Plogging : quand sport et écologie se rencontrent

Par William Buzy , le 10 octobre 2023 - 5 minutes de lecture
Illustration d'un mouvement de plogging à Hambourg, Crédit GEORG WENDT / DPA / DPA PICTURE-ALLIANCE VIA AFP

Illustration d’un mouvement de plogging à Hambourg, Crédit GEORG WENDT / DPA / DPA PICTURE-ALLIANCE VIA AFP

Apparu en Suède en 2016, le plogging, qui consiste à ramasser les déchets trouvés tout au long de son parcours de course à pied, a déferlé dans le monde entier, bien aidé par les réseaux sociaux. Un moyen simple de mêler une activité physique et une action concrète pour l’environnement.

Il est des actions pour le climat qui demandent quelque abnégation. Un effort financier pour changer d’alimentation, un renoncement aux longs voyages en avion, le désintéressement à un certain type de consommation… Des sacrifices plus ou moins importants, et plus ou moins difficiles selon les personnes.

Mais voici venue de Suède l’activité qui réconciliera tout le monde avec son engagement pour la planète : le plogging. Contraction de plocka upp (« ramasser » en Suédois) et de jogging, il s’agit de combiner jogging et ramassage de déchets. Une activité physique mêlée à un geste pour la planète, ou comment être gagnant sur tous les plans. Partie des pays scandinaves, l’idée a envahi le monde entier jusqu’à devenir tendance sur les réseaux sociaux. « #plogging », « #cleanup », et autres mots-dièse y accompagnent témoignages, photos et vidéos en ligne, démontrant la popularité de ce footing d’un nouveau genre.

À tel point que l’activité s’est structurée. De petite sortie perso du dimanche matin, le plogging est devenu un véritable événement, qui s’organise, se fait en groupe, se décline à l’infini entre villes, forêts, plages et sentiers de montagne, et à l’occasion devient une course, avec dossards, médailles et sacs géants remplis de déchets.

Des regroupements dans le monde entier

Bien sûr, chacun reste libre de courir avec son sac-poubelle dans son coin, mais on peut aussi participer à des sorties organisées par des associations comme Plogging MilGuip, qui revendique une tonne de déchets ramassés en deux ans, RunEcoTeam, pionnière française créée à Nantes en 2016, ou l’ONG Word clean up day qui organise chaque année des rassemblements autour du plogging. Localement, de nombreuses applications ou groupes sur les réseaux sociaux appellent à des rassemblements spécifiques. Ici un salarié fatigué de slalomer entre les bouteilles plastiques lors de ses footings quotidiens sur la plage, là une retraitée excédée par les mégots qui s’accumulent le long de la balade en forêt qu’elle emprunte chaque semaine…

« J’en ai entendu parler il y a un peu plus d’un an, explique Ashlee Piper, autrice du livre Give a Sh*t : Do Good, Live Better, Save the Planet, dans le média américain NBC. Les influenceurs écologistes que je suis, notamment en Scandinavie, semblaient faire de leurs promenades, randonnées et courses habituelles un sport, et ramassaient des déchets en chemin. Je n’avais jamais vu une fusion aussi efficace entre l’exercice physique et l’action environnementale. » S’il s’agit avant tout d’un moyen simple et concret d’inviter le plus de monde possible à agir pour l’environnement, c’est aussi une nouvelle porte pour sensibiliser aux effets mortels des déchets sur l’écosystème. « Une grande partie des déchets sont des choses que nous ne considérons même pas comme des déchets lorsque nous les voyons pour la première fois, comme les ballons. Certains sont des matières recyclables mal recyclées, ou qui n’ont même jamais été acheminées jusqu’aux usines dédiées. »

Un impact environnemental, mais aussi sanitaire

L’impact du plogging peut sembler insignifiant face aux deux milliards de déchets produits chaque année par l’humanité, mais, comme souvent, l’influence de ces initiatives doit aussi se mesurer dans son aspect plus symbolique. Car les prises de consciences partent de là, et provoquent par effet papillon des changements majeurs. « Nos habitudes de consommation nous ont littéralement mis dans le pétrin, ajoute Ashlee Piper. Mais des petits changements dans ces habitudes peuvent contribuer à améliorer radicalement la situation. » Et le fait de constater, lors d’un jogging en milieu urbain, que les déchets les plus courants semblent être « les emballages de nourriture et de boissons, en particulier les sacs en plastique, les gobelets de café, les pailles et les mégots de cigarettes », peut être déclencheur d’un changement d’habitudes de consommation plus structurant.

D’autant que le plogging reste avant tout une activité physique, et l’on connaît les affres de la sédentarité. Mieux : le plogging, ou sa variante sous forme de marche, est une activité aisée pour les êtres humains, dont les ancêtres préhistoriques marchaient de longues distances, se penchant occasionnellement pour ramasser fruits, noix et insectes. Cette mécanique très naturelle pour notre corps permet donc d’étirer le dos, les fesses, les ischio-jambiers et les mollets. Bref, c’est une activité sportive multitâche particulièrement peu violente et efficace.

En outre, le pratique de cette activité au cœur de la nature en accentue les bienfaits. En effet, le temps passé dans la nature améliore le rythme cardiaque, la tension artérielle, le taux de cortisol et même le fonctionnement immunitaire. C’est ce que les Japonais appellent le « bain de forêt ». Et c’est toujours mieux qu’un bain de foule dans le métro parisien.

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William Buzy

Écrivain et journaliste, William Buzy a fondé le média Impact(s), spécialisé dans la journalisme de solutions, et fait partie d’un collectif adepte du journalisme littéraire et du documentaire. Auteur de plusieurs romans, il a également publié des récits et des essais sur le journalisme.

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