Prix de l’électricité : entre EDF et l’État, la tension monte

Par Gaëlle Coudert , le 27 septembre 2023 - 3 minutes de lecture
Luc Rémont, PDG d'EDF

Luc Rémont, PDG d’EDF, Credit : Romuald Meigneux/SIPA

L’État et EDF ont des difficultés à trouver un terrain d’entente sur la fixation des prix de l’électricité à compter de 2026.

La future régulation des prix d’EDF devrait entrer en vigueur en 2026. Pour rappel, le dispositif de l’ARENH, dont nous avions parlé dans un précédent article, qui prévoit depuis 2011 un prix fixe à 42 euros/MWh pour une partie de la production des centrales nucléaires d’EDF, va prendre fin le 31 décembre 2025. Ce système, qui avait été mis en place pour permettre la libre concurrence sur le marché de l’électricité, était très critiqué par EDF, en difficulté financière depuis plusieurs années, et qui espère profiter de la fin de cette règlementation pour fixer ses prix plus librement. 

« Conserver les prix les plus bas »

Sur cette question de fixation du prix de l’électricité, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher a annoncé mardi 26 septembre que d’ici la fin de l’année, un « dispositif pérenne » permettant de « conserver parmi les prix les plus bas d’Europe de l’électricité » serait mis en place. La ministre a précisé qu’il s’agit aussi d’empêcher « l’envolée des prix qu’on a connu ces derniers mois, contenus par le dispositif d’urgence qu’est le bouclier. »

Emmanuel Macron avait aussi indiqué lundi 25 octobre que le gouvernement annoncerait en octobre des tarifs de l’électricité « compatibles » avec les exigences de « compétitivité » et qui donnent « de la visibilité à la fois aux ménages et aux industriels », grâce au parc nucléaire que possède la France.

Combler la dette

Le sujet crée des tensions entre l’État et EDF. L’État, actionnaire à 100 % d’EDF vise des prix au plus proches des coûts de production, tandis qu’EDF souhaiterait pouvoir fixer ses prix plus librement, grâce à des contrats sur les marchés avec de gros clients.

Des discussions sont en cours depuis plusieurs mois entre EDF et le gouvernement sur cette question. Dans ce contexte, l’État a demandé à la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) d’évaluer le coût de la production nucléaire. Les conclusions du rapport de la CRE ont été relayées par Contexte mardi 19 septembre. La CRE y estime un tarif autour de 60 euros/MWh sur les prochaines années, des chiffres bien en-deça des estimations d’EDF.

Selon les informations de BFM TV de la semaine dernière, les chiffres de ce rapport et sa publication ont attisé les tensions entre l’exécutif et EDF. Selon BFM TV, Luc Rémont, le PDG d’EDF serait sorti « furieux » du Conseil d’administration d’EDF, et aurait reproché à l’exécutif d’avoir dévoilé des informations confidentielles sur les coûts du nucléaire. 

Vendredi dernier, l’exécutif aurait donné deux semaines à EDF pour revenir vers le gouvernement avec une proposition tarifaire acceptable, selon le Figaro. Un sujet sous haute tension à suivre dans les prochaines semaines donc.

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Gaëlle Coudert

Ancienne avocate parisienne reconvertie en journaliste basée dans les Pyrénées-Atlantiques, Gaëlle s’est spécialisée sur les sujets liés à l'écologie. Elle a cofondé le magazine basque Horizon(s), a été rédactrice en chef d'ID, l’Info Durable et rédige aujourd’hui des articles pour divers médias engagés dont Deklic. Ses passions : le sport (surf, yoga, randonnée) et la musique (guitariste et chanteuse du groupe Txango)

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