L’interview écolo d’Evelyne Dhéliat : « Ce sont souvent les enfants qui éduquent les parents ! »

Par Joséphine Simon-Michel , le 24 juillet 2023 — interview - 6 minutes de lecture
Portrait d'Evelyne Dhéliat, Crédit IBO/SIPA

Evelyne Dhéliat est sensibilisée au réchauffement climatique par son métier, Crédit IBO/SIPA

Depuis 30 ans, elle fait la pluie et le beau temps avec ses bulletins météo sur TF1. Qui de mieux qu’Evelyne Dhéliat pour constater l’évolution désastreuse du réchauffement climatique. Interview Deklic Green.

Etes-vous éco-anxieuse ?

Je dirais plutôt que je suis « éco-réaliste » en ayant conscience depuis longtemps déjà des impacts du changement climatique.

Etes-vous dans la culpabilité en tant que consommatrice ?

Je suis très attentive à mes choix et mes comportements dans la vie quotidienne mais j’ai conscience que le « sans faute » n’existe pas et qu’il y a toujours des progrès à faire…

Quels sont vos gestes simples mais efficaces en matière d’environnement ? 

Le tri sélectif des déchets évidemment, je conduis une voiture hybride, je privilégie le train à l’avion, je choisis les produits de saison et les produits locaux au maximum…

Quel geste avez-vous complètement banni de votre quotidien ?

Prendre des bains.

Qu’est-ce qui vous a donné le deklic green ?

Ayant toujours été proche de la nature, c’est un réflexe naturel. De plus, mon contact professionnel avec les scientifiques depuis plus de 20 ans et leur sensibilisation aux problèmes climatiques ont joué un rôle déterminant dans cette prise de conscience.

Qu’est ce qui n’est pas écologique chez vous ?

Je ne me suis pas encore mise au vélo en ville !

Quel est LE mot écologique du moment et pourquoi ?

La sobriété. Plus de sobriété dans notre vie quotidienne, c’est consommer autrement pour protéger notre planète.

Comment vous déplacez-vous ? 

À pied, en train et en hybride.

Calculez-vous votre empreinte ou bilan carbone ?

Non, j’avoue que je ne la calcule pas, mais je suis très attentive à ma façon de consommer.

C’est quoi pour vous être écolo ?

Je reprendrais la première phrase de mon livre C’est bon pour la planète paru en 2007 : « Je ne suis pas écolo. Je suis une mère de famille qui habite cette planète et j’aimerais la laisser en bon état à mes enfants ».

Quelles sont les premières étapes pour faire bouger chaque citoyen ?

Surtout ne pas dire « après moi le déluge» et se dire plutôt « les petits ruisseaux font les grandes rivières ».

Quelles sont les remarques les plus absurdes et récurrentes que vous entendez autour de vous sur l’écologie ?

De toute façon, ça ne sert à rien de faire des efforts si les autres n’en font pas.

Comment expliquez-vous qu’encore autant d’êtres humains ne se sentent pas concernés par l’avenir de notre planète ?

C’est une forme d’égoïsme et de démission, et non pas d’ignorance puisque c’est devenu un sujet essentiel largement évoqué au quotidien.

Quels sont les écologistes ou personnalités qui vous ont inspirée ?

Adolescente, je découvrais les livres de René Dumont. Depuis que je travaille au service météo de TF1, je rencontre et échange fréquemment avec d’éminents scientifiques tels Jean Jouzel ou Hervé Le Treut.

Enfant, vous sentiez-vous déjà concernée par l’avenir de notre planète ?

A l’époque de mon enfance, aucune question sur l’avenir de notre planète telle que nous les appréhendons aujourd’hui ne se posait.

Selon vous, où en serons-nous dans 50 ans ?

Avec des glaciers qui n’existeront plus, des côtes submergées, et un climat qui pourrait devenir tropical en France.

En 1974, René Dumont, mort en 2001, premier candidat écologiste à l’élection présidentielle et chercheur ingénieur agronome est passé pour un hurluberlu lorsqu‘il a déclaré à la télévision que la planète manquerait d’eau potable dans les 40 prochaines années. Qu’aimeriez-vous pouvoir lui dire ?

Qu’il n’était pas si loin de la vérité à quelques années près ! Personnellement je ne l’ai jamais pris pour un hurluberlu, bien au contraire !

Il fut un « visionnaire lucide » mais ce n’est qu’avec le recul que l’on s’en aperçoit aujourd’hui. Il est vrai qu’à cette époque, le réchauffement climatique n’était pas du tout d’actualité.

Comment éduquez-vous vos enfants pour qu’ils soient éco-responsables ?

Dans le respect de la nature et le devoir impératif d’éviter le gaspillage. Je m’aperçois d’ailleurs qu’aujourd’hui ce sont souvent les enfants qui éduquent les parents ! Les générations précédentes n’ayant pas toujours eu une sensibilisation évidente au gaspillage. En revanche, c’est devenu une préoccupation essentielle pour les nouvelles générations.

Dans un récent rapport, la Cour des comptes appelle à élever moins de vaches pour respecter les engagements français de réduction des émissions de méthane. Qu’en pensez-vous ?

A partir du moment où les Français consomment moins de viande, ce que l’on constate aujourd’hui, et c’est une tendance qui apparemment s’accentue, la logique voudra forcément que l’on élève moins de vaches !

Pourriez-vous vivre dans un écolieu ? 

Un écolieu implique la notion de communauté, mais je pense qu’il est possible de s’appliquer à soi-même sans la notion de communauté les principes d’une vie respectueuse de la nature de notre planète, d’éviter tout gaspillage.

Comment faire pour que votre métier soit plus écolo ?

Dans mon entreprise TF1, la mise en place d’une politique d’économie d’énergie, d’anti-gaspillage est de plus en plus prégnante, ce que j’approuve et respecte bien sûr, d’autant plus que je parle fréquemment des problèmes environnementaux dans mes bulletins météo.

Si vous étiez présidente de la République, vous…

Je créerai dans tous les ministères un « Secteur Transition Ecologique » afin que chaque décision prise par chaque ministre prenne impérativement en compte les problèmes du changement climatique.

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Joséphine Simon-Michel

Journaliste infotainment, Joséphine excelle dans l'art des interviews. Pour Deklic, elle interroge des personnalités de différents univers (cinéma, télé, humour, politique…), toutes engagées pour la protection de l’environnement et conscients que la transition écologique est l’affaire de tous.

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