Hourrail facilite le voyage bas-carbone
Le youtubeur Benjamin Martinie, 32 ans, voyage depuis neuf ans. Il a créé, au mois de mars 2023, Hourrail, un média collaboratif sur les voyages sans avion et sans voiture.
Quel est le concept proposé par Hourrail et quels sont les projets à venir ?
Hourrail est un nouveau média dédié aux voyages bas-carbone. Nous avons deux missions. La première, c’est de donner envie de voyager sans avion et sans voiture, en cultivant et en diffusant nos imaginaires. Et notre deuxième mission, c’est de faciliter ces voyages bas-carbone, grâce à une plateforme qui recense des centaines d’itinéraires. On ne recense pas tous les itinéraires du monde évidemment, mais certains d’entre eux soit que l’on a testé nous-mêmes soit que l’on a trouvé sur des sites spécialisés. Si vous ne trouvez pas l’itinéraire exact que vous cherchez, ça pourra donner quelques idées malgré tout, car certaines étapes peuvent aider pour d’autres itinéraires. Et il ne faut pas hésiter à nous écrire sur les réseaux. Parfois, si on voit qu’il y a beaucoup de demandes sur une ville de départ ou un itinéraire, on essaie de le développer. Pour la suite, notre priorité c’est d’améliorer l’existant, donc de rendre la plateforme plus complète, afin qu’elle facilite encore plus la vie aux gens. On lance aussi un podcast. Et on va continuer à récolter des récits et témoignages.
Comment l’idée de créer Hourrail t’est-elle venue ?
Je suis youtubeur voyage depuis neuf ans. Je baigne depuis un moment dans le voyage et le partage de mes expériences. Autour de l’été 2019, j’ai décidé d’arrêter de prendre l’avion parce que je me sentais en dissonance cognitive. J’ai toujours été assez sensible à la question environnementale, c’est un sujet qui m’a toujours préoccupé. Mais on était très mal informés et on l’est toujours aujourd’hui. Avant, je pouvais me dire que prendre l’avion de temps en temps et trier ses déchets ça pouvait suffire. Mais plus tu te renseignes sur ces sujets, plus tu te rends compte qu’il va falloir aller plus loin. Ça fait donc déjà trois ans que je me penche sur ces questions bas-carbone. La création de Hourrail c’est l’aboutissement de tout ça. Partager mes expériences bas-carbone sur les réseaux c’était bien, mais je voulais pousser plus de gens à prendre la parole sur ces sujets-là et leur donner des outils pour les aider à convaincre leur entourage de prendre le train ou d’autres modes de transport bas-carbone plutôt que l’avion.
Voyager en prenant son temps peut aussi apporter des choses ?
Ce que j’ai constaté ces dernières années, c’est que le fait de ne plus prendre l’avion ne me rendait pas moins heureux, au contraire. Je suis plutôt plus épanoui, je suis plus en accord avec mes valeurs, j’ai moins de tensions internes. Et ça m’a permis de me rendre compte qu’il y a des choses incroyables à découvrir autour de soi, en France ou en Europe. Le fait d’avoir lancé une série sur la France (sur sa chaine youtube Tolt – ndlr) m’a permis de découvrir des lieux que je n’aurais pas découvert autrement, comme la Haute Marne ou la Meuse.
Peux-tu nous raconter un de tes voyages bas-carbone ?
Dans les derniers que j’ai pu faire, je pense au voyage en Corse à la voile. Selon moi c’est vraiment une expérience à vivre, je le recommande à tout le monde. Il y a aussi mon voyage jusqu’en Sicile en train de nuit, avec un passage sur un ferry, c’était assez exceptionnel. J’ai aussi fait une portion d’EuroVelo en France, et ça m’a conforté dans le fait qu’il n’y a pas besoin d’aller bien loin ou de prendre l’avion pour passer de bonnes vacances.
Est-ce que tu sens que plus de monde qu’avant s’intéresse à cette manière de voyager ?
Totalement, aujourd’hui les chiffres montrent que le train et le vélo ont le vent en poupe. On en parle plus dans les médias. Je croule de sollicitations pour parler de voyages en train. Et vu que les effets du dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité sont de plus en plus palpables, a priori les gens vont aller de plus en plus vers ce genre de mode de transport. Parce beaucoup d’entre eux se rendent compte que prendre l’avion n’est pas compatible avec le fait de garder un monde viable.