Sanaga dessine l’écologie

Par Gaëlle Coudert , le 28 juillet 2023 — interview - 5 minutes de lecture
Portrait du dessinateur Sanaga, Crédit Juliette Quef

Portrait du dessinateur Sanaga, Crédit Juliette Quef

Vert, Reporterre, La Maison écologique, Sud Ouest, Le Monde… Julien Personeni, 40 ans, est dessinateur de presse depuis 5 ans pour plusieurs titres engagés, sous le nom de Sanaga ainsi que formateur à mi-temps. Il raconte comment le dessin a repris de la place dans son quotidien.

Depuis quand dessines-tu sous le nom de Sanaga ?

Sanaga, c’est un vieux projet étudiant au départ. Je faisais des BD plutôt autour de la musique et des concerts. Puis, j’ai commencé ma vie professionnelle et ce n’était plus du tout compatible en termes de temps avec ce que je faisais. Ça s’est arrêté, et j’ai repris quinze ans après, plutôt autour du dessin de presse. C’est la deuxième version de Sanaga et ça fait cinq ans.

Ton objectif, en reprenant le dessin, était de travailler avec la presse engagée ?

Je n’avais pas d’objectif si ce n’est de dessiner. J’étais déjà en colère à l’époque, je le suis un peu moins depuis que je dessine, c’est une forme d’exutoire. Je n’avais pas pour objectif de dessiner pour la presse au départ. L’objectif était de dessiner et de publier mes dessins sur les réseaux sociaux, de les montrer quand même. Puis de fil en aiguille, j’ai commencé à proposer mes dessins à des journaux engagés.

Les sujets autour de l’écologie te tiennent à cœur ?

L’idée de dessiner sans pression et pas pour des journaux, c’était de dessiner ce que j’avais envie de dessiner. Donc oui, ces sujets me tenaient à cœur. Et c’est une actualité qui est réelle et qui est là. On peut difficilement la nier. C’est pour ça que l’écologie est forcément présente dans les thèmes et les sujets que j’aborde. La source de ton dessin c’est quand même ce qui te met en colère, ce qui t’agace, ce qui t’énerve. Le fait de l’exprimer, de le partager et qu’il soit commenté sur les réseaux, c’est une manière de se rendre compte qu’on n’est pas tout seul. C’est un peu libératoire, même si ça ne résout pas tous les problèmes.

Le dessin est un vecteur fort, selon toi, pour faire passer des idées ?

Disons qu’en une seule image, on met quand même beaucoup d’informations. L’ensemble du visuel comme le texte qui l’accompagne peuvent amener quelque chose d’important. Quand un dessin illustre un article, je dis souvent que c’est à la fois l’apéro et le dessert. On le regarde au début et à la fin on le regarde de nouveau en se disant « tiens, je n’avais pas vu ça ».

Illustration Sanaga

Y a-t-il un dessin en particulier qui t’a marqué ?

Le premier qui me vient en tête avait été sélectionné pour un concours de dessin, le concours Presse citron. C’est un dessin que j’avais fait pour Vert au sujet de la COP, une mosaïque, avec un nombre de petits personnages, en copier-coller, où c’était écrit COP 1, COP 2, COP 3… avec un changement de couleurs progressif. Il y a un personnage qui dit « Il faut agir », et la COP 27, qui se déroulait à ce moment-là était entourée avec la mention « Vous êtes ici ». Ce dessin représentait une répétition de discours politiques, alors qu’il n’y avait pas eu d’évolution significative. Le visuel et le texte montrent que ça va se répéter, qu’il n’y a pas d’engagement politique et que ça va continuer à se répéter. Mais c’est plus clair en regardant le dessin ! Je l’aimais bien celui-là !

Illustration Sanaga

Comment es-tu devenu dessinateur ?

Je n’ai pas fait de formation mais j’ai toujours dessiné. Je dessinais dans les marges des cahiers quand j’étais enfant. Pour certains, ça s’arrête. Moi je n’ai jamais vraiment arrêté. J’ai mis le dessin un petit peu en sourdine parfois. Je dessinais surtout quand il fallait exprimer quelque chose. Si ça n’avait pas été par le dessin, je me serais sûrement exprimé autrement.

Tu as récemment lancé un projet de BD autour de la course à pied, « Run, run, run » ?

C’est un projet différent, c’est de la BD. Le dessin est intéressant pour plein de choses, toujours pour faire passer des messages. Au départ, je n’avais pas de projet d’édition en particulier, mais au départ je me suis dit tiens j’aimerais bien raconter tous les dimanches quelque chose autour de ma tentative de me mettre au sport et à la course-à-pied en particulier. J’ai fait plusieurs épisodes, puis j’ai continué jusqu’à ce que ça devienne un livre. Il va sortir en septembre 2023 normalement.

As-tu d’autres projets en cours ?

J’en ai 1000 ! Je vais continuer à dessiner pour les journaux pour lesquels je le fais, peut-être pour d’autres journaux, puis peut-être l’année prochaine repartir sur un nouveau projet de BD. Il y a plein de choses à faire !

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Gaëlle Coudert

Ancienne avocate parisienne reconvertie en journaliste basée dans les Pyrénées-Atlantiques, Gaëlle s’est spécialisée sur les sujets liés à l'écologie. Elle a cofondé le magazine basque Horizon(s), a été rédactrice en chef d'ID, l’Info Durable et rédige aujourd’hui des articles pour divers médias engagés dont Deklic. Ses passions : le sport (surf, yoga, randonnée) et la musique (guitariste et chanteuse du groupe Txango)

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