Mobilisation citoyenne : déjà plus de 125 000 signatures pour demander la protection des loups
Alors que la Commission européenne propose de déclasser le statut de protection du loup, onze associations de protection de l’environnement appellent le gouvernement français à s’y opposer. La grande pétition citoyenne, lancée à cet effet le 19 mars, dépasse déjà les 125 000 signatures.
« Ce n’est ni nécessaire, ni justifié » dénoncent collectivement les ONG WWF, FNE, LPO, UICN, ASPAS, Humanité & Biodiversité, SNPN, SFEPM, Ferus, OPIE et SHF à propos de la révision du statut de protection du loup dans l’UE. Après l’évocation par la présidente de la Commission européenne en septembre 2023 du « réel danger » que représentait le canidé « pour le bétail et, potentiellement, pour l’homme », Bruxelles propose de passer l’espèce de « strictement protégée » à « protégée ». Dans les faits, un tel déclassement du statut de protection faciliterait l’abattage du prédateur. Cette proposition doit encore être approuvée par les Vingt-Sept.
« Inacceptable »
Pour les onze associations, ce projet de déclassement est « inacceptable », au regard notamment de l’état de conservation de l’espèce. Selon l’Union Internationale de Conservation de la Nature, six des neuf populations de loups présentes dans l’UE sont vulnérables ou quasi-menacées. À terme, les ONG craignent que l’affaiblissement du niveau de protection du loup entraîne celui d’autres espèces protégées comme le lynx ou l’ours brun qui cristallisent elles aussi des tensions avec les éleveurs.
En outre, d’après les associations, le déclassement du loup ne changera rien aux difficultés économiques de la filière agropastorale. En France, la prédation est stabilisée depuis sept ans, rappellent-elles, ce qui démontre l’efficacité des mesures de protection mises en place, fondées sur « le triptyque bergers, chiens de protection et clôtures ». À échelle européenne, les attaques de loups touchent en moyenne moins de 0,067 % des animaux d’élevage.
Pour une coexistence pacifique
La mobilisation citoyenne pour protéger ce grand prédateur est à l’image de l’opinion des habitants des territoires concernés sur ce sujet. 68% des personnes vivant dans des zones rurales estiment que les loups devraient être strictement protégés tandis que 80% des contributions à la consultation publique sur le Plan National d’Action sont défavorables au déclassement et à la facilitation des tirs létaux, précisent les associations.
À travers cette pétition, les défenseurs du loup appellent le gouvernement à s’opposer au projet au bénéfice d’une politique de protection renforcée des troupeaux favorisant une coexistence pacifique entre le loup et les activités pastorales. Pour rappel, dans l’Hexagone, le Plan loup pour 2024-2029 publié en février prévoit une simplification des conditions de tirs et une augmentation des indemnisations pour les éleveurs.
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