Réchauffement climatique : les températures des océans battent des records

Par Gaëlle Coudert , le 7 août 2023 — réchauffement climatique - 4 minutes de lecture
En Floride, un poisson nage aux côtés de coraux ayant subi le phénomène de blanchiment, lié au réchauffement climatique, Crédit Andrew Ibarra/NOAA via AP

En Floride, un poisson nage aux côtés de coraux ayant subi le phénomène de blanchiment, lié au réchauffement climatique, Crédit Andrew Ibarra/NOAA via AP

Plusieurs records de température ont été relevés dans les eaux du globe, un phénomène inquiétant pour la survie des écosystèmes marins.

Une température de 20,96°C. Il s’agit de la température à la surface des océans atteinte le 30 juillet 2023, un nouveau record mondial de température. Ces données ont été communiquées par l’observatoire européen Copernicus vendredi 4 août, et relayées par l’AFP. Elles concernent tous les océans du globe entre les 60ème parallèles nord et sud, à l’exception donc des régions polaires. « Le précédent record était de 20,95°C », a indiqué une porte-parole de l’organisme à l’AFP. Cette alerte suit celle intervenue seulement quelques jours auparavant d’un record journalier de températures de l’océan Atlantique nord, relevé le 26 juillet dernier, avec une température de 24,9°C. Pour l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA), qui a relevé cette température et effectue les mesures dans l’Atlantique depuis 1980, il s’agit d’une température jamais encore mesurée jusqu’ici. Au-delà du chiffre lui-même, le moment de l’année auquel intervient ce pic de chaleur est lui aussi inquiétant. En effet, les températures les plus élevées sont généralement atteintes au mois de septembre de chaque année. Les données concernant l’Atlantique Nord sont encore à confirmer, dans l’attente de vérifications, qui devraient être finalisées dans les jours à venir. Du côté de l’Hexagone, la Méditerranée a elle aussi été l’objet d’un record cet été, avec une température médiane de 28,71°C, le 24 juillet 2023.

Réchauffement climatique global

« Cette situation est extrême : on a déjà connu des vagues de chaleur marine auparavant, mais là c’est très persistant et distribué sur une large surface de l’Atlantique Nord », a déclaré à l’AFP Karina Von Schuckman du centre de recherches européen Mercator Ocean international (MOi), qui rappelle que les océans ont absorbé 90 % de l’excès de chaleur du système terrestre provoqué par l’activité humaine au cours de l’ère industrielle. Selon le GIEC, les vagues de chaleur marine ont doublé en fréquence depuis l’ère préindustrielle. Les causes sont diverses. « Il y a plein d’hypothèses. Mais la tendance de fond, c’est que la température de l’océan augmente avec le réchauffement climatique », a indiqué Thibault Guinaldo, chercheur en océanographie spatiale au Centre d’études en météorologie satellitaire (CEMS) de Lannion à l’AFP. Le vent faible qui n’a pas permis le brassage des eaux de surface a aussi joué dans le réchauffement des eaux dans l’Atlantique cette année. Au niveau du Pacifique, le phénomène Il Niño est également pointé du doigt.

Menace sur les écosystèmes

Cette « canicule marine », phénomène qui se caractérise par le fait que des températures relevées soient supérieures à 90 % de celles relevées précédemment à la même période, n’est pas sans conséquences sur l’écosystème marin. « La recrudescence des vagues de chaleur a tendance à fragiliser les écosystèmes. Ça peut provoquer des effondrements de populations ou des déplacements de populations vers des eaux plus froides », a indiqué à l’AFP Roland Séférian, climatologue au Centre national de recherches météorologiques (CNRM) à Toulouse. Il précise toutefois qu’il existe des « zones d’ombre liées à la capacité d’adaptation, de résilience ou de migration » des écosystèmes marins. « Il y a plein de choses qu’on ne connait pas. C’est très difficile d’anticiper les événements de mortalité de masse. » Entre 2015 et 2019, lors des canicules qui ont affecté la Méditerranées, des mortalités massives ont touché une cinquantaine d’espèces (coraux, gorgones, oursins, mollusques, bivalves, posidonies…), selon Global Change Biology.

(Source AFP)

A lire aussi :

Limiter le réchauffement climatique : solutions et objectifs
Quelles sont les conséquences de l’activité humaine sur la surface terrestre ?
Les principales causes humaines du réchauffement climatique
Comprendre le changement climatique : causes, conséquences et enjeux
À quoi est dû le réchauffement climatique ?
Réchauffement climatique : quelques gestes pour agir à son échelle

Gaëlle Coudert

Ancienne avocate parisienne reconvertie en journaliste basée dans les Pyrénées-Atlantiques, Gaëlle s’est spécialisée sur les sujets liés à l'écologie. Elle a cofondé le magazine basque Horizon(s), a été rédactrice en chef d'ID, l’Info Durable et rédige aujourd’hui des articles pour divers médias engagés dont Deklic. Ses passions : le sport (surf, yoga, randonnée) et la musique (guitariste et chanteuse du groupe Txango)

Voir les publications de l'auteur