L’interview écolo de Gil Alma : « Je suis devenu végétarien il y a dix ans »

Par Joséphine Simon-Michel , le 24 juillet 2023 — interview - 9 minutes de lecture
Gil Alma, Crédit François Lefebvre

Gil Alma, Crédit François Lefebvre

Gil est né le 20 septembre 1979, dans le 9-3… à Montreuil. L’école, ce n’est pas son truc. Lui ce qu’il aime, c’est faire rire les filles et imaginer les pires conneries avec ses potes. Alors à 12 ans, inutile de lui parler d’écologie. Il s’en fiche, pour rester poli. Le week-end, il aide sa grand-mère poissonnière sur les marchés. Mais en 2008, après des années de quêtes et de doutes suite aux « Mais qu’est- ce qu’on va faire de toi ? », Gil devient papa. Une claque pour le jeune trentenaire qui met un terme à une vie en dilettante, mais aussi une claque pour celui qui se confronte à sa propre conscience de citoyen. Dans cet entretien, il nous raconte son quotidien d’artiste quadra francilien, ultra concerné en matière d’écologie, sans pour autant jouer les pères la morale.

Êtes-vous éco-anxieux ?

Je l’ai été quand j’ai commencé à m’informer sur le climat il y a une dizaine d’années mais je ne le suis plus aujourd’hui. Non pas par espoir que la situation va s’améliorer, bien au contraire, mais parce que j’ai réussi à surmonter cette anxiété. Et quoi qu’il arrive, je pense qu‘à long terme on aura enfin pris conscience de nos erreurs.

Êtes-vous dans la culpabilité en tant que consommateur ?

Je suis devenu végétarien il y a dix ans, mais je ne culpabilise pas quand j’achète un steak pour mes enfants. Et je ne juge surtout pas ceux qui mangent de la viande. J’évite au maximum d’acheter les produits industriels qui sont autant nocifs pour les humains que pour la planète. Mais comme je travaille beaucoup, je ne suis pas dans la surconsommation. Disons que je consomme de manière raisonnée.

Quels sont vos gestes simples mais efficaces en matière d’environnement ?

Je roule avec une petite voiture électrique et j’ai installé des panneaux solaires dans ma maison. J’ai complètement banni les bains et je limite drastiquement les voyages en avion. Je récupère aussi l’eau de pluie et j’ai des arbres fruitiers.

Qu’est-ce qui vous a donné le deklic green ?

J’ai lu Comment tout peut s’effondrer de Pablo Servigne. Un livre sur la collapsologie qui décortique les ressorts d’un possible effondrement. Il y a encore dix ans, la collaspsologie était perçue comme fantasmagorique et pessimiste outre mesure mais aujourd’hui, on constate que les prévisions des scientifiques sont devenues factuelles. Il faudrait écouter davantage les scientifiques.

Qu’est ce qui n’est pas écologique chez vous ?

J’essaie d’acheter du textile bio mais il m’arrive aussi de craquer pour des baskets de grandes marques fabriquées en Chine. C’est aussi difficile d’être écolo et de limiter les empreintes carbones avec le mobilier car les meubles d’artisans français sont très chers.

En tant qu’ancien poissonnier, je continue de consommer du poisson alors qu’il y en a de moins en moins… Et je mange un McDo de temps en temps. Sans viande, mais McDo quand même. Je ne suis pas parfait du tout !

Quel est LE mot écologique du moment et pourquoi ? 

La résilience… C’est ce que fait la nature depuis des milliards d’années. C’est aussi ça la résilience, savoir s’adapter de manière écologique à notre environnement, changer les choses pour que la planète ne s’effondre pas. 

Comment vous déplacez-vous ? 

Soit avec ma petite voiture électrique, soit en train. Comme je suis en tournée avec mon spectacle, j’effectue beaucoup de kilomètres. C’est sûr que ça aurait été plus simple de sauter dans l’avion pour un Strasbourg-Toulouse. Mais j’ai préféré parcourir la France entière en train. 10h, c’est long, mais c’est écolo… Et encore une fois, je ne juge pas ceux qui prennent l’avion. Surtout lorsqu’il n’y a aucune alternative. Je suis parti en juin en Namibie pour un tournage pour France Télévisions et j’ai bien été obligé de prendre ce mode de transport…

C’est quoi pour vous être écolo ?

Être écolo, c’est prendre conscience du changement climatique. C’est aussi agir tous les jours comme penser au tri des déchets.

Quels sont vos arguments pour convaincre de la nécessité des énergies renouvelables ?

Fabriquer les panneaux solaires, ça demande du temps, des métaux rares, c’est vrai que ça pose encore des soucis. Tout comme l’éolien qui nécessite beaucoup de béton. Mais au bout de dix ans d’utilisation, on les a rentabilisés en terme de CO2 et les cinq ans à suivre seront bénéfiques pour la planète.

Pareil pour la voiture électrique. Elle coute plus chère à l’achat, mais l’hydrogène blanc existe dans nos sous-sols. Il faut investir le plus rapidement possible, même si certains sont encore à se faire beaucoup d’argent avec le pétrole. Tout ça changera, un jour…

Quelles sont les premières étapes pour faire bouger chaque citoyen ?

Chaque citoyen doit prendre conscience et s’informer. Je suis abonné au magazine Sciences et vies, c’est super riche en informations. Et je conseille de regarder les bulletins météo de France 3 Régions. Chaque jour, elle donne l’indice de la pollution de l’air en le comparant aux années précédentes. Ses cartographies représentent les données de pollution en temps réel pour les polluants problématiques de chaque région tels que le dioxyde d’azote, les particules… Ainsi, elle informe quotidiennement les Français du changement climatique.

Quelles sont les remarques les plus absurdes que vous entendez autour de vous sur l’écologie ?

Il y a dix ans, quand j’affirmais ne plus manger de viande, on avait tendance à se foutre de moi. C’est de moins en moins le cas. Aujourd’hui, c’est devenu plus courant et j’entends davantage des « Ah moi aussi, j’ai limité ma consommation de viande ». J’entends aussi certains dire que la voiture électrique, c’est la catastrophe pour la planète. Mais c’est quand même mieux que le diesel, non ? J’avoue que j’ai aussi de la chance car je n’ai aucun climatosceptique autour de moi.

Comment expliquez-vous qu’encore autant d’êtres humains ne se sentent pas concernés par l’avenir de notre planète ?

Alors ça, je l’ignore. Peut-être qu’ils ont le syndrome de l’autruche et se voilent la face, qu’ils sont dans le déni pour continuer à faire semblant d’être heureux ? Ou alors sont-ils purement égoïstes ? Je ne les juge pas. Je garde toujours espoir qu’ils changeront d’avis un jour.

Enfant, vous sentiez vous déjà concerné par l’avenir de notre planète ?

Je suis né en 1979 et je n’étais pas du tout concerné. Même ado, il m’est arrivé de balancer des détritus. Je me suis senti concerné avec la naissance de mon fils aîné en 2008. Mais avec le recul, même sans avoir des enfants, ma conscience écolo se serait développée.

Selon vous, ou en serons-nous dans 50 ans ?

Je ne vais pas vous mentir, je suis collapsologue. On arrive au bout de tout. Même la croissance s’effondre en Allemagne alors que c’était le pays moteur de l’Europe. Les extrêmes politiques s’installent doucement mais sûrement au pouvoir et le monde entier s’arme de nouveau pour une éventuelle guerre… Nous vivons actuellement dans un entonnoir et les 50 prochaines années vont être terribles. Mais j’ose penser que dans 50 ans, le Monde aura tout effacé de ces années d’effondrement et tournera enfin de nouveau.

Comment éduquez-vous vos enfants pour qu’ils soient éco-responsables ?

Je fais en sorte de ne pas les stresser mais je leur dis calmement « les chéris, c’est la merde ». Je leur dis tout ce que je pense, avec une zénitude remarquable, mais je veux qu’ils soient dans la vérité.

Pourriez-vous vivre dans un écolieu ?

On a tendance à imaginer une ferme avec les toilettes au fond du jardin… Mais pourquoi pas. Pendant le Covid, j’avais pensé à cette idée… Je suis suffisamment roots pour pouvoir m’épanouir dans un écolieu.

Comment faire pour que votre métier soit plus écolo ?

Sur scène, les équipes techniques utilisent des LED. Et pendant les tournages, on a troqué les bouteilles d’eau pour les gourdes et on réutilise les lingettes démaquillantes.

« Gil et Ben (ré)unis » en tournée dans toute la France et bientôt de retour dans la série « César Wagner » sur France 2.

Pour aller plus loin :

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Joséphine Simon-Michel

Journaliste infotainment, Joséphine excelle dans l'art des interviews. Pour Deklic, elle interroge des personnalités de différents univers (cinéma, télé, humour, politique…), toutes engagées pour la protection de l’environnement et conscients que la transition écologique est l’affaire de tous.

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