Plus de 5 000 personnes sont décédées à cause de la chaleur en France pendant l’été 2023
Les étés meurtriers se succèdent sur fond de réchauffement climatique : durant celui de 2023, marqué par quatre canicules, plus de 5 000 Français sont morts à cause de la chaleur. Une mortalité qui n’emporte pas que les plus âgés.
« Tout le monde est touché », a résumé jeudi, lors d’une conférence de presse, Caroline Semaille, directrice de l’agence Santé publique France, qui présentait un bilan de la mortalité liée à la chaleur lors de l’été 2023. Celui-ci s’est révélé le quatrième plus chaud jamais observé en France, où les premières mesures remontent à 1900, avec un profil assez inhabituel.
Plusieurs régions, notamment dans le nord, ont en effet connu des semaines de temps maussade. Mais quatre canicules se sont bien enchaînées au cours de cet été, avec un caractère exceptionnellement tardif pour deux d’entre elles, la plus longue en août et une dernière en septembre. S’il est impossible d’attribuer chaque épisode de forte chaleur au réchauffement climatique, on sait qu’il favorise des canicules de plus en plus fréquentes. Et 2023 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée sur la planète.
Un décès sur 10 lié à la chaleur lors des canicules
Pour quelles conséquences en matière de santé ? Selon les estimations de l’agence de santé publique, 5 167 décès étaient attribuables l’été dernier à la chaleur, soit trois morts sur 100. Si l’on se concentre sur les seules canicules – des périodes de chaleur intense qui perdurent au moins trois jours – un mort sur dix était attribuable à la chaleur, soit environ 1 500 décès.
Les chiffres de 2023 sont dans la fourchette haute des dernières années, y compris en regardant tout l’été. Certes, on est loin des 15 000 morts attribués à la canicule violente de 2003, qui avait agi comme un électrochoc et débouché sur un système d’alerte – le plan canicule – créé en France dès l’année suivante.
Mais les étés dangereux s’enchaînent. Déjà lors de l’été 2022, quelque 7 000 morts étaient liés à la chaleur, même s’il est difficile de distinguer le rôle joué par une épidémie de Covid encore assez active. « On est dans un contexte de changement climatique, ces expositions à la chaleur auront tendance à augmenter avec le temps », a souligné Sébastien Denys, qui chapeaute les questions liées à l’environnement chez SpF.
Les plus âgés, mais pas que
Les plus âgés sont, comme toujours, les premiers menacés par la chaleur. Sur les quelque 5 000 décès attribués à celle-ci l’été dernier, environ 3 700 concernaient les plus de 75 ans. Mais, en creux, cela témoigne aussi d’une mortalité conséquente au sein du reste de la population.
Plusieurs facteurs contribuent à la vulnérabilité des moins âgés : un logement mal isolé, la pratique d’un sport sans tenir compte de la chaleur intense et, surtout, des conditions de travail trop exposées, comme par exemple sur les chantiers.
L’été dernier, une dizaine de décès au travail sont considérés comme potentiellement liés à la chaleur, à la suite d’un recensement par l’inspection du travail. Mais il s’agit probablement d’une « sous-estimation », a prévenu Guillaume Boulanger, chercheur à Santé publique France, expliquant par exemple qu’un décès peut avoir lieu plusieurs jours après l’exposition à la chaleur et, ainsi, passer entre les mailles du recensement. « On a du mal (…) à mesurer le fardeau global lié à l’exposition à la chaleur sur le lieu de travail », a-t-il regretté.
(Avec AFP)
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