Traité sur la pollution plastique : la France craint un parasitage par la géopolitique
Les tensions géopolitiques menacent de « parasiter » l’avancée des négociations internationales pour mettre fin à la pollution du plastique mais la France espère toujours un accord sur un texte contraignant à la fin de l’année, a-t-on indiqué mercredi de source française.
Le principe d’un traité juridiquement contraignant contre la pollution plastique a été arrêté en février 2022 à Nairobi. Pour maintenant décider de son contenu, une quatrième session de négociations (INC-4) doit se tenir du 23 au 29 avril 2024 à Ottawa au Canada, en vue de conclure les pourparlers à Busan en Corée du Sud du 25 novembre au 1er décembre 2024.
« Notre objectif, c’est évidemment de conclure la négociation de ce traité à l’occasion de cette cinquième session de négociation, pour avoir un accord à la fin de l’année 2024 et avoir une adoption formelle du traité avant la fin du premier semestre 2025 », indique-t-on dans l’entourage du ministre français de la Transition écologique, Christophe Béchu.
« Les négociations n’ont pas forcément avancé aussi rapidement qu’on l’aurait souhaité mais malgré tout, on a quand même un texte, avec toutes les options, qui nous permet de maintenir cette ambition d’atteindre ce calendrier », fait-on valoir.
Une première mouture du futur traité est en effet en négociation, avec encore de nombreux points à trancher sur le fond. Certains pays réclamant des mesures ambitieuses, notamment les 65 membres de la « Coalition de la haute ambition », présidée par le Rwanda et la Norvège, qui compte la majorité des pays de l’Union européenne.
Pays obstructeurs
De l’autre côté se trouvent des pays « un peu plus réfractaires » dont « un certain nombre de producteurs de produits pétroliers et de plastiques avec les pays du Golfe » mais aussi « la Russie, l’Inde », observe-t-on à Paris.
« Comme toute négociation internationale, elle est rendue plus complexe par la situation géopolitique », juge la même source, qui regrette une « obstruction » de la Russie. « Cette situation ne va pas être simplifiée par les événements récents et par la crise politique au Moyen-Orient », remarque cette source ministérielle, qui juge que l’Iran figure « au premier rang » des pays obstructeurs : « Tout ça nous donne un cocktail assez complexe d’un point de vue géopolitique, qui risque de parasiter l’avancement de cette négociation ».
La France espère de son côté obtenir à Ottawa un texte « beaucoup plus réduit » et « aussi plus politique », et obtenir « un mandat clair pour constituer des groupes de travail intersession » sur les différents sujets à trancher, notamment : la liste des produits plastiques problématiques et évitables, celle des polymères et des substances préoccupantes à interdire, avancer sur des critères d’écoconception et de mécanismes de mise en œuvre…
(Avec AFP)
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