Engie risque une amende de 150 000 euros pour pollution de l’eau potable en Bretagne : négligence et déversement en question.
Une amende de 150 000 euros, dont 75 000 avec sursis, a été requise contre la centrale biogaz de Châteaulin (Finistère), exploitée par Engie, pour la pollution d’un fleuve qui avait privé d’eau
potable 180 000 personnes en août 2020.
Le procureur Jean-Baptiste Doubliez a relevé devant le tribunal correctionnel de Quimper la « négligence » de la société dans cette affaire. « Rien n’a été fait pour s’assurer que les niveaux d’alarmes soient suffisants », a-t-il relevé.
Le 17 août 2020, une cuve de la centrale, qui injecte dans le réseau gazier du méthane produit à partir de fumier, de lisier ou de déchets de l’industrie agroalimentaire, avait débordé à la suite d’un incident technique. Environ 400 m3 de digestat, une matière organique issue du processus de méthanisation, s’était écoulés dans l’Aulne, en amont d’une usine d’eau potable, provoquant un pic d’ammoniaque et rendant l’eau impropre à la consommation.
L’usage de l’eau potable avait été restreinte par arrêté préfectoral pour 50 communes, touchant 180 000 personnes dont Châteaulin, une grande partie de Quimper et la très touristique presqu’île de Crozon.
Le magistrat a demandé une condamnation pour deux infractions dont le « déversement de substances nuisibles dans les eaux souterraines, superficielles ou la mer ». Il a en revanche demandé la relaxe pour le délit de « pollution par rejet en eau douce ou pisciculture de substances nuisibles aux poissons ».« Cette procédure est à trous. Il y a des carences. On n’a pas d’éléments sur la destruction des poissons », a reconnu le magistrat. Les collectivités locales et les associations qui s’étaient portées parties civiles ont elles réclamé une condamnation pour ce délit, estimant qu’il y avait peu de doute qu’un rejet d’ammoniaque soit nuisible pour les poissons.
Dans cette affaire, « on s’est servi de l’environnement comme d’une variable d’ajustement », a estimé Thomas Dubreuil, avocat de l’association Eau et Rivières de Bretagne, pointant du doigt le « développement déraisonnable de la méthanisation en Bretagne ».
A la barre, Antoine de La Faire, directeur général d’Engie Bioz (filiale du groupe Engie), a reconnu un « problème de conception » dans cette « filière récente » qui est « en amélioration continue ». « Tout a été réalisé pour qu’il n’y ait plus d’écoulement en milieu naturel », a-t-il assuré.
Les avocats de la défense ont demandé une dispense de peine, au vu des travaux réalisés par l’exploitant.
La peine maximale encourue est une amende de 375 000 euros. L’affaire a été mise en délibéré au 16 novembre.
(Source AFP)
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