Plus de 160 ONG et personnalités lancent une grande coalition citoyenne pour la protection de l’océan

Par Charlotte Combret , le 27 mars 2024 - 5 minutes de lecture
Lancement d’une coalition citoyenne pour la protection de l’océan

Tout le système-Terre est étroitement lié à la santé de l’océan. Crédit : Colin Marshall / Biosphoto / Biosphoto via AFP

168 ONG, mouvements, collectifs, fondations, entreprises et personnalités engagées ont lancé mardi 26 mars une grande coalition citoyenne pour la protection des océans : « Ocean Coalition ». Tous demandent à Emmanuel Macron de s’engager sur quinze mesures pour sauver l’océan, le climat… et l’humanité.

« L’océan se meurt, et nous regardons ailleurs ». C’est pour tourner les regards – et en particulier celui du chef de l’État – vers notre plus grand puits de carbone qu’« Ocean Coalition » est sortie des eaux. Plus de 50 ONG, comme Bloom, la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO), Greenpeace, le Comité français de l’UICN, la fondation GoodPlanet et les Amis de la Terre se sont associés à près de 80 personnalités parmi lesquelles les écrivains Pénélope Bagieu et Baptiste Morizot, les activistes Camille Etienne et Adélaïde Charlier, les actrices Juliette Binoche et Zar Amir Ebrahimi, les réalisateurs Cyril Dion et Vincent Munier, les humoristes Swann Périssé et Guillaume Meurice, le sportif Guillaume Néry ou encore le scientifique François Sarano pour exiger de mettre fin à l’incendie sous-marin en cours. 

Y a le feu à l’océan

Pour cause, l’océan est en feu. Et un océan qui surchauffe, ce sont des conséquences dramatiques en cascade. « Les courants océaniques qui dictent la régulation du climat sont modifiés, le cycle de l’eau subit des perturbations majeures entraînant des sécheresses chroniques ou des précipitations diluviennes, les événements climatiques se multiplient en fréquence et en intensité, les canicules marines se multiplient de façon exponentielle, les baleines meurent de faim, la masse de l’eau se dilate, et couplé à la fonte des glaces, le niveau des mers augmente de près d’un demi-centimètre par an… » résume « Ocean Coalition » dans son manifeste

La pression des activités anthropiques est telle que, d’après l’UNESCO, l’océan pourrait bientôt émettre plus de carbone qu’il n’en absorbe. « Nous sommes en train de faire de notre meilleur allié notre pire ennemi » alerte la coalition pour qui ce dernier est en train de se transformer en « bombe à retardement pour l’humanité ».

Alors 2024 a été décrétée « Année de la Mer » par le Président de la République, tout l’enjeu de l’initiative est de transformer profondément le rapport de la France au monde marin. Pour cela, les membres appellent collectivement les citoyens à les rejoindre. « Une coalition, c’est mieux qu’une pétition. C’est la formation d’une communauté qui agira jusqu’à la victoire » assurent-ils. 

Le chalutage, un carnage

Protéger l’océan n’est pas si compliqué, explique la coalition, il suffit d’arrêter de le détruire. « Alors que nous avons plus que jamais besoin d’écosystèmes en pleine santé pour contribuer à absorber et atténuer le plus efficacement possible le changement climatique, les responsables politiques continuent de soutenir la destruction de l’océan en finançant, avec nos impôts, des bulldozers sous-marins » : les chalutiers. « Ocean coalition » rappelle que chaque année, les mastodontes tricolores raclent une surface supérieure à celle de la France, tout en bénéficiant de subventions publiques massives, d’au moins 300 millions d’euros. 

En outre, malgré ce qu’a affirmé le secrétaire d’État chargé de la Mer Hervé Berville sur France 2 en novembre dernier, la France continue d’autoriser les méthodes de pêche à fort impact comme le chalutage dans les zones dites « protégées ». Alors que la pêche industrielle est reconnue comme étant la première cause de destruction de l’océan, pour ses défenseurs, il y a urgence d’enterrer cette pratique.

Trois mesures urgentes

Pour protéger cet « organe vital de la planète », celui duquel dépend le climat et l’ensemble du vivant, « Ocean Coalition » demande à Emmanuel Macron de s’engager sur quinze points, en commençant par mettre en œuvre trois mesures d’intérêt général :

1. Interdire le chalutage dans les aires marines dites « protégées » ;
2. Cesser d’abreuver en subventions publiques les méthodes de pêche destructrices et flécher ces financements vers la transition du secteur et la protection de l’océan ;
3. Protéger les écosystèmes et les pêcheurs côtiers en excluant les navires industriels de plus de 25 mètres et pouvant faire jusqu’à 145 mètres de la bande des 12 milles nautiques.

La coalition citoyenne pour la protection de l’océan rappelle que sans aides publiques, le chalutage – structurellement déficitaire – disparaît, tandis que l’abondance de poissons augmente jusqu’à 670% en quelques années seulement lorsqu’une aire marine est réellement protégée.

Selon elle, la responsabilité de la France est d’autant plus importante que le pays possède le deuxième espace maritime mondial. En prenant position sur ce programme, « les océans pourraient souffler, les animaux repeupler le milieu marin, les pêcheurs artisans ne se feraient pas arracher leur équipement de pêche par ces bulldozers des mers et l’océan pourrait continuer à assurer la régulation du climat planétaire ». 

À lire aussi : 

Chalutage de fond : la « déforestation sous-marine » libère des tonnes de CO₂ dans l’atmosphère

Le niveau des océans pourrait augmenter de 20 centimètres d’ici 2050, alerte la NASA

En images : la biodiversité exceptionnelle des Galapagos, modèle à suivre pour protéger les océans 

Charlotte Combret

Issue d’une grande école de commerce, Charlotte délaisse rapidement les open spaces parisiens pour s’engager dans la voie de l’indépendance. Son désir de lier pédagogie et poésie la conduit à devenir journaliste rédactrice, dans les Landes, pour des entreprises et médias engagés. Ses passions : le cinéma animalier, les voyages en train, les lectures féministes et les jeux de mots en tout genre.

Voir les publications de l'auteur