En plein hiver, la température des océans atteint des niveaux records
Alors que le froid enveloppe l’Hexagone, les océans se réchauffent à un rythme sans précédent. Le 8 janvier 2024, la température mondiale de la surface des océans atteint les 21°C. Un record saisonnier qui dépasse celui de 2016 sur la période hivernale, supposée être la plus fraîche de l’hémisphère nord.
« C’est statistiquement indescriptible : moins d’une chance sur 8 millions » alerte l’agroclimatologue Serge Zaka sur Linkedin. L’année 2024 commence à peine qu’elle est déjà marquée par un record alarmant : le seuil des 21°C a été atteint à la surface de l’eau. « L’anomalie de la température de surface des océans atteint des niveaux record jamais vus auparavant, avec +0.76°C par rapport à la norme 1991-2020 » explique le prévisionniste météo Guillaume Jauseau sur X. Un tel niveau de température est d’autant plus hors norme qu’il est franchi, pour l’hémisphère nord, en plein hiver.
La température moyenne des océans, le site Climate Reanalyzer du Climate Change Institute en fait état quotidiennement. 21°C sont enregistrés le 8 janvier 2024, contre 20,8°C janvier en 2016 et 21,1°C en août 2023, le record mondial. « Ce sont typiquement des valeurs que nous avons observées au plus haut de l’année record » explique encore Guillaume Jauseau. Derrière les chiffres qui s’affolent, le vivant qui s’effondre. « Ce sont des équilibres entiers des écosystèmes marins qui pourraient être amenés à disparaître dans les années à venir » s’inquiète Serge Zaka.
« Un niveau élevé et inhabituel »
L’année 2023 est la plus chaude jamais enregistrée. C’est ce qu’a confirmé le service européen Copernicus dans son rapport annuel communiqué le mardi 9 janvier. Les températures moyennes de la surface des océans « se sont maintenues à un niveau élevé et inhabituel, atteignant des niveaux records saisonniers d’avril à décembre ». Déjà inédites depuis neuf mois, elles menacent la vie marine, augmentent l’intensité des tempêtes et réchauffent l’atmosphère. D’après l’Observatoire, ce dérèglement a ainsi été « un facteur déterminant des températures atmosphériques inhabituelles observées tout au long de l’année 2023 ». Ces données sont particulièrement scrutées par les climatologues, compte tenu du rôle majeur de régulateur du climat joué par les océans, qui absorbent plus de 90% de l’excès de chaleur causé par l’activité humaine.
Quant au phénomène El Niño – cette variation naturelle du climat – sa part de responsabilité n’est que partielle. Son passage « n’explique pas à lui seul toute l’augmentation des températures de surface des océans à l’échelle mondiale en 2023 » car les températures élevées « en dehors du Pacifique équatorial [où le courant El Niño se manifeste] ont contribué de manière significative à l’établissement de records (…) à l’échelle mondiale », affirme Copernicus.
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