Fermeture de la pêche dans le golfe de Gascogne : le bilan est positif pour les dauphins

Par Charlotte Combret , le 29 mars 2024 - 4 minutes de lecture
bilan de la fermeture de la pêche dans le golfe de Gascogne pour les dauphins

Des dauphins communs. Crédit : NOVACK N. / HorizonFeatures / Leemage / AFP

Alors que la pêche a été interdite dans le golfe de Gascogne du 22 janvier au 20 février 2024 pour protéger les dauphins des « captures accidentelles » (« bycatch »), l’observatoire Pelagis, qui œuvre à la conservation des mammifères marins, a publié vendredi 22 mars son premier bilan. Un mois après, il est encourageant pour les petits cétacés.

La décision avait suscité bon nombre de remous. Saisi par quatre associations – Défense des Milieux Aquatiques (DMA), France Nature Environnement (FNE), Sea Shepherd France et la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) –  le Conseil d’État avait ordonné la fermeture de la pêche dans cette zone de la côte Atlantique, allant du Pays basque au sud de la Bretagne. Le but : protéger les dauphins et marsouins du golfe de Gascogne, dont la hausse alarmante du nombre de décès provoqués par la rencontre fatale avec des filets de pêche, faisait craindre une extinction régionale. 

Environ 450 navires de pêche de plus de huit mètres avaient ainsi été sommés de rester à quai pendant quatre semaines. La mesure avait suscité une levée de boucliers de la part des pêcheurs, tandis qu’elle était jugée insuffisante pour les associations de défense de l’environnement. Un mois plus tard, l’observatoire Pelagis qui coordonne le Réseau national échouage (RNE) sur l’ensemble du territoire français fait état d’un premier bilan des échouages durant la fermeture des engins de pêche à risque lors de l’hiver 2024, résultant d’une analyse des données terrain.

141 vs. 744 échouages 

Sur la zone concernée par l’interdiction des engins à risque, 141 échouages de petits cétacés ont été signalés au Réseau National Echouages. « En raison de leur état de décomposition à la date de l’échouage, la mort de 50 d’entre eux a été estimée durant la période de fermeture » indique l’observatoire. Sur ces 50 individus retrouvés sans vie à ce moment-là, « seulement deux » d’entre eux « présentaient des traces de mort dans des engins de pêche ». Si ce nombre est encore susceptible d’évoluer, la proportion de petits cétacés présentant des blessures provoquées par les filets de pêche a fortement diminué pendant le mois de fermeture. 

Durant le mois de mars 2023, aux conditions météorologiques comparables à celles survenues durant l’interdiction des engins à risque, « 744 petits cétacés avaient été retrouvés échoués, dont 741 morts » et « 70% des animaux examinés présentaient des traces de mort dans les engins de pêche » analyse Pelagis dans son rapport. Selon les statistiques, ce sont ainsi « plusieurs centaines d’échouages qui auraient été attendues » sans la mise en application de la mesure d’interdiction dans cette zone.

Vers de prochaines interdictions ?

D’après l’observatoire, les échouages recensés durant la période à risque relèveraient essentiellement de « mortalités non liées aux captures dans les engins de pêche (pathologies, accidents topographiques, séparations mère/petit…) », le nombre étant « cohérent avec des taux de mortalité hors captures accidentelles ». Si la mesure semble plutôt très efficace pour protéger les dauphins du golfe de Gascogne, Pelagis appelle néanmoins à la prudence, puisque « des mortalités importantes dans les engins de pêche peuvent encore survenir durant le mois de mars, comme cela a été le cas en 2023 ».

Alors que les échouages de dauphins blessés ont recommencé depuis la réouverture de la pêche selon l’observatoire, de nouvelles périodes de fermeture de la pêche sont déjà planifiées pour 2025 et 2026.

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Charlotte Combret

Issue d’une grande école de commerce, Charlotte délaisse rapidement les open spaces parisiens pour s’engager dans la voie de l’indépendance. Son désir de lier pédagogie et poésie la conduit à devenir journaliste rédactrice, dans les Landes, pour des entreprises et médias engagés. Ses passions : le cinéma animalier, les voyages en train, les lectures féministes et les jeux de mots en tout genre.

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