En Colombie, les déplacés climatiques sont désormais reconnus par la justice

Par Charlotte Combret , le 24 avril 2024 - 3 minutes de lecture
Les habitants du quartier El Paraiso lors des incendies de Bogota, en Colombie en janvier 2024

Les habitants du quartier El Paraiso lors des incendies de Bogota, en Colombie en janvier 2024. Crédit : Sebastian Barros / NurPhoto / AFP

La justice colombienne a reconnu que le changement climatique et certains impacts environnementaux constituaient une cause de déplacement forcé, une décision sans précédent dans un pays qui compte déjà des millions de déplacés, victimes du conflit armé.

La Cour constitutionnelle, plus haute juridiction du pays, « a examiné le concept de déplacement forcé dû à des facteurs environnementaux et a souligné qu’il peut être causé à la fois par des catastrophes environnementales soudaines et par des processus graduels de détérioration de l’environnement, tels que le changement climatique, la déforestation ou l’acidification des océans », indique un communiqué de l’institution publié le soir du 22 avril.

Des mesures insuffisantes

La Cour a examiné une action en justice introduite par un couple de paysans âgés de 63 et 66 ans, « déplacés de leurs terres par les différentes crues du fleuve Bojabá », dans le département d’Arauca (est). Les plaignants affirmaient qu’en raison des dégâts causés par ces inondations, ils n’étaient pas en mesure de retourner chez eux et que les mesures prises par les autorités avaient été « insuffisantes ».

La Cour a jugé que « l’État a une série d’obligations avant, pendant et après le déplacement dû à des facteurs environnementaux », telles que la tenue d’un registre des victimes potentielles et « l’organisation de l’offre institutionnelle » pour les protéger. Elle a également exigé de l’État qu’il procède à des exercices d’évacuation d’urgence et qu’il prévoit des espaces pour reloger les populations touchées en cas de catastrophe.

Protéger les droits fondamentaux

En ce qui concerne le couple de personnes âgées, la Cour a statué que l’État devait protéger leurs droits fondamentaux, comme il le fait pour les plus de 8,6 millions de personnes déplacées par le conflit armé depuis près de six décennies.

Des milliers de familles colombiennes ont fui les campagnes pour se réfugier dans les villes, dans la guerre que se livrent depuis des décennies forces armées, guérillas, groupes armés, paramilitaires et trafiquants de drogue.

Les graves inondations et les sécheresses associées au changement climatique menacent la richesse naturelle de la Colombie, l’un des pays à la plus grande biodiversité au monde, selon les Nations unies.

(Avec AFP)

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Charlotte Combret

Issue d’une grande école de commerce, Charlotte délaisse rapidement les open spaces parisiens pour s’engager dans la voie de l’indépendance. Son désir de lier pédagogie et poésie la conduit à devenir journaliste rédactrice, dans les Landes, pour des entreprises et médias engagés. Ses passions : le cinéma animalier, les voyages en train, les lectures féministes et les jeux de mots en tout genre.

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