SBTi : qu’est-ce que c’est ?

Par Wanis Cassim , le 10 juin 2024 — engagement écologique, pollution, Protection de l’environnement - 10 minutes de lecture

La SBTi n’est pas le dernier groupe de rap à la mode. Acronyme de Science Based Targets Initiatives (« Objectifs fondés sur la science »), il s’agit d’un organisme de notation qui offre une certification à des entreprises qui s’engagent dans une démarche visant à réduire leur empreinte carbone et améliorer leur gestion des ressources naturelles.

La SBTi s’appuie sur les recommandations et les objectifs du GIEC pour établir ses protocoles et son échelle de valeur, notamment l’Accord de Paris.

Ensemble découvrons ce qu’est la SBTi, à quoi elle sert, et comment elle fonctionne !

Le fonctionnement de la SBTi

La SBTi a été créée par le WWF (World Wide Fund for Nature), l’ONG CDP (Carbon Disclosure Project), Le Pacte Mondial des Nations Unies, et le World Ressources Institute.

L’objectif est simple : évaluer et accompagner les stratégies de décarbonisation des entreprises afin de lutter contre le dérèglement climatique et ses conséquences.

Une fois terminée l’évaluation de la pertinence des mesures de décarbonation adoptées par l’entreprise, la SBTi aide activement à revoir (ou pas) les objectifs, adapter les protocoles et les actions à mener afin de conserver, théoriquement, le seuil de 1,5 °C en plus d’ici l’an 2050 par rapport aux températures préindustrielles.

📚 Pour aider les entreprises à atteindre la neutralité carbone (ne pas émettre plus de gaz à effet de serre que l’on en absorbe) et les accompagner dans leurs efforts, la SBTi propose des outils, programmes, et autres guides en ligne. Ce sont des experts-es en responsabilité sociétale des entreprises qui les guident et rédigent les différentes instructions dans plusieurs secteurs industriels ou professionnels.

Le budget carbone et les scopes

Pour mesurer les émissions de gaz à effet de serre d’une entreprise et tenter de les réduire, la SBTi s’appuie sur deux concepts fondamentaux : le budget carbone et les scopes.

Le budget carbone

🤑 Le budget carbone représente la limite maximale d’émission de gaz à effet de serre qu’il ne faut pas dépasser pour ne pas augmenter les probabilités d’un réchauffement de la planète. En somme, c’est le total des gaz à effet de serre que l’on peut émettre sans plonger vers un réchauffement probable au-dessus du seuil des 1,5°C préconisé par le GIEC.

Chaque entreprise peut donc “puiser” dans ce budget carbone. Toutes ensembles, elles ne doivent cependant pas le dépasser. C’est donc un budget commun.

🚨 La compensation carbone, qui consiste à “rembourser” les émissions d’une entreprise en finançant un projet qui les réduit ailleurs, ne procède pas de la même démarche. Avec la SBTi, l’objectif des entreprises est bien de diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre directement. Toutefois, rien n’empêche d’atteindre ce but de réduction, puis de rembourser les émissions impossibles à baisser avec une compensation carbone !

Pour allouer un “sous-budget” carbone aux entreprises, il faut d’abord mesurer leur impact carbone. Pour cela, la SBTi utilise le concept de “scopes” emprunté au Greenhouse Gas Protocol (GHG). Il s’agit en fait de secteurs qui délimitent les émissions de gaz à effet de serre dans une entreprise.

  • Le scope 1 représente les émissions directes de l’entreprise
  • Le scope 2 concerne les émissions indirectes liées à la consommation énergétique de l’entreprise.
  • Le scope 3, lui, implique les émissions indirectes en rapport avec les sous-traitants, le minage ou collectage de matières premières, le transport de celles-ci, etc.

👋 Le scope numéro 3 n’est compté que si la somme de ses émissions représente au moins 40 % des émissions totales de l’entreprise.

✅ Pour que le label soit accordé à une entreprise, les objectifs de la SBTi doivent atteindre 95 % des émissions des scopes 1 et 2 et 67 % du scope 3. Cela ne veut pas dire que ces émissions doivent être réduites de 95 et 67 %, cela veut dire que 95 % et 67 % des émissions correspondant aux différents scopes cités doivent subir une baisse grâce aux objectifs fixés par la SBTi et l’entreprise.

La SBTi intervient sur tous les aspects de l’entreprise et de sa chaîne de valeurs, en comptant les sous-traitants et l’impact carbone des produits, de leur création à leur consommation.

Le but ici est clair : transformer le paysage industriel en un système de maillage. Si une grande entreprise s’engage dans les méthodologies de la SBTi, ce sont tous les sous-traitants qui travaillent avec elle qui seront impactés et entraînés à emprunter le même chemin.

Ainsi, la SBTi aide à la décarbonation des industries dans le monde.

La SBTi, c’est pour qui ?

La SBTi s’adresse à toutes les entreprises (pas les entités des pouvoirs publics, des organisations à but non lucratif, ou des villes). Plus de 70 % des entreprises du CAC 40 ont déjà une cible SBTi en ligne de mire et donc des objectifs à atteindre. Pour autant, les PME peuvent aussi prendre part à ce mouvement !

La SBTi, pour quoi faire ?

La SBTi offre plusieurs avantages à l’entreprise.

Une bonne publicité pour la marque

Avec une opinion légitimement de plus en plus sensibilisée aux problèmes environnementaux, le label SBTi permet de démontrer que l’entreprise est dans l’air du temps et s’active concrètement pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre.

Une bonne assurance en cas de nouvelles lois

Les rapports du GIEC étant de plus en plus alarmants avec le temps, la législation des pays, notamment d’Europe, se durcit régulièrement concernant la lutte contre le réchauffement climatique et les émissions de gaz à effet de serre. Le label SBTi permet aux entreprises de prévoir ces changements en étant toujours préparées et aptes au changement en faveur d’une diminution des gaz à effet de serre.

Participer à la lutte contre le réchauffement climatique

Parce que nous vivons tous sur la même planète, le réchauffement climatique et ses conséquences nous impactent tous-tes. Le label SBTi permet de s’inclure dans cette démarche.

Quelles sont les 5 étapes à suivre dans le cadre des SBTi pour mettre en place des mesures

Avant même de faire les démarches pour obtenir le label, il faut bien entendu mesurer les émissions de gaz à effet de serre de l’entreprise avec un audit. Ce bilan carbone, obligatoire, permettra d’avoir une base pour fixer des objectifs en termes de volume d’émission de gaz à effet de serre et de temps.

Première étape : La lettre d’engagement

La première étape est sans doute la plus simple. Il s’agit en effet de remplir un document administratif sous la forme d’une lettre d’engagement (elle est disponible en ligne). 

Cette lettre fonde la volonté de l’entreprise de réduire ses émissions de gaz à effet de serre avec pour base la science du climat.

Par ce fait, l’entreprise reconnaît la légitimité des outils et données utilisés par la SBTi et s’engage à définir un objectif de réduction de gaz à effet de serre.

Dans la lettre, l’entreprise indique l’année où elle prévoit de contribuer officiellement à l’objectif de neutralité carbone

🪶 Il est possible de ne pas définir un objectif au moment de son adhésion. Celui-ci devra toutefois être fixé deux ans, maximum, après la lettre d’engagement.

😉 Pour les PME, les démarches sont simplifiées. C’est le “SME science-based target setting form” que l’on utilise et la lettre d’engagement n’est pas obligatoire.

Seconde étape : la création d’un objectif commun

Dans les 24 mois suivant la lettre d’engagement (ou en même temps pour les plus organisés), l’entreprise définit des cibles de réduction de gaz à effet de serre au sein de sa chaîne de valeurs. Ces cibles et l’objectif final doivent être en cohérence avec les critères de la science du climat (mesure des gaz à effet de serre à l’échelle équivalente CO2,  par exemple).

Pour définir l’objectif il faut : 

  1. Fixer une année de référence postérieure à 2020 (représentative des émissions annuelles moyennes de l’entreprise) ;
  2. Fixer une année cible ambitieuse qui respecte la limite de neutralité carbone d’ici 2050 (l’année où l’entreprise participe à l’objectif de neutralité carbone). Cette date doit généralement se situer entre 5 et 10 ans après la lettre d’engagement. Ce n’est pas forcément la neutralité carbone qui est visée, c’est un objectif qui tend vers cette neutralité carbone ;
  3. Choisir les cibles et les méthodologies afin de définir les objectifs SBTi.

Pour définir ses objectifs, l’entreprise doit se baser sur une approche de réduction absolue (on dit aussi contraction absolue) ou une convergence d’initiative sectorielle

🏭 La contraction absolue est une réduction des GES par rapport à une année de référence. Une usine qui prend comme année de référence 2022 et qui annonce une diminution de 30 % de ses émissions de GES à l’horizon 2027 par exemple.

🚛 La convergence d’initiative sectorielle a pour objectif de lisser les émissions de GES sur toutes les unités de production d’un secteur. Par exemple, les entreprises de transports routiers doivent réduire leurs émissions de GES par km de 25 % d’ici 2025.

🫸 Il est important de noter qu’en présence d’un guide sectoriel de la SBTi, l’entreprise du secteur concerné devra se plier aux recommandations indiquées dans le guide. Si un guide n’existe pas pour le secteur concerné, c’est la contraction absolue qui est utilisée.

Troisième étape : la validation des objectifs

Pour obtenir officiellement le label SBTi, les objectifs seront analysés par un examinateur et un approbateur. Avec l’accord des deux, l’objectif commun sera scellé.

Quatrième étape : la diffusion du message

Une fois la lettre d’engagement signée et les objectifs fixés, la SBTi encourage les entreprises à communiquer sur le label.

Cela permet de responsabiliser l’entreprise, de promouvoir le label, et de sensibiliser les consommateurs à la réduction des gaz à effet de serre.

Plus encore, en communiquant régulièrement, l’entreprise peut acter des évolutions de son engagement et de sa capacité à remplir les objectifs, ou pas.

Cinquième étape : la réévaluation des cibles

Tous les cinq ans, le travail sur les objectifs doit être adapté, transformé, pour coller aux avancées technologiques humaines, ou encore écologiques. L’entreprise peut ainsi redéfinir au mieux ses protocoles pour tenter d’atteindre, voire de dépasser son objectif !

La “Sciences Based Targets Initiative” est donc une méthode autant qu’un label écologique récompensant les entreprises qui s’engagent pleinement dans les objectifs décidés par l’Accord de Paris. Actrice majeure de la transformation des industries, la SBTi permet de déterminer un cadre clair pour concentrer la transition énergétique, la diminution des GES et la neutralité carbone plus largement. A cette fin, elle préconise pour les entreprises des objectifs communs et leur permet ainsi de les atteindre plus efficacement et rapidement.

Le message et le pouvoir de ce partenariat confirment l’adage « L’union fait la force », valable aussi pour réduire le volume des gaz à effet de serre. 🤝

Sources :

https://unfccc.int/fr/news/l-objectif-de-15degc-de-l-accord-de-paris-crucial-pour-proteger-les-communautes-de-la-montee-des

https://sciencebasedtargets.org

Wanis Cassim

Après des études de philosophie, Wanis décide de laisser la théorie afin d’agir à sa façon en faveur de l’écologie. Passionné de science-fiction, de nouvelles technologies aussi bien que de la nature, il tente d’allier ses centres d’intérêts dans son travail de rédacteur Web.

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