Traité contre la pollution plastique : les négociations reprennent à Ottawa

Par La rédaction de Deklic , le 23 avril 2024 - 4 minutes de lecture
Pollution plastique

Pollution de la plage par les déchets en plastique à Hossegor, le 20 avril 2024, Crédit photo : Nathalie Guironnet/Hans Lucas via AFP

Parvenir au premier traité mondial contre la pollution plastique : c’est le but des négociations internationales qui reprennent mardi 23 avril à Ottawa, au Canada, mais de nombreux points de désaccord restent encore à trancher.

L’objectif fixé en 2022 est de finaliser ce texte d’ici la fin de l’année pour lutter par des mesures concrètes contre la prolifération de déchets qui inondent la nature, du fond des océans au sommet des montagnes. Après la réunion d’Ottawa, il ne restera plus qu’une phase de négociations en Corée du Sud en fin d’année. La tâche qui attend les négociateurs s’annonce ardue car les pays sont divisés sur le degré d’ambition du traité.

Quelque 3500 personnes sont inscrites pour ce nouveau round de négociations, dont des lobbyistes, des scientifiques et des organisations environnementales. « Nous avons un texte, c’est une base même s’il reste beaucoup de travail à faire dessus », explique à l’AFP le ministre de l’Environnement canadien Steven Guilbeault. Selon lui, l’objectif est de « parvenir à avoir un texte avec 60 à 70 % des éléments validés » à la fin des discussions à Ottawa, le 29 avril.

« Océan sans plastique »

Steven Guilbeault se veut optimiste : dans une tribune publiée lundi avec son homologue espagnole Teresa Ribera, il estime qu’ « un océan sans plastique est possible » et que le futur traité « sera le plus important depuis la signature de l’Accord de Paris » sur le climat.

Reste que si les différentes parties se rejoignent sur la nécessité d’un traité, elles divergent sur le fond. Certains pays et les ONG environnementales plaident pour une forte réduction de la production plastique d’ici 2040. Mais des pays producteurs de pétrole et les lobbies de l’industrie militent davantage en faveur du recyclage.

L’enjeu est immense car le plastique, issu de la pétrochimie, est partout. Des microplastiques ont même été détectés dans le sang ou le lait maternel. Et la pollution plastique ne cesse de s’aggraver. Elle pourrait tripler d’ici à 2060 si rien n’est fait. Or, seulement 9 % des plastiques sont recyclés. 

Lors des négociations de Nairobi en novembre, le projet de traité est passé de 30 à 70 pages, certains pays ayant insisté pour inclure leurs objections aux mesures plus ambitieuses telles que les limites de production ou la réduction progressive.

Parmi eux, l’Arabie saoudite et d’autres membres de l’Opep, l’Organisation des pays exportateurs de pétroles. A l’opposé, les 65 membres de la « Coalition de la haute ambition », présidée par le Rwanda et la Norvège, et qui compte la majorité des pays de l’Union européenne, appuient des mesures plus ambitieuses. 

« Opportunité monumentale »

« Ce traité représente une opportunité monumentale », estime Neil Nathan de l’Université de Californie à Santa Barbara. « Des mesures juridiquement contraignantes sont nécessaires pour éviter un accord édulcoré qui ne répondrait pas aux besoins du moment », ajoute-t-il.

« Nous sommes à la croisée des chemins », estime Eirik Lindebjerg du WWF International. Ce dernier rappelle qu’une « écrasante majorité de pays a déjà appelé à l’adoption des règles mondiales contraignantes nécessaires – nos dirigeants doivent maintenant transformer ces appels en actions ». « Les négociations d’Ottawa nous diront s’il est possible ou non de parvenir à un accord d’ici à la fin de l’année », juge l’ONG Ocean conservancy.

De leur côté, les « industries mondiales du plastique et de la chimie soutiennent pleinement un accord juridiquement contraignant » assure à l’AFP Chris Jahn de l’International Council of Chemical Associations. Mais, dit-il, mettre l’accent sur le recyclage reste « le moyen le plus efficace d’y parvenir en minimisant les coûts environnementaux et économiques ».

La réunion d’Ottawa est la quatrième des cinq sessions d’un processus accéléré. Plusieurs organisations nord-américaines ont récemment appelé le président 

Joe Biden à s’engager davantage sur le sujet. Anja Brandon d’Ocean conservancy rappelle le rôle joué par la première puissance mondiale. « Les Etats-Unis sont le premier producteur de déchets plastiques au monde, à la fois par habitant et au total en volume ou en poids absolu ».

(Avec AFP)

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