Patrick Pouyanné : le PDG risque de poursuivre ses activités écocides à la tête de TotalEnergies
Patrick Pouyanné risque bien de rempiler ! La lettre de démission fictive signée “Poupou” et publiée il y a quelques jours par le média Bon Pote, n’aura pas été prémonitoire. La bête noire des défenseurs de l’environnement est bel et bien encouragée à continuer son activité climaticide par ses actionnaires et… par l’État.
« Le conseil d’administration unanime compte sur son leadership et sa vision stratégique pour poursuivre la transition de TotalEnergies », a déclaré Jacques Aschenbroich, administrateur référent dans un communiqué. Soutenu dur comme fer par ses actionnaires, le PDG de TotalEnergies Patrick Pouyanné, à la tête de la société depuis près d’une décennie, se dirige tout droit vers un 4e mandat. « Depuis dix ans, Patrick a fait un excellent travail pour piloter TotalEnergies dans un environnement complexe, délivrer des résultats financiers extrêmement solides, et engager la compagnie dans la transition énergétique plus rapidement et résolument que ses pairs », a encore loué M. Aschenbroich.
Des actionnaires pourris gâtés ?
Rien d’étonnant finalement. L’entreprise s’enrichit à mesure qu’elle appauvrit les sols. Début 2023, la compagnie pétrolière annonce avoir enregistré des bénéfices record : 19 milliards d’euros. Un bond de 28 % par rapport à 2021. Ces super-profits, portés par la flambée des cours du pétrole et du gaz dans un contexte de guerre en Ukraine, ont largement profité aux actionnaires. Lors de l’assemblée générale ayant suivi cette révélation, le versement d’un dividende total de 3,81 euros par action (dividende ordinaire et dividende exceptionnel) est voté. Au total, 9,4 milliards d’euros leur ont été redistribués au titre de l’année 2022. Dans le cadre de sa « politique de retour à l’actionnaire », TotalEnergies procède par ailleurs à des rachats d’actions massifs, avant de les annuler. Ce petit manège, qui a pour effet de doper le cours de bourse et de faire grimper la valeur des titres, n’est pas prêt de s’arrêter. « Conforté par la solidité du bilan de la Compagnie et par ses perspectives de génération de cash, le Conseil d’administration a confirmé une politique de retour à l’actionnaire pour 2023 visant un cash pay-out entre 35 % et 40 % » peut-on lire sur le numéro 70 du journal des actionnaires du géant pétrolier. Alors que la planète souffre, Patrick Pouyanné, lui, semble être dans un jeu. « Tant que je m’amuse dans ces fonctions, c’est oui », avait-il confié en juin dernier au JDD qui l’interrogeait sur son envie de continuer la partie.
« La vie réelle » d’un milliardaire
C’est pourtant bien lui qui parlait de la réalité de la vie au paléoclimatologue Jean Jouzel, il y a de cela quelques jours. « Cette transition, je suis désolée Jean, mais elle prendra du temps. J’assume de poursuivre mes investissements pétro-gaziers car la demande croît. Je respecte l’avis des scientifiques mais il y a la vie réelle » lui avait-il répondu alors que l’expert du climat, membre du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), tentait une énième fois d’alerter sur la nécessité de stopper les investissements dans les énergies fossiles, lors de l’université d’été du Medef.
S’il y en a bien un qui compte tenir ses promesses, c’est Patrick Pouyanné. Alors qu’aucun nouveau projet pétrolier et gazier ne devrait sortir de terre si l’on veut espérer rester sous la barre des 1,5 °C de réchauffement, celui-ci défend bec et ongles le projet EACOP (East African Crude Oil Pipeline) en Ouganda. Cette « bombe climatique », un pipeline de 1 440 km devant évacuer le pétrole du lac Albert par la Tanzanie, dénoncée par des nombreuses ONG et militants comme le Collectif Minuit 12, est en outre accusée de violation des droits humains sur les populations locales. Rappelons que la combustion d’énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon) pour les besoins des activités humaines est la principale source d’émissions de CO2, responsables du changement climatique. Mais ça, TotalEnergies le sait depuis les années 70 ! D’après une enquête menée par trois chercheurs, le groupe connaissait les conséquences néfastes de ses activités sur le climat, mais avait tout simplement passé ces informations sous silence. Quelques années après, lors d’une conférence donnée en 2015 à Sciences Po, Patrick Pouyanné, dévoile l’inquiétant scénario interne du géant pétrolier : 3 ou 3,5 °C de plus d’ici 2100. Business is business ?
La légion d’honneur…
Retour en 2023, le 14 juillet. « C’est une blague ???? » se demande l’activiste Camille Étienne sur son compte X (ex-Twitter) alors qu’elle vient d’apprendre la nouvelle. Patrick Pouyanné est élevé au rang d’officier de la Légion d’honneur, lui qui avait déjà été fait chevalier de la Légion d’honneur en 2015. « Cette élite du mérite est réunie dans sa grande diversité par l’engagement de chacun au service de l’intérêt général, critère premier d’attribution de la plus haute distinction nationale française » : c’est ainsi que la dernière promotion décorée est définie par la grande chancellerie de la Légion d’honneur. Il y a de quoi tomber à la renverse quand on connaît l’impact désastreux du groupe qu’il dirige sur le climat et la biodiversité. « Pillez les ressources naturelles, creusez un projet écocide en Ouganda et en Afrique du Sud, accumulez des milliards sur la destruction de la planète… Et recevez la légion d’honneur » désespère l’eurodéputée écolo Karima Delli. Visiblement, les casseroles régulièrement révélées dans les médias du PDG de TotalEnergies n’auront pas été assez bruyantes et le gouvernement met de l’huile sur le feu… Est-on sûr que la lettre de démission de Bon Pote est bien une fausse ?
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