Amaury de Crayencour : « Le côté « jemenfoutiste » de certains est sidérant »

Par Joséphine Simon-Michel , le 27 septembre 2023 — interview - 8 minutes de lecture
Amaury de Crayencour en 2017 à Cabourg, Crédit PJB/SIPA

Amaury de Crayencour en 2017 à Cabourg, Crédit PJB/SIPA

Sur les planches au théâtre ou sur un plateau de télévision, Amaury de Crayencour est toujours soucieux d’adopter le bon geste écolo. Son déclic green remonte à son adolescence, lorsqu’il écoutait le groupe Tryo et plus particulièrement la chanson « L’hymne de nos campagnes ».

Êtes-vous éco-anxieux

Je suis pessimiste quant à l’avenir de cette terre mais j’essaie de ne pas me laisser envahir par l’anxiété et j’essaie aussi à mon niveau d’être éco-responsable.

Êtes-vous dans la culpabilité en tant que consommateur ? 

Parfois oui bien sûr. Il y a certains aliments que mes enfants adorent et dont je ne veux pas les priver comme les bananes ou les avocats qui représentent évidemment un danger écologique à cause de leurs transports. J’essaie le plus possible de consommer local mais ce n’est pas toujours évident. 

Quels sont vos gestes simples mais efficaces en matière d’environnement ? 

Je fais attention à la durée de la douche, je trie mes déchets, je fais du compost, je privilégie le train. Mais surtout j’apprends tout ça à mes enfants, c’est sans doute ce que je fais de mieux pour la planète, essayer de bien élever mes enfants. 

Quels gestes avez-vous complètement banni de votre quotidien ? 

J’ai la chance d’avoir un jardin alors je ne jette quasiment plus de déchets végétaux à la poubelle. Je ne laisse plus couler l’eau tout le temps du brossage de dent, je coupe l’eau de la douche pour me savonner et je la rallume pour me rincer. 

Qu’est-ce qui vous a donné le deklic green ?

Ça remonte à l’adolescence, j’écoutais des groupes comme Tryo qui parlait déjà beaucoup de protéger la terre par exemple dans le titre « L’hymne de nos campagnes » et plus tard des documentaires édifiants comme Cowspiracy qui évoque la catastrophe que représente l’élevage intensif.

Quel est LE mot écologique du moment et pourquoi ? 

Je dirais Réchauffement. On se rend compte qu’il y a un vrai phénomène de réchauffement climatique indiscutable et dangereux et c’est ce qui me préoccupe le plus. Tout ce que ce réchauffement engendre, la montée des eaux, la disparition de certaines terres, de beaucoup d’espèces animales, les incendies, le manque d’eau…

Comment vous déplacez-vous ? 

A vélo le plus possible, et quand je pars en tournée ou en tournage je privilégie toujours le train. En général quand je prends ma voiture c’est que je suis avec mes enfants. J’évite de la prendre à vide.

Faites-vous attention à votre empreinte carbone ? 

Oui, cela fait 4 ans que je pars faire des dates de tournées un peu partout avec « La Machine de Turing » et plus récemment avec « La Maison du Loup ». Notre production, Atelier Théâtre Actuel nous propose à chaque fois l’alternative train quand c’est possible. Je trouve ça très éco-responsable de leur part et j’opte le plus souvent possible pour le train. 

C’est quoi pour vous être écolo ? 

C’est avoir conscience qu’on est en train de détruire notre planète et qu’il serait bon d’essayer de redresser un peu la barre si c’est encore possible. 

Quelles sont les premières étapes pour faire bouger chaque citoyen ? 

Bien s’informer, bien éduquer nos enfants, leur donner le bon exemple et ne jamais se dire : « Oh c’est bon, ce n’est pas parce que moi je ne fais pas ce qu’il faut que la terre va s’écrouler! ».

Quelles sont les remarques les plus absurdes et récurrentes que vous entendez autour de vous sur l’écologie ? 

Longtemps l’écologie passait pour une espèce de lubie de gens d’extrême gauche, aujourd’hui tout le monde (ou presque ) s’accorde quand même à dire que c’est un enjeu majeure pour notre avenir mais le côté « jemenfoutiste » de certains est sidérant.

Les remarques idiotes qu’on peut entendre seraient « Oh ça va on va pas s’arrêter de vivre! », « Tu crois pas qu’il y a plus important que l’écologie? », « C’est bon ce n’est pas parce que je jette une fois un déchet par terre qu’on va tous mourir », « Ben oui on tue les animaux c’est la chaîne alimentaire c’est normal! », « Non mais le réchauffement climatique y a toujours eu hein c’est des cycles c’est rien. »

Comment expliquez-vous qu’encore autant d’êtres humains ne se sentent pas concernés par l’avenir de notre planète ? 

Parce que les gens s’informent mal, ou ne veulent pas voir qu’on est en train de scier la branche sur laquelle on est assis. 

Quels sont les écologistes ou personnalités qui vous ont inspirés ? 

J’aime beaucoup Aurélien Barrau et je suis membre d’une association qui s’appelle « Lève les Yeux », crée par Yves Marry et Florent Souillot, ils sont très inspirants et leur discours est important aujourd’hui. Ils luttent au quotidien pour que les écrans et en particulier les smartphones ne nous envahissent pas trop vite pour protéger nos enfants, pour que l’on retrouve notre attention, sans cesse captée par ces écrans. L’explosion de la vente et de la consommation de smartphones est une catastrophe écologique hallucinante à cause de l’extraction des matières premières nécessaires à sa construction mais aussi de son transport et de sa fabrication.

Enfant, vous sentiez vous déjà concerné par l’avenir de notre planète ? 

Oui je crois qu’assez vite j’ai compris qu’il fallait prendre soin de cette planète.

En 1974, René Dumont premier candidat écologiste à l’élection présidentielle et chercheur ingénieur agronome est passé pour un hurluberlu lorsqu‘il a déclaré à la télévision que la planète manquerait d’eau potable dans les 40 prochaines années. Qu’aimeriez-vous pouvoir lui dire ? 

Vous aviez raison monsieur !

Comment éduquez-vous vos enfants pour qu’ils soient éco-responsables ? 

J’essaie de leur parler de la valeur des choses. L’importance et la rareté de l’eau, je leur parle de la grande chance qu’ils ont de tourner un robinet et d’avoir de l’eau qui coule indéfiniment. Je leur parle d’autres endroits sur terre ou les choses ne sont pas aussi confortables et faciles que chez nous.

Pourriez-vous vivre dans un écolieu ? 

Oui complètement !

Comment faire pour que votre métier soit plus écolo ? 

Continuer à voyager le plus possible en train et faire des projets qui font passer de bons messages. En ce moment je joue « La Maison du Loup » de Benoit Solès au théâtre Rive Gauche. On parle d’un moment de la vie de Jack London qui était très en avance sur son temps et qui, déjà, en 1916, parlait de l’importance de la sauvegarde de notre planète, c’était un vrai écolo, il a beaucoup écrit sur la nature, alors quand un spectateur sort en disant « Ça m’a donn » envie de lire Jack London » je suis heureux ! Parce que je crois, comme London le disait, qu’on peut s’en sortir par le savoir, la lecture. Le danger c’est l’ignorance alors cultivons nous, lisons …. Et allons au théâtre !

L’actu d’Amaury de Crayencour

🎭 « La maison du Loup » au théâtre Rive Gauche à partir du 14/09 du mercredi au samedi 21H et dimanche 15h
🎞️ Sortie du film « Nouveau Départ » de Philippe Lefebvre avec Franck Dubosc et Karine Viard le 27/09

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Joséphine Simon-Michel

Journaliste infotainment, Joséphine excelle dans l'art des interviews. Pour Deklic, elle interroge des personnalités de différents univers (cinéma, télé, humour, politique…), toutes engagées pour la protection de l’environnement et conscients que la transition écologique est l’affaire de tous.

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