors de son discours de politique générale devant l’Assemblée nationale, ce mardi 30 janvier.
Ce mardi 30 janvier 2024, à 15 heures, trois semaines après sa nomination en tant que Premier ministre, Gabriel Attal passait le premier grand oral de son mandat avec son discours de politique générale. L’objectif : présenter aux Français.e.s « la feuille de route et les priorités du gouvernement ». On fait le point sur les (quelques) mesures annoncées concernant l’écologie.
Vers une « écologie populaire »
« Jamais (dans l’histoire du pays), les émissions de gaz à effet de serre n’ont baissé aussi rapidement que l’an dernier », s’est d’abord félicité le Premier ministre, faisant référence à la baisse des émissions de gaz à effet de serre de 4,6 % sur 2023. Une victoire cependant toute relative pour le gouvernement. Comme le souligne Libération, « cette baisse est liée à des facteurs conjoncturels, crise énergétique et problématique d’inflation en tête, plutôt qu’à une réelle stratégie de sobriété », selon le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa).
Et pour la suite, Gabriel Attal a rappelé que le gouvernement ne croit pas en « l’écologie punitive » et refuse de voir la décroissance comme une solution pour la transition écologique. « La décroissance, je le dis ici, c’est la fin de notre modèle social, c’est la pauvreté de masse. Jamais je ne l’accepterai. Je crois au contraire qu’on ne fera pas l’écologie contre le peuple. (…) Nous allons continuer à bâtir ensemble une écologie populaire, une écologie à la française, avec les Français, pour les Français. C’est le sens de la planification écologique qui protégera la biodiversité et permettra une baisse radicale de nos gaz à effet de serre, une baisse de 55 % d’ici 2030. »
« Une écologie populaire c’est une écologie de la croissance et de l’emploi », pose le Premier ministre. « Oui, nous ferons rimer climat avec croissance » a-t-il résumé, s’attirant ainsi les foudres des écologistes et d’une grande partie de la gauche. Marine Tondelier, secrétaire générale des Écologistes fustige sur X « l’ignorance » du gouvernement quant à l’écologie. « Attal ment, réagit quant à elle, l’eurodéputée Marie Toussaint sur X, ce n’est pas l’écologie qui cause la pauvreté mais l’égoïsme de ceux qui comme lui refusent le juste partage des richesses ».
Le culot d'un gouvernement qui n'a eu de cesse de mener une politique de classe et qui accuse l'ecologie d'être la cause de l'appauvrissement!#Attal ment : ce n'est pas l'ecologie pui cause la pauvreté mais l'égoïsme de ceux qui comme lui refusent le juste partage des richesses
— Marie Toussaint 🌍🌏 (@marietouss1) January 30, 2024
Après les ministres sarkozystes, voilà le Premier ministre sarkozyste !
— Marine Tondelier (@marinetondelier) January 30, 2024
A droite toute : des gadgets réactionnaires, beaucoup d'incantations, méprisant envers les plus faibles, ignorant sur l'écologie.
Aucun esprit de responsabilité.#DirectAn #Attal pic.twitter.com/gceeRI9Mxg
Un deuxième « projet de loi industrie verte » à venir
Allant en ce sens d’une écologie qui rime avec croissance, Gabriel Attal a annoncé qu’il allait déposer « un deuxième projet de loi industrie verte », qui « proposera notamment de demander » à la Commission nationale du débat public « de concentrer ses travaux uniquement sur les projets d’envergure nationale ».
Lancement d’un plan de réduction de la pollution plastique
Elles sont donc rares, mais parmi les mesures allant dans le sens de la transition écologique, le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé son intention de lancer un plan de réduction de la pollution plastique visant les 50 sites les plus générateurs d’emballages plastiques en France, dans son discours de politique générale. Le gouvernement avait déjà entrepris en novembre 2022 une démarche similaire pour les 50 sites industriels les plus émetteurs de gaz à effet de serre dans le cadre d’un pacte de décarbonation.
« Je suis fier que les 50 sites industriels les plus émetteurs, 50 sites qui représentent à eux seuls 10 % des émissions de gaz à effet de serre en France, se soient tous engagés à réduire leurs émissions de près de moitié d’ici 2030 », s’est félicité le Premier ministre devant les députés. « Je vous annonce que nous lancerons une initiative similaire contre la pollution plastique, pour les 50 sites qui mettent le plus d’emballages plastiques sur le marché », a-t-il ajouté.
Des « objectifs » qui ne semblent pas être coercitifs, puisque l’écologie du gouvernement n’est pas « punitive ». Reste aussi à savoir quels seront les objectifs chiffrés demandés à ces « 50 sites qui mettent le plus d’emballages plastiques sur le marché ». La France avait déjà engagé en avril 2022 une stratégie nationale pour la réduction, le réemploi et le recyclage des emballages en plastique à usage unique, avec pour objectif une réduction de 20 % d’ici fin 2025. Au niveau international, Paris a aussi accueilli au printemps dernier l’une des cinq sessions de négociations visant à mettre en place un traité mondial contre la pollution plastique. L’ambition est d’aboutir à un accord d’ici la fin de l’année.
La création d’un « service civique écologique »
On note aussi l’annonce de la création d’un « service civique écologique » qui devrait rassembler d’ici 2027 « 50 000 jeunes prêts à s’engager concrètement pour le climat ». Pas plus de précisions sur les détails de sa mise en oeuvre pour le moment. Affaire à suivre ?
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