Quel est l’objectif d’empreinte carbone par personne et que doit-on en penser ?

Par Anaïs Hollard , le 14 janvier 2025 - 8 minutes de lecture

Quelques clics suffisent pour découvrir que l’objectif pour les Français·ses est de faire passer leur empreinte carbone sous la barre des 2 tonnes de CO2 par an d’ici à 2050. Derrière cette ambition de taille (oui, parce qu’actuellement, il faut plutôt compter 9 tonnes de CO2 par personne et par an1) se cache la volonté féroce de limiter au maximum le réchauffement climatique en atteignant la neutralité carbone. Seulement, un tel chiffre soulève son lot de questions : 2 tonnes de CO2 par an, d’où ça sort ? Est-ce atteignable ? Comment faire ? Etc. Alors, que diriez-vous de décrypter ensemble cet objectif d’empreinte carbone ?

Objectif d’empreinte carbone : pourquoi 2 tonnes ?

Pas besoin d’être grand·e reporter pour retrouver sur le web la réponse à la question « quel est l’objectif d’empreinte carbone par personne ? ». En effet, tout l’Internet semble s’accorder sur un chiffre, et pas des moindres : 2 tonnes d’émissions de CO2 par an et par personne. Seulement lorsque l’on cherche à découvrir l’origine de cette ambition, l’affaire se gâte. Parce qu’il faut bien le dire, la donnée semble vite sortie du chapeau. 

Si d’aucun affirme qu’elle est directement issue de l’Accord de Paris, à y regarder de plus près, nulle trace d’une telle directive. Parmi les objectifs affichés du traité, on retrouve cependant l’aspiration suivante : 

« Réduire considérablement les émissions mondiales de gaz à effet de serre dans le but de limiter à 2 °C le réchauffement planétaire au cours du siècle présent, tout en poursuivant l’action menée pour le limiter encore davantage à 1,5 °C.2 »

Du côté de la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), même son de cloche : nulle trace de ces fameuses 2 tonnes. Cependant, un but, et pas des moindres : une division par 6 des émissions de gaz à effet de serre sur le territoire hexagonal par rapport à 1990. « Concrètement, cela suppose de réduire les émissions de la France à 80 MtCO2e contre 458 MtCO2e en 2015 et 445 en 2018 »3.

Finalement, il existe autant de scénarios d’empreinte carbone « idéale » que d’expertises. Et lorsqu’on fouine un peu, aucune trace de vérité universelle. D’autant que accordons-nous : les estimations d’empreintes carbones individuelles ne sont… Que des estimations.
Eh oui, elles prennent compte de différentes typologies de foyers (les plus riches présentent forcément une empreinte carbone bien supérieure à celle des plus précaires). De plus, il est assez probable que les chiffres actuels minorent un peu la réalité, compte tenu de la difficulté à prendre en compte certains investissements dans la consommation des ménages. Si « ramenée à l’ensemble de la population, l’empreinte carbone est estimée à 9,2 t CO2 eq par personne », elle pourrait-être bien supérieure. De même, la baisse envisagée de ces émissions pourrait largement varier d’un foyer à l’autre. 

L’objectif d’empreinte carbone du Haut Conseil pour le Climat

Nations Unies, Carbone4, Ademe… On l’a dit, il existe autant d’objectifs d’empreinte carbone par personne que d’institutions. Si certains de ces chiffres sont étayés, d’autres moins. Seulement, les programmes ont en commun une même visée : la limitation du réchauffement climatique ! Et pour ce faire, il faut bien commencer quelque part. Du côté du Haut Conseil pour le Climat, on retrouve une « proposition de scénario de réduction de l’empreinte carbone de la France compatible avec la limitation du réchauffement climatique à 1,5 °C ». Si là encore, ces estimations ne tiennent pas compte de l’ensemble des facteurs d’émissions des foyers, elles ont le mérite de fournir une feuille de route claire : 

À en croire l’organisme, pour éviter un pic attendu des températures, l’empreinte carbone des Français-es devrait être de : 

  • 7,1 tonnes de CO2 par personne/an en 2030 ;
  • 2,3 tonnes de CO2 par personne/an en 2050.

Des chiffres qui représentent : 

  • Une baisse de  37 % des émissions de CO2 d’ici à 2030 (par rapport à 2005) ;
  • Une baisse de  79 % des émissions de CO2 d’ici à 2050 (par rapport à 2005)4.

Comment réduire l’empreinte carbone par personne ?

L’empreinte carbone moyenne d’un-e Français-es est aujourd’hui de 9,2 tonnes de CO₂ par an et par personne, un chiffre largement au-dessus des 2,3 tonnes suggérées par le Haut Conseil pour le Climat (entre autres). Là où le bas blesse, c’est donc sur la question de l’atteinte d’un tel objectif. Cela passe par des changements collectifs et individuels dans quatre domaines clés : 

  1. L’énergie ;
  2. Les transports ;
  3. L’alimentation ;
  4. La consommation.

Voyons plutôt…

Réduire les émissions liées à l’énergie

L’énergie représente une part importante de l’empreinte carbone. C’est pourquoi, il s’agit d’un levier fondamental pour qui souhaite s’approcher de l’objectif de 2,3 tonnes de CO2. Quelques pistes sont cependant exploitables (of course) : 

  • Agir sur le chauffage : le chauffage résidentiel est une source majeure d’émissions. En isolant correctement son logement et en adoptant des solutions comme les pompes à chaleur ou le chauffage au bois certifié, il est possible de réduire radicalement cette consommation.
  • L’électricité verte : opter pour une offre d’électricité 100 % renouvelable (éolien, solaire, hydraulique) diminue la dépendance aux énergies fossiles. Vous pouvez par exemple vous tourner vers des fournisseurs engagés… Un peu comme Ekwateur 😉
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Repenser les déplacements

En France, depuis 1998, les transports constituent le premier poste contributeur aux émissions nationales de GES. En 2021, les émissions des transports se sont élevées à 126,0 Mt CO2 éq, soit 30 % du total national5. Balèze, n’est-ce pas ? C’est pourquoi, quelques changements d’habitudes s’imposent, comme : 

  • Réduire les trajets en voiture : privilégiez les mobilités douces (vélo, marche) ou les transports en commun.
  • Passer à la voiture électrique ou au covoiturage : en zone rurale ou en cas de besoin, passer à une voiture électrique ou organiser des trajets partagés peut réduire considérablement les émissions.
  • Limiter les vols : les vols long-courriers représentent une part disproportionnée des émissions. Remplacer un vol par un train peut économiser des tonnes de CO₂.
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Adopter une alimentation plus sobre en carbone

L’alimentation, c’est environ 22 % de l’empreinte carbone des Français·ses. Là aussi, il y a donc un peu de boulot. À l’échelle de votre foyer, vous pouvez toujours : 

  • Manger moins de viande et de produits laitiers : la production de viande, notamment bovine, est extrêmement émettrice. Adopter une alimentation flexitarienne ou végétarienne peut réduire cet impact.
  • Favoriser les circuits courts et les produits de saison : réduire le transport et la conservation des aliments limite les émissions indirectes.
💡 À lire aussi : Quel est l’impact carbone de l’alimentation ?

Réduire et recycler sa consommation

Les biens de consommation (électronique, vêtements, meubles) représentent eux aussi une empreinte cachée et souvent négligée. Alors, n’hésitez pas à adopter les bons gestes…

  • Acheter moins, mais mieux : investir dans des produits durables ou de seconde main réduit la demande en matières premières.
  • Recycler et réparer : prolonger la durée de vie des objets réduit l’impact lié à la production de nouveaux biens.
  • Partager les équipements : louer ou partager certains biens (outils, voitures) limite les achats individuels.
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Si les changements individuels sont essentiels, atteindre une empreinte de 2,3 t CO₂/an par personne ne sera possible qu’avec des politiques publiques fortes, prêtes à mettre le pied sur l’accélérateur pour : 

  • Accélérer la transition énergétique et développer massivement les énergies renouvelables.
  • Investir dans des infrastructures de transport bas-carbone.
  • Accompagner les ménages les plus vulnérables pour adopter ces changements sans les pénaliser financièrement.

Réduire son empreinte carbone de 9,2 à 2,3 tonnes de CO₂ par an est un défi de taille, mais il est réalisable grâce à une combinaison d’efforts individuels et de politiques globales. En adoptant un mode de vie plus sobre et durable, tout en soutenant des mesures ambitieuses, nous pouvons non seulement réduire nos émissions, mais aussi améliorer notre qualité de vie et préserver la planète pour les générations futures !

Sources :

1https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/lempreinte-carbone-de-la-france-de-1995-2022?rubrique=&dossier=1286
2https://unfccc.int/files/essential_background/convention/application/pdf/french_paris_agreement.pdf 
3https://www.ecologie.gouv.fr/politiques-publiques/strategie-nationale-bas-carbone-snbc
4https://www.hautconseilclimat.fr/wp-content/uploads/2020/10/hcc_rapport_maitriser-lempreinte-carbone-de-la-france-1.pdf 
5https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/edition-numerique/chiffres-cles-transports-2023/20-emissions-de-gaz-a-effet

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Anaïs Hollard

Captivée par les sujets liés à l’énergie, Anaïs a longtemps collaboré avec de grands acteurs du secteur, avant de choisir la voie de l’indépendance, en tant que journaliste web. Aujourd’hui, elle continue de délivrer son expertise en matière d’énergie et de transition écologique. Ses passions : la lecture, l’écriture (forcément) et les DIY créatifs !

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