Le froid hivernal invalide-t-il le réchauffement climatique ?

Par Charlotte Combret , le 8 janvier 2024 - 4 minutes de lecture
Premières chutes de neige en basse altitude en Isère dans le village de Biol

Premières chutes de neige en basse altitude en Isère dans le village de Biol. Crédit : Mourad Allili / Sipa

Déjà en décembre 2023, mais d’autant plus en ce mois de janvier 2024, le froid fait son grand retour en France métropolitaine. Avec lui, des vents glaciaux, quelques flocons de neige mais aussi l’éternelle remarque des climatosceptiques : « avec des températures aussi basses, il est où le réchauffement climatique ? ». Un argument qui n’a pourtant aucune réalité scientifique.

« Les gens ne peuvent pas rester dehors, ne serait-ce que quelques minutes. Qu’est-ce qui se passe avec le réchauffement climatique ? » ironisait Donald Trump sur X (ex-Twitter) lors de l’hiver 2019. S’il « y a plus de saisons », celle-ci n’en reste pas moins la plus favorable au fourmillement des punchlines climatonégationnistes. La chute du mercure est, pour certains, l’occasion de remettre en cause l’existence même du réchauffement climatique. Un raccourci fallacieux classique qui résonne encore aujourd’hui, alors que celui-ci fait l’objet d’un consensus scientifique depuis au moins quinze ans

Différence entre météo et climat 

C’est un cas d’école. Les personnes qui soulèvent cet argument dans l’idée de déstabiliser les défenseurs de l’environnement, confondent en réalité météo et climat. Comme nous l’explique Jean Jouzel, paléoclimatologue français et François-Marie Bréon, chercheur au LSCE (CEA) dans un article publié par l’Insu avec le média Bon Pote, ces deux notions sont bien différentes. La météo est l’étude des phénomènes atmosphériques pour prévoir le temps qu’il fait à un endroit et un moment donné. Quant au climat, c’est l’étude des statistiques de variables atmosphériques sur une longue période de temps (30 ans par convention) et sur l’ensemble du globe. 

Un épisode de froid ponctuel et localisé ne vient en aucun cas remettre en cause le phénomène de réchauffement global à la surface de la planète. « Le réchauffement climatique n’altère pas le cycle des saisons », rappelle par ailleurs le climatologue Christophe Cassou auprès de Ouest France. Les épisodes de grand froid n’ont pas vocation à disparaître du calendrier. En revanche, leur probabilité d’occurrence suit une tendance à la baisse. En décembre 2022, Météo France se demandait même : « où sont passées les vagues de froid ? »

L’année 2023 est la plus chaude de l’histoire 

De quoi jeter un autre coup de froid dans l’auditoire climatosceptique. Ce mercredi 6 novembre, l’observatoire européen Copernicus annonce ne plus avoir de doute : 2023 est l’année la plus chaude jamais enregistrée sur Terre, devant 2016 et 2020. Sur onze mois, la température moyenne était 1,46°C au-dessus de la période pré-industrielle. Dans son bilan climatique de l’année 2023, Météo France faisait état d’un « automne 2023 exceptionnel, au premier rang des plus chauds depuis 1900 ».

Selon un rapport de novembre du Programme de l’ONU pour l’environnement (PNUE), les engagements climatiques pris dans le monde entier placent la planète sur une trajectoire de réchauffement allant de 2,5°C à 2,9°C d’ici 2100. Des mesures scientifiques établies grâce aux cernes des arbres ou aux calottes glaciaires démontrent que les températures actuelles sont probablement les plus chaudes depuis plus de 100.000 ans. 

Amnésie écologique ? 

« Dans un climat qui se réchauffe, les épisodes frais sont de plus en plus surprenants, parce qu’on s’acclimate au changement » expliquait Samuel Morin, chercheur à Météo France au micro de France Info l’hiver passé. Autrement dit, nous perdons la mémoire météorologique à mesure que se réchauffe la planète. D’après une étude américaine publiée en 2019, nous jaugeons le temps qu’il fait en prenant pour référence les deux à huit dernières années. Alors qu’elles n’auraient suscité aucune réaction particulière dans les dernières décennies, certaines vagues de froid se font davantage sentir. Et si on essayait de s’en rappeler ?

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Charlotte Combret

Issue d’une grande école de commerce, Charlotte délaisse rapidement les open spaces parisiens pour s’engager dans la voie de l’indépendance. Son désir de lier pédagogie et poésie la conduit à devenir journaliste rédactrice, dans les Landes, pour des entreprises et médias engagés. Ses passions : le cinéma animalier, les voyages en train, les lectures féministes et les jeux de mots en tout genre.

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