Tension sur les prix de l’électricité : le PDG d’EDF pourrait quitter le groupe
D’après le média Reuters, Luc Rémont, patron de l’entreprise française redevenue 100% publique en juin dernier, pourrait quitter le navire en pleine tempête. La raison : un désaccord prégnant entre EDF et le gouvernement quant au futur cadre régulatoire des prix de l’électricité.
Luc Rémont serait-il en train d’écrire sa lettre de démission ? C’est bien ce qui pourrait se passer, selon deux sources internes à EDF interrogées le mardi 24 octobre par Reuters, si l’Etat décidait de plafonner outre mesure les revenus du groupe. Pour une troisième source contactée par L’Usine Nouvelle en revanche, ce n’est « pas le genre de Luc Rémont de faire du chantage à la démission ».
Bras de fer avec le gouvernement
Si le doute plane, c’est que le bateau EDF prend l’eau et que M. Rémont n’est pas seul aux commandes. Alors que le mécanisme de l’Accès régulé à l’électricité nucléaire historique (Arenh) prend fin au 31 décembre 2025, l’actuel PDG plaide en faveur de contrats à long terme pour lui succéder et redresser l’entreprise en difficulté. Le gouvernement d’Emmanuel Macron quant à lui, veut maintenir des coûts compétitifs du parc nucléaire français pour protéger les ménages et les entreprises contre les risques d’envolée des prix de l’électricité. Une impasse ? Selon un cadre d’EDF en tout cas, la relation « n’a jamais été aussi tendue » entre le gouvernement et le groupe. Pour le moment, aucun des deux camps n’a souhaité commenter ces informations.
Une équation insolvable ?
Alors que la France négocie en ce moment-même la future réglementation des prix de l’électricité avec ses partenaires de l’Union européenne, le gouvernement ne peut pas se permettre de voir partir Luc Rémont, ont réagi d’autres sources. Mais selon le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, pas de quoi s’inquiéter. « Il n’y a pas de bras de fer entre l’État et EDF tout simplement parce qu’EDF est une entreprise publique et que nous travaillons en bonne intelligence avec des équipes d’EDF et que c’est à ces conditions-là que nous aurons un bon accord », a-t-il déclaré lors d’une conférence. La négociation en cours avec Luc Rémont vise à garantir un prix « stable et attractif pour les ménages », « un prix compétitif pour toutes les entreprises françaises, en particulier les électro-intensifs », ainsi qu’un « prix rentable pour EDF », a-t-il ajouté.
Une production historiquement basse
L’an dernier, la production tricolore d’électricité a dégringolé jusqu’à atteindre son niveau le plus bas depuis 30 ans. La cause ? Des déboires rencontrés sur le parc nucléaire d’EDF. Les centrales ont subi de nombreuses opérations de maintenance classiques agrémentées de quelques problèmes de corrosion. Résultat, l’énergéticien public s’est vu contraint de racheter des volumes sur les marchés de gros, au moment où la guerre en Ukraine faisait bondir les prix. Alors que l’entreprise a également pâti du bouclier tarifaire déployé par le gouvernement pour limiter la hausse des tarifs de l’électricité, elle a enregistré en 2022 une perte historique de 17,9 milliards d’euros, creusant son endettement à un niveau également record de 64,5 milliards d’euros en 2022.
Pour redresser la barre et répondre notamment aux besoins de maintenance de son parc nucléaire et de construction de nouveaux réacteurs en France, Luc Rémont estime qu’EDF doit renforcer ses investissements à hauteur de 25 milliards d’euros par an environ. « Il est indispensable que nous travaillions à un nouveau consensus national sur ce qu’est le prix de l’électricité […], sans quoi EDF ne sera pas en mesure de dégager les ressources qui sont nécessaires pour assurer sa propre continuité d’exploitation », a-t-il affirmé en juillet dernier. Et sans quoi, sans doute, il claquera la porte.
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